
“ Je suis fière d’être la fille d’un des plus grands acteurs français. En moins de dix ans, tu as tourné 25 films qui ont marqué le cinéma. Avec ta carrière foudroyante à la James Dean, tu incarnes le mythe du génie fauché en pleine jeunesse. Mais ça, tu ne le sauras jamais puisque t’es mort à 35 ans.” Lola Dewaere ( Astrid et Raphaëlle) se demande qui était son père. Un mec qui bouffait la vie? Un type désespéré? Pour elle, il n’existe qu’à travers le souvenir des autres et des images qui bougent sur un écran. Alors, elle rassemble les pièces du puzzle. “ Partout où j’allais, j’avais l’impression d’être montrée du doigt. Parce que j’étais la fille d’un taré qui s’est suicidé” , avoue-t-elle. La gamine d’un homme qui s’est tiré une balle dans la bouche avec une carabine 22 Long Rifle offerte par Coluche.
Pourquoi s’est-il foutu en l’air? La drogue? Les doutes qui le rongeaient quotidiennement? La peur que tout s’arrête du jour au lendemain? Les rôles de paumé qui lui collaient à la peau? Ou bien cette enfance? Cette terrible enfance. Nourri par de nombreuses images d’archives, des extraits de films ( Les Valseuses, Coup de tête, Série noire…) et des interviews de Francis Huster, Brigitte Fossey, Bertrand Blier ou encore de son grand ami Jean-Jacques Annaud, Patrick Dewaere, mon héros raconte un acteur à succès qui s’est toute sa vie senti rejeté.
“ Ma mère, c’est vraiment une des choses les plus atroces qui puissent exister, explique-t-il lui-même au sujet de sa génitrice qui a voulu se suicider enceinte, avorter et lui a menti sur l’identité de son père biologique. Je crois qu’il y a une haine entre nous deux qui est quelque chose de rare. J’attends de voir le jour où elle va mourir si ça va me faire quelque chose. C’est marrant. J’ai pas l’impression.”
Patrick a subi des attouchements sexuels et des viols à répétition. Il a enduré des actes monstrueux qui l’ont bousillé à jamais, proie d’un pédophile qui abusait régulièrement de lui. Il court les castings dès ses 4 ans, comme ses demi-frères, contraint et forcé. Les gosses exploités par leurs parents, la concurrence dans la famille… Le documentaire d’Alexandre Moix ne raconte pas que les blessures, le comédien torturé et l’héroïne qui lui tombe dessus. Elle dépeint le type drôle et fragile, le grand poète acteur, le libre et l’insoumis. Puis le Café de la Gare, la plus belle période de sa vie, et le rire qui lui permet de s’extraire des souffrances. Un portrait intime et déchirant.
Patrick Dewaere, mon héros
Documentaire d’Alexandre Moix.
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