Bioshock: Infinite, brouillon à l’infini
FPS | Bioshock: Infinite monte au ciel et descend dans les tréfonds de l’âme, pour parler racisme et fanatisme religieux. Mais son gameplay FPS a perdu la foi.
ÉDITÉ PAR 2K GAMES ET DÉVELOPPÉ PAR IRRATIONAL GAMES, ÂGE: 18+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 3 ET XBOX 360.
Derrière Bioshock, il y a d’abord les créateurs de System Shock. L’esprit de ce FPS qui s’inspirait brillamment du monde des jeux de rôle en 1994 habitait donc les deux volets de cette contre-utopie fascinante et immergée par les eaux. Trois ans après un deuxième opus décevant (qu’il n’avait pas développé), Irrational Games reprend en mains sa créature steampunk. A l’image de Comstock, prophète barbu régissant la cité volante de Columbia, le titre a toutefois suscité trop d’espérances chez ses fans. Jusqu’à motiver des cosplay assez vains, plusieurs mois avant la sortie du jeu.
Difficile toutefois de blâmer cette foi aveugle. L’identité de Bioshock: Infinite fait en effet preuve d’une force inédite dans le monde du jeu vidéo triple A. Habituellement évités avec soin par ce secteur, des sujets comme le racisme, l’esclavage ou le fanatisme religieux y sont brossés. Avec cruauté. D’une campagne de propagande ventant les avantages d’être un esclave à un lynchage public sur un couple interracial (auquel on participe ou non), Irrational Games développe avec plaisir les étranges lubies des habitants de Columbia, trop longtemps restés en autarcie.
La révolte latente, l’univers parallèle inattendu, la relation qu’entretient le joueur avec Elizabeth (jeune femme phénomène qu’il est venu délivrer)… La trame narrative reste très entendue et prévisible. Dommage car la plongée dans Infinite donne l’impression de visiter Disneyland avec Vernes et Orwell.
Péril jaune
Le scénario du jeu est d’ailleurs totalement orienté par un level design impliquant des objectifs en gigogne. Pour s’échapper de Columbia avec Elizabeth, il faudra ainsi récupérer un dirigeable « emprunté » par des révolutionnaires. Le tout en allant chercher les armes qu’ils demandent. Ces dernières sont toutefois fabriquées par un Chinois qui une fois retrouvé, devra récupérer des outils pour commencer à travailler.
Désespérant à jouer, ce long passage WTF n’est pas le seul à explorer le côté paranormal d’Infinite. Télékinésie (pour soulever des ennemis), électrocution, corbeaux maléfiques et possession (la plus intéressante) défilent ainsi entre les mains du joueur. Ces artefacts ne sont pas utilisables à l’infini et les développeurs les équilibrent bien. Reste que ce gimmick recyclant des pouvoirs paranormaux (plus finauds) de Dishonored n’apporte aucune saveur particulière au titre.
Ces joutes prévisibles peuplées d’ennemis à l’I.A. procédurière ne relèvent en outre pas la linéarité scriptée et très Call of Duty du FPS céleste. Le joueur a beau se déplacer sur un monorail spectaculaire à l’aide d’un grappin, rien n’y fait. Pas même la possibilité d’employer ce moyen de transport rapide pour prendre l’avantage lors des combats. En mode normal, Infinite prémâche d’ailleurs le travail du joueur. Les munitions qu’Elizabeth lance au joueur coulent ainsi à foison tandis qu’on passe son temps à marteler le bouton de ramassage d’items lorsqu’on passe près des cadavres. Un détail, à l’image du gameplay répétitif de Bioshock: Infinite.
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