Banksy s’expose à Londres… malgré lui
L’artiste le plus célèbre -et le plus anonyme- du street art fait l’objet d’une exposition-vente inédite chez Sotheby’s à Londres… sans son autorisation!
The Unauthorised Retrospective, c’est le nom donné à l’exposition rétrospective de l’insaisissable Banksy, qui se tient à la Galerie S|2 de Sotheby’s à Londres. « [Il] est au courant de l’exposition et ça ne lui fait pas vraiment plaisir », explique le commissaire de l’exposition et ancien agent de Banksy, Steve Lazarides. L’ayant suivi depuis ses débuts dans les années 1990 jusqu’en 2008, Lazarides connaît donc bien l’artiste et savait que ce dernier n’apprécierait pas de voir ses oeuvres exposées en galerie, lui qui n’aime guère l’emballement financier que suscitent ses oeuvres. On se souvient encore qu’au mois d’octobre à New York, l’artiste avait installé incognito un stand de ses oeuvres qu’il vendait pour la modique somme de 60 dollars! (Alors que ses toiles sont estimées à plus de 20.000 euros…) Du Banksy tout craché. En organisant cette exposition non-autorisée chez Sotheby’s, Lazarides ne pense pas trahir l’artiste pour autant. « La plupart de ce qui est présenté ici a été créé à des fins commerciales », affirme-t-il. « Les oeuvres faisaient toutes parties d’expositions précédentes et étaient destinées à être vendues. »
Il s’agit donc d’une « exposition-vente » dont les grands bénéficiaires seront les propriétaires des oeuvres mises en vente ainsi que la galerie qui les expose, dont les murs pour l’occasion ont été repeints à la bombe. La galerie S|2 est rattachée à Sotheby’s qui en 2004 a été la première maison de vente aux enchères à accueillir les oeuvres de Banksy. The Unauthorised Retrospective présente plus de 70 pièces authentiques comprenant peintures, sculptures ainsi qu’oeuvres sur papier, datant des années 1990 à 2009. Si la plupart des oeuvres exposées sont donc connues, une demi-douzaine n’ont cependant jamais été présentées au public, comme cette toile, Burger King (2006), représentant un enfant famélique accroupi devant un bol vide et portant une couronne dorée sur laquelle est imprimé le logo du fast-food. D’autres oeuvres n’ont été exposées qu’une fois, comme celle du rat encadré, Banksus Militus Vandalus, surmonté de la mention « our time will come » (« notre heure viendra »), qui avait été exposée illégalement en 2004 sur les murs du Musée d’histoire naturelle de Londres.
Du reste, les oeuvres seront revendues entre 5.000 et 615.000 euros. Une sacrée fortune quand on sait qu’à ses débuts, les oeuvres de Banksy se vendaient entre 60 et 120 euros. « Nous avons passé près de 15 ans à essayer d’être pris au sérieux par la scène artistique », explique Lazarides, estimant que cette rétrospective constitue « une sorte de reconnaissance ». Par ailleurs, il affirme que le public y trouvera aussi son compte, cette exposition étant la plus importante organisée jusqu’à présent sur Banksy. Une précédente exposition, initiée par l’artiste cette fois, Barely Legal (« pas vraiment légal), avait attiré entre 40.000 et 50.000 visiteurs en trois jours. Lazarides espère donc bien dépasser ce chiffre avec The Unauthorised Retrospective, visible jusqu’au 25 juillet.
- Banksy: The Unauthorised Retrospective, Galerie S|2 de Sotheby’s, Londres, du 11 juin au 25 juillet 2014.
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