Critique

Domiverse, claques au carré

© Haunted Tie
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

PARTY BRAWLER | Les bastons pixélisées de Domiverse ne se prennent pas au sérieux mais regorgent de subtilités. Un projet réussi pour les deux Wallons de Haunted Tie.

Existe-t-il une belgian touch dans le jeu vidéo? En floraison sous nos tropiques, l’industrie du gaming n’est bien sûr pas envahie de sorties noir-jaune-rouge. Mais une poignée d’exemples répondent tout de même par l’affirmative. Des zombies dévorant les années folles de Guns, Gore & Cannoli à la gestion post-apocalyptique et maritime de Flotsam (en chantier), le style graphique de l’école de Marcinelle s’offre une deuxième vie derrière les joypads. Coloriste freelance qui a notamment travaillé pour Casterman (Kaamelott) et Soleil (Kookaburra), Alexandre de la Serna a retenu l’option pixel art pour dessiner Domiverse. Une saucisse aux pouvoirs fantastiques, une étoile de mer championne de kung-fu… Ce jeu de baston qu’il a créé avec Gillian Sampont (au codage) trinque à la santé de l’absurde et du loufoque. Une tournée générale délicieusement belge.

Concocté pendant quatre ans, Domiverse tord les boyaux comme un party brawler. Oubliés les jeux de combat classiques comme Street Fighter. Ce genre gaming donne un rôle-clé aux environnements et se pratique souvent comme un jeu de plateforme. Super Smash Bros chez Nintendo a popularisé ce gameplay voué à des soirées canapé, entre amis. Towerfall, Gang Beast et Samurai Gun ont par la suite entretenu son aura sur la scène indé. Aujourd’hui, Domiverse reprend le flambeau. Et malgré une approche potache et WTF, le titre demande un sérieux apprentissage avant d’être maté.

Les dix combattants (dont deux secrets) du jeu wallono-bruxellois débordent ainsi de mouvements et de coups spéciaux d’une précision et d’une subtilité inversement proportionnelle à leur sérieux. Schluuuups, mini-saucisse TV, tend ainsi face à lui une sorte de sabre laser au dangereux effet de recul. WBT, son frère ennemi robotique, s’élève temporairement dans les airs avec un jetpack tandis qu’Ash se téléporte et peut apparaître face à l’adversaire pour le griffer.

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Bave et compagnie

Des participants plus entendus comme Nili et son pistolet complètent cette joyeuse ménagerie déglinguée. Face à Glomorf, une limace aux crachats paraboliques (qui rebondissent sur les parois), jouer avec le tir plus précis de ce personnage avantage et déséquilibre les forces en place. A priori du moins. Car le gastéropode se déplace sur les murs et aux plafonds pour facilement se planquer lors des joutes, jouables jusqu’à quatre. Bien choisir le théâtre des opérations permet donc d’affaiblir l’adversaire. Domiverse tire d’ailleurs au hasard parmi les arènes que chaque joueur a sélectionnées, juste avant le combat.

Des boutons activant des tirs muraux, des passages secrets dans des grottes en trompe-l’oeil, un sol qui s’édente de pics… Domiverse exige une maîtrise parfaite qu’il enseigne -heureusement- via des mini-jeux de plateforme solo étalés en dix niveaux et dédiés à chaque combattant. Visuellement très propre, détaillé et proche du Not a Hero de Roll7, son univers en pixel art se complète enfin de six petits comics détaillant la bio des lutteurs en place. Un réflexe BD? L’effet belge, sans doute.

Édité et développé par Haunted Tie, âge: 7+, disponible sur Mac, PC et Linux. ****

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