[À la télé ce soir] Goodbye Britain

Should I stay or should I go? Le célèbre anthem des Clash ouvre malicieusement le documentaire de Don Kent, cette question s’appliquant parfaitement à l’enjeu du Brexit.

Le 23 juin prochain, les Anglais décideront en effet s’ils restent au dîner européen ou s’ils prennent leur manteau pour quitter l’arène continentale. Don Kent, Britannique expatrié en France depuis plusieurs décennies, le montre de manière assez éloquente: sa patrie de naissance s’interroge depuis des lustres sur son rapport à l’Europe, le problème ne date pas d’aujourd’hui. Convoquant de nombreux témoins (qu’ils soient issus du monde politique, économique, académique ou culturel) et des archives assez riches, Kent dresse un portrait de cet amour-haine qu’entretient depuis toujours la Grande-Bretagne avec ses voisins européens. Bien sûr, il y a des dates-clés: le traité de Rome en 1957 et tous ceux qui vont suivre. Ils sont évoqués, d’une manière ou d’une autre, et l’on parle aussi de Churchill ou du général de Gaulle, qui par deux fois aura fait opposition de son grand corps pour que la Grande-Bretagne n’accède pas au marché commun. Mais Goodbye Britain évite avec pas mal de panache la reconstitution chronologique pure, pour se concentrer sur des touches plus vivantes et plus impressionnistes, revenant sans cesse dans le temps pour mieux repartir vers 2016. Il en résulte un puzzle assez passionnant, dans lequel les partisans et les pourfendeurs du Brexit viennent donner leurs arguments, avec plus ou moins de passion -certains Anglais s’en moquent assez royalement. La Grande-Bretagne prendra-t-elle la porte parce que sa population rejette l’immigration inhérente au marché libre européen? La question des réfugiés fera-t-elle la différence? Quelles sont les forces politiques en présence dans le débat, sur quels aspects préfèrent-elles insister? Qu’est-ce qui fait, au fond, l’identité britannique? Don Kent donne le maximum de réponses possibles dans un film soigné et didactique, qui devrait, à tout le moins, permettre à ceux que la question du Brexit semble obscure d’y voir un peu plus clair. Et de se réveiller le 24 juin, quel que soit le résultat du référendum, avec de bien utiles clés de compréhension.