[Critique ciné] Nos batailles: beau film, vraiment
DRAME | Pour son deuxième long métrage, le Bruxellois Guillaume Senez atteint un niveau supérieur de vérité humaine.
Dans son deuxième long métrage, le réalisateur bruxellois Guillaume Senez, Magritte du meilleur premier film l’an dernier pour Keeper, raconte l’histoire d’Olivier (Romain Duris, assez parfait), 40 ans, marié, deux gamins. Contremaître dans une usine de la région lyonnaise, il y défend des idéaux, des valeurs. Mais du jour au lendemain, sa femme s’en va, le laissant jongler seul entre son engagement et ses enfants… On retrouve ici la même obsession de faire « vrai », de coller à une certaine idée du réel, que dans Keeper, mais avec davantage de substance et un regard plus affirmé. À rebours de la logique commode du champ-contrechamp, les plans sont souvent longs, accompagnent le personnage de Duris de manière fluide tout en conservant les petites maladresses, les hésitations, les imperfections de la vie. S’en dégage un sentiment fort de justesse, élevant le travail de Senez à un niveau supérieur de vérité humaine. Quand il orchestre une séquence-clé de Nos batailles autour d’une scie de variété française (Le Paradis blanc de Michel Berger), on pense évidemment au cinéma de Joachim Lafosse (Julien Clerc dans À perdre la raison, Maître Gims dans L’Économie du couple…), dont il ne possède pas l’ambiguïté, cultivant un sens du récit nettement plus policé -voir le titre très « balavoinien » du film. Mais l’écriture particulièrement aboutie du scénario, la subtilité de l’ensemble et l’émotion assez fulgurante de certaines scènes avec les enfants (le cartable, la pommade…) seraient plutôt du genre à reléguer ces quelques éventuelles réserves à l’arrière-plan. Beau film, vraiment.
De Guillaume Senez. Avec Romain Duris, Laure Calamy, Laetitia Dosch. 1h38. Sortie: 03/10.
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