Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Emoi au cube – Avec l’expo Triple Trouble, Alice Gallery joue les labos en donnant à voir trois artistes en pleine éclosion: 2Shy, Cream et So Me. Une trinité inédite et un projet pas banal.

A.L.I.C.E. Gallery, 182, rue Antoine Dansaert, à 1000 Bruxelles. Du 12/03 au 11/04.Des trois, c’est So Me que l’on connaît le mieux. Même si pour certains le nom n’évoque rien, on peut être sûr d’avoir déjà vu le travail du directeur artistique du label Ed Banger. Dubitatif? Le graphiste a signé les images – notamment les visuels des t-shirts qui s’animent – du clip D.A.N.C.E. pour Justice, soit l’un des tout gros cartons du genre. Dans la foulée, Kanye West a fait appel à lui pour Good Life. So Me a même travaillé sur Day’N’Nite (voir aussi le Focustube page 43) – redonnant au morceau une seconde vie – du rappeur Kid Cudi, dont l’album Man on the Moon: The Guardians sent le futur buzz à plein nez. Autant dire que l’homme a les yeux du monde entier braqué sur lui. Sauf que ces yeux-là ne sont pas forcément ceux du monde artistique qui aurait plutôt tendance à ne pas intégrer ce qui chemine loin des codes habituels. Bonne nouvelle, à l’initiative de la galeriste Alice van den Abeele, So Me va être exposé à Bruxelles avec deux amis d’enfance – ils ont graffé ensemble – qui partagent le même univers drôle et coloré, un pied dans la musique, l’autre dans l’illustration. A droite 2Shy, Français vivant à Liège se situant dans la mouvance du collectif ERS. A gauche, Cream, illustrateur liégeois £uvrant dans le sillage des crews créatifs tels que Pica Pica ou les Partyharders.

Un projet décalé

A l’image du très drôle flyer utilisé pour annoncer l’événement – un hommage déguisé aux jumelles Olsen qui pour l’occasion s’improvisent triplées -, Triple Trouble fait place à un concept déroutant. L’expo sera composée de prints – des sérigraphies en éditions limitées et impressions grand format sur aluminium – réalisés à partir de dessins composés à six mains. Chaque création aura circulé d’un graphiste à l’autre pour un résultat où l’apport de chacun prend la forme d’une intervention à coup d’ordinateur sur le travail des autres. Un peu à la manière d’un Disney d’antan, le premier se charge de tracer les contours, le second de remplir les couleurs et le troisième de l’encadrement. On louera le flair de la galerie qui joue ici les têtes chercheuses en prenant la création au bond. Loin des routines, Alice fait corps avec une réalité artistique qui oscille entre le graphisme, le marketing et la musique. Un monde dans lequel la palette graphique – qui remplace le pinceau – acquiert le statut de nouveau médium.

www.alicebxl.com

Michel Verlinden

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