Critique ciné: Interstellar, aventure spatiale de haut vol
SCIENCE-FICTION | Christopher Nolan s’aventure sur les pas d’une expédition tentant de trouver une planète habitable dans une autre galaxie. Entre action et apesanteur, un film impressionnant.
Christopher Nolan a su, de la trilogie Batman en Inception, s’assurer une position privilégiée dans le paysage hollywoodien, s’imposant comme le champion du blockbuster pouvant rapporter gros sans y sacrifier sa vision, pas plus d’ailleurs que l’intelligence du spectateur. Un statut enviable que devrait conforter aujourd’hui Interstellar, fresque ambitieuse qui voit le réalisateur britannique s’inviter sur le terrain de l’aventure astrale. Tout commence dans un nuage de poussière, alors que la Terre, déjà confrontée à la pénurie alimentaire, est promise à un désastre environnemental. Une perspective funeste que pourrait toutefois venir démentir la découverte d’un nouveau trou de ver dans l’espace-temps; faille vers laquelle va être envoyée une expédition spatiale, pour tenter de transcender les limites du voyage dans l’espace, afin d’identifier une planète habitable dans une autre galaxie. À charge pour Cooper (Matthew McConaughey, impavide) de mener l’équipage composé de chercheurs à bon port, mission hautement aléatoire pour laquelle il va devoir laisser sa famille derrière lui…
Cinéma total
Si l’on se gardera ici de se prononcer sur la validité scientifique de l’entreprise (inspirée notamment des travaux du physicien Kip Thorne), l’aventure humaine et cinématographique qui en découle se révèle aussi soufflante que passionnante. Nolan a toujours su tirer le meilleur parti des paradoxes temporels et des univers labyrinthiques, et Interstellar ne déroge certes pas à la règle -un peu comme si le réalisateur se livrait, avec sa maestria coutumière, et confronté cette fois au cosmos, à une déclinaison exponentielle de ce qui se trouvait déjà en germe dans Inception. Une aptitude qu’il relève, pour le coup, d’un sens aiguisé de l’action et du grand spectacle, des moments de dérive spatiale de toute beauté venant par ailleurs rythmer l’intrigue comme autant de plages contemplatives bienvenues.
Il en résulte, entre apesanteur et accélérations trépidantes, une expérience de cinéma total, immergeant le spectateur dans l’espace (on pense inévitablement à Gravity), tout en arpentant avec bonheur les couloirs du temps. Couplé à un imaginaire graphique que Christopher Nolan a toujours fécond même si désormais familier, le réalisme de certaines scènes achève de faire de Interstellar un objet impressionnant. Et s’il ne fait pas l’économie d’un certain sentimentalisme (le projet était, après tout, destiné à Spielberg, ceci expliquant peut-être cela), en particulier dans son exploration de la relation père-fille (Jessica Chastain, superbe), le film y trouve, par-delà les questions soulevées, une résonance sensible, en plus de dérouler sa mécanique imparable. Soit ce qui s’appelle une aventure spatiale de haut vol…
- DE CHRISTOPHER NOLAN. AVEC MATTHEW MCCONAUGHEY, ANNE HATHAWAY, JESSICA CHASTAIN. 2H49. SORTIE: 5/11.
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