Alma, une enfant de la violence
Web-documentaire à la fois sobre et pesant, ce film nous plonge dans l’univers (vraiment) impitoyable des gangs au Guatemala.
DOCUMENTAIRE DE MIQUEL DEWEVER-PLANA, ISABELLE FOUGÈRE ET RUBEN KORENFELD. 2012. ****
Ce jeudi 1er novembre à 23h20 sur Arte.
Si vous vous asseyez dans votre joli canapé en pensant que Alma, une enfant de la violence sera votre dose d’adrénaline quotidienne -avec pêle-mêle armes à feu, explosions, sexe et courses poursuites-, vous faites fausse route! C’est bien d’un web-documentaire à la fois sobre et pesant dont il est question. Alma, 26 ans, dont cinq en tant que membre actif d’un des plus violents gang du Guatemala, raconte ici, d’une voix qui parfois vacille, les actes qui ont dicté son quotidien durant plusieurs années. D’une violence rare, forcément: rackets, séquestrations, meurtres, viols… Mais le malaise est plus global. Les chiffres sont éloquents: 18 meurtres sont enregistrés chaque jour au Guatemala, 98% finiront classés sans suite. A l’heure qu’il est, plus de 20.000 jeunes appartiennent aux Maras, des gangs ultra-violents qui sévissent dans les quartiers défavorisés et reproduisent les actes appris dans les ghettos de Los Angeles où ils séjournaient clandestinement. Il faut dire qu’au Guatemala, comme à peu près tous les pays au bord du gouffre, l’innovation technologique, le développement de la mixité sociale et l’égalité des logements sociaux ne sont qu’utopie.
Alma, une enfant de la violence est donc avant tout un documentaire sur les dessous de la guerre des gangs guatémaltèques -dont Barrio 18 et Mara Salvatrucha en sont les principales figures- où corruption et oppression ne cessent de se croiser et de se faire écho. Outre cette autopsie de la violence, c’est aussi un reportage sur une femme en quête de rédemption et de rachat. En pleine reconquête de soi dans un pays où 49 % de la population survit dans les bidonvilles (sur 3,2 millions d’habitants, tout de même), la jeune femme, condamnée à mort par ses anciens frères d’armes pour trahison, livre ici un témoignage bouleversant, seule face à la caméra, avec un fond noir pour seul décor. Un noir dont on ne sait s’il menace de l’engloutir ou s’il la protège du monde extérieur.
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