Aya de Yopougon
ANIMATION | En 2006, Angoulême décernait fort généreusement son Prix Révélation au premier volume d’Aya de Yopougon, série BD qui en compte désormais six (dans la collection Bayou de Sfar, chez Gallimard) et s’attache au quotidien de la sage Aya et de ses deux amies, Adjoua et Bintou, gazelles essentiellement préoccupées à faire la bringue dans le maquis et dont les perspectives d’avenir se limitent peu ou prou à l’éternelle série C -Coiffure, Couture, Chasse au mari…- à Yopougon, quartier populaire d’Abidjan, à la fin des années 70.
Une espèce de sous-Persepolis ivoirien où, à l’instar de Marjane Satrapi, Marguerite Abouet, épaulée graphiquement par Clément Oubrerie, fouille ses souvenirs d’enfance, tout en s’en tenant essentiellement à une dimension anecdotique, alignant les vignettes dont la savoureuse couleur locale -argot abidjanais, dictons improbables, culture de l’embrouille, hypocrisie des moeurs patriarcales…- semble devoir se suffire à elle-même. A mille lieues de la verve formelle, des fulgurances intimes et de la charge engagée de Satrapi, donc. Comme cette dernière avant eux, le tandem Abouet-Oubrerie n’en adapte pas moins aujourd’hui l’affaire au cinéma. Le problème de ce long métrage, à l’animation assez figée, pour ne pas dire rudimentaire, étant de transposer quasiment tels quels les deux premiers tomes de la série. D’où un manque de rythme patent, malgré les bons mots qui fusent de-ci de-là. La seule véritable bonne idée consistant à émailler le film d’authentiques publicités africaines d’époque. Sur grand écran comme en albums: gentiment sympathique, à défaut d’être inoubliable.
- Film d’animation de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie. Avec les voix d’Aïssa Maïga, Eriq Ebouaney, Tatiana Rojo. 1h24. Sortie: 02/10.
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