À la télé ce soir: Louis XIV, roi des arts

Ambitieuse entreprise qu’un documentaire établissant les liens entre un personnage mort il y a trois siècles et l’art de son époque. Surtout sur une heure et demie.

Il n’est en effet pas plus facile d’aller piocher les images d’archives dont se nourrit bien souvent le genre documentaire que de faire vivre à l’écran les oeuvres d’art de l’époque… Priscilla Pizzato se sort assez joliment de l’ornière, en rythmant son film avec des mises en mouvements de tableaux de maître, des images assez belles des plantureux vestiges de l’époque (Versailles, en particulier), des extraits de représentations actuelles (ballets, pièces de théâtre, morceaux de musique…) et des petits bouts de films. Il faut dire que la vie de Louis XIV et son interminable règne, de 1643 à 1715, ont fait l’objet de diverses représentations cinématographiques, frontalement ou par la bande (on pense à Saint-Cyr, par exemple, avec Isabelle Huppert). L’intérêt du film réside évidemment dans le développement des arts auquel a contribué le Roi Soleil. Danseur émérite, figure centrale de différents ballets pendant deux décennies, celui qui a été élevé par Mazarin va accompagner les plus grandes figures artistiques du XVIIe siècle. Appuyé également sur des éclairages d’historiens, de chorégraphes ou de chefs d’orchestre, le film retrace ainsi sa relation avec Lully, Racine, Molière ou encore Le Nôtre. Mais il évoque aussi, et forcément, l’érection du Château de Versailles, explosive réaction du jeune roi au spectacle offert en son honneur par Fouquet: bien mal inspiré, le superintendant paiera de sa liberté l’outrecuidance d’avoir voulu impressionner Louis XIV avec tant de fastes – c’est du moins la thèse développée ici. Politique, histoire et histoire de l’art se mêlent donc dans ce documentaire futé et bien ficelé, qui s’aventure dans un siècle suffisamment riche en personnalités marquantes pour intéresser de bout en bout.