
Elle est née à Bruxelles et a grandi à Schaerbeek. Elle a vécu dans un espace qui servait à la fois de chambre et de salon, pas du tout chauffé. Cinq enfants et les parents. Des hivers rudes. Quand Kenza Isnasni et sa famille trouvent enfin un logement spacieux, décent, rue Vanderlinden, ils réalisent rapidement que ce ne sera pas la maison du bonheur dont ils rêvaient. Vous vous souvenez sans doute du drame. Le 7 mai 2002, au lendemain de la défaite de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle française, un militant d’extrême droite, Hendrik Vyt, s’en prend de manière horrible au milieu de la nuit à ses voisins d’origine marocaine. Âgé de 80 ans, il tue par balles Ahmed et Habiba, les parents de Kenza, et blesse grièvement deux des enfants. Vyt n’est pas un inconnu des autorités. Il vit comme un ours, émarge au CPAS, tient un discours violent face aux étrangers et apparaît dans un reportage de la RTBF avec des propos menaçants. Les Isnasni ont déjà manifesté leurs craintes. Son contrat de location en plus a déjà pris fin. Les images d’époque du JT montrent la rue qui ne désemplit pas, partagée entre tristesse et colère. Alors que Kenza se souvient des insultes racistes, lit les témoignages de ses frères, de policiers et inaugure la Habiba-Ahmed Foundation, Safia Kessas revient sur ce qui n’est pas le fruit de la folie ou du hasard mais bien d’un contexte. Celui d’une commune qui a connu le racisme au pouvoir avec le bourgmestre Roger Nols et le commissaire Johan Demol. Un documentaire saisissant et nécessaire.
Documentaire de Safia Kessas.
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