[Critique ciné] Cuba: rouges années, oeuvre utile
DOCUMENTAIRE | Renaud Schaack propose un documentaire tentant de faire la part des choses et battant en brèche quelques idées reçues.
Les avis sur Cuba et sa révolution manquent si souvent de nuances qu’on en est presque toujours réduit à voir s’opposer thuriféraires inconditionnels et critiques impitoyables. Comme si la réalité ne pouvait qu’être une et univoque, comme s’il n’y avait aucune marge entre le paradis communiste et l’enfer totalitaire… Renaud Schaack fait donc oeuvre utile avec Cuba, rouges années, un documentaire tentant de faire la part des choses et battant en brèche quelques idées reçues. Notamment et surtout quand il vient rappeler qu’avant de s’inscrire puis de retourner dans l’orbite soviétique, avant aussi de se raidir idéologiquement et de réprimer à tout-va, le régime issu du renversement du tyran Batista a tenté de tracer une voie originale, alimentant une utopie socialiste insoumise aux grands blocs et à l’affrontement Est-Ouest. Le film replonge dans ces années 1963- 1970 où, fâchée avec Moscou, La Havane porta la flamme révolutionnaire sur le continent latino-américain et même au-delà. Tout en voyant une grande effervescence politique mais aussi culturelle s’emparer de ses rues. Il ne masque pas pour autant les dérives qui figèrent ce mouvement, des purges aux censures et à la limitation des libertés en matière d’expression mais aussi de sexualité. Entre la montée des espoirs de changement, les acquis indéniables puis les errances (économiques, surtout, mais aussi politiques), Cuba, rouges années ne manque pas d’interroger aussi le présent. Ce n’est pas le moindre intérêt de ce documentaire propre à faire débat.
De Renaud Schaack. 1h23. Sortie: 08/11. ***(*)
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