Critique

[À la télé ce soir] Yé-Yé Révolution, 68 avant l’heure

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Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Johnny, Sheila, Dick Rivers, Sylvie Vartan, Françoise Hardy… au début des années 60, une génération de chanteurs tout imprégnés de la vague rock’n’roll d’outre-Atlantique débarque en France. Jusqu’alors étouffée par les adultes, la jeunesse s’émancipe à travers cette musique et ses idôles.

Été oblige, 2010 oblige, Summer of the 60’s ou que sais-je oblige, la télévision nous bassine depuis quelques semaines avec la mouvance Yé-yé, celle de Sheila, Sylvie et autre Cloclo. Mais également de la sublime Françoise Hardy. A y regarder de plus près, comme le fait cet efficace documentaire signé Didier Varrod et Michel Royer, on se rend compte que l’aspect cucul et minaudant des sautillants chanteurs de l’époque masque une réalité sociétale bien plus profonde, celle d’une révolution douce sur laquelle 68 va pouvoir s’appuyer.

Le début des années 60, c’est la fin du gaullisme tout puissant, de l’adulte omnipotent qui ne laisse que des restes de vie aux enfants et aux ados. Ces derniers prennent leur destin musical en main, en écoutant chanter des garçons et des filles de leur âge, en idolâtrant les « copains », en enflammant des concerts où les artistes, influencés par le rock d’outre-Atlantique, sont obligés de pomper honteusement dans un répertoire américain grossièrement traduit. Il faudra attendre quelques années pour que les textes prennent de la consistance, mais les Yé-yé, expression inventée par l’indispensable Edgard Morin, sont parvenus à mettre le pied adolescent dans la porte de la société.

Face caméra pour les habitués du genre, Dick Rivers et Jean-Marie Périer en tête, le film met les archives en perspective et résume plutôt bien l’esprit d’une époque.

Documentaire de Didier Varrod et Michel Royer.

Ce samedi 27 août à 22h20 sur Arte.

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