Critique

[Critique ciné] Split, horreur sur la personne

James McAvoy dans Split de M. Night Shyamalan © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

THRILLER | M. Night Shyamalan réussit un thriller captivant autour d’un kidnappeur aux personnalités multiples.

La scène d’ouverture, où trois jeunes filles sont kidnappées en plein jour, au beau milieu d’un parking fréquenté et alors que le père d’une d’entre elles est présent, est à couper le souffle. D’emblée, M. Night Shyamalan affirme avec une fabuleuse économie de style son désir de nous prendre à la gorge pour ne plus nous lâcher. He means business! Celui qui nous avait comblés avec The Sixth Sense, Unbreakable et Signs au tournant des années 90 et 2000 s’était parfois égaré depuis, même s’il y avait toujours quelque chose de fascinant dans ses films. Voici un peu moins de deux ans, l’inattendu The Visit avait démontré qu’avec des moyens très réduits, le cinéaste né en 1970 était encore capable du meilleur en matière d’angoisse, de menace, de suspense captivant. Split confirme avec éclat son retour au premier plan, sous la forme d’un thriller psy en huis clos d’une rare intensité. C’est donc l’histoire d’un kidnapping. Un trio d’adolescentes se retrouve enfermé dans une pièce au confort sommaire, soumis au pouvoir d’un type pour le moins inquiétant. Quelles sont les intentions de ce geôlier bizarre, qui annonce très vite à l’une des filles qu’elle « servira en premier« ? Sera-t-il question de sexe, de crime rituel, d’une autre issue innommable?

Neuf rôles en un

[Critique ciné] Split, horreur sur la personne

Souvent décrié pour une certaine candeur l’exposant au risque d’excès plus ou moins grotesques, Shyamalan a cette fois bétonné son scénario aux articulations particulièrement bien huilées. La barre était pourtant placée très haut, tant le thème des personnalités multiples exige une clarté d’écriture propre à éviter la confusion que le passage d’une personnalité à l’autre peut facilement entraîner. Brian De Palma (Raising Cain) et Martin Scorsese (Shutter Island) n’ont pas totalement su éviter le piège. David Fincher a mieux assuré dans Fight Club, mais il n’avait pas comme Shyamalan et son acteur vedette James McAvoy la bagatelle de… neuf personnalités différentes à intégrer! McAvoy est extraordinaire de brio dans le passage parfois instantané, à vue, d’un « personnage » à l’autre. Split confirme pleinement les ressources peu banales du jeune comédien écossais, déjà vu très à son affaire dans la saga X-Men et dans le plus intimiste Atonement, sans oublier le film qui le révéla: The Last King of Scotland. En accord avec Shyamalan, McAvoy a limité au strict nécessaire les accessoires vestimentaires ou maquillages pouvant singulariser chaque face du kidnappeur. Cette simplicité se marque aussi dans la réalisation, qui ne s’autorise que quelques effets spéciaux et en retarde très longtemps l’apparition. Pour mieux générer un final offrant à la suite plusieurs surprises de taille. Ouvrez bien les oreilles, fans de Shyamalan! La plus spectaculaire d’entre elles est annoncée dans la bande sonore…

DE M. NIGHT SHYAMALAN. AVEC JAMES MCAVOY, ANYA TAYLOR-JOY, BETTY BUCKLEY. 1H57. SORTIE: 22/02. ****

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