À la télé ce soir: Cheikh Zayed, une légende arabe
1966. L’émirat d’Abu Dhabi, sous protectorat britannique, n’est encore qu’un village de pêcheurs. Celui qui le dirige depuis 1928, le cheikh Chakhbout, est tourné vers le passé. Dans son ombre, un homme va faire basculer l’émirat dans un nouveau monde: son frère, le cheikh Zayed.
Que l’on aime ou non le style de Frédéric Mitterrand, il faut reconnaître à l’ancien ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy un véritable sens du récit. De sa voix reconnaissable entre toutes, le neveu de Dieu nous parle d’Arabie. Et plus exactement de ces petits émirats qui, au début des années 70, ont décidé de s’unir pour affronter ensemble la modernité. Sous un nom qui, aujourd’hui, évoque le faste et la prospérité: les Emirats arabes unis. A l’origine de cette dynamique, le cheikh Zayed, figure légendaire d’Abu Dhabi, fait l’objet de ce portrait détaillé.
« On connaît mal Zayed car l’arrogance et la négligence occidentales font que l’on s’intéresse peu à des personnages dont l’univers culturel est différent du nôtre », confie Frédéric Mitterrand dans un entretien accordé à Arte. De fait, le cheikh Zayed a tout de la personnalité historique de poids. Appelé à succéder à son frère, l’ultra-conservateur Chakhbout, qui n’avait aucune envie d’engager Abu Dhabi dans la modernité que ses ressources en pétrole lui promettaient, Zayed va tout changer. En s’appuyant sur l’or noir. Au tournant des années 60 et 70, la fin du protectorat anglais approche. Et les convoitises étrangères, celles de l’Arabie Saoudite, de l’Iran ou d’Oman, menacent l’indépendance de l’émirat. Visionnaire, Zayed va convaincre quelques-uns de ses voisins, Dubaï et Sharjah en tête, de s’unir pour ne former qu’un pays. Frédéric Mitterrand décortique les dynamiques complexes de cette union, la manière dont les tribus bédouines vont s’organiser politiquement, l’évolution des relations diplomatiques entre la nouvelle nation et le reste du monde, France en tête -Valery Giscard d’Estaing figure ainsi parmi les quelques rares témoins qui apportent leur éclairage à un documentaire rythmé majoritairement par la voix off de son auteur, combinée à de nombreuses images d’archives. Au final, Cheikh Zayed, une légende arabe s’affiche comme un essai éclairant, parfaitement maîtrisé, dans lequel Mitterrand ne s’accorde qu’un étonnant « petites putes marocaines dans les hôtels » en dehors des clous d’une narration globalement sage, mais passionnante, consacrée à un homme politique à part, pleuré par Jacques Chirac à sa mort en 2004.
DOCUMENTAIRE DE FRÉDÉRIC MITTERRAND.
Ce mardi 26 mai à 20h50 sur Arte.
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