PEINTURE ET CINÉMA ENTRETIENNENT DES RAPPORTS AUSSI ÉTROITS QUE SOUVENT FÉCONDS… ET PARFOIS SURPRENANTS.

Peu de disciplines artistiques ont autant dialogué que la peinture et le cinéma. A la création du cinématographe, ce n’est pas par hasard que l’on choisit de projeter les images sur un écran au format évoquant (par ses proportions relatives, sa diagonale) les dimensions d’une oeuvre picturale telle qu’en exposaient galeries et musées. Longtemps, quand on allait au cinéma, on allait « se faire une toile », selon une expression passée de mode mais assurément très évocatrice. Et si certains cinéastes considèrent l’écran comme une fenêtre ouverte sur le monde (des frères Lumière aux frères Dardenne en passant par les néo-réalistes et la Nouvelle Vague), l’autre tradition forte l’assimile à une toile de peintre (de Méliès à David Lynch en passant par Mizoguchi, Kubrick, Fellini ou Greenaway).

Les rapports du 7e art avec son aîné ont connu deux expressions majeures: les films prenant pour sujet la peinture ou -le plus souvent- les peintres, et ceux où des références picturales servent d’inspiration majeure. Tous deux sortis en salles ce 10 décembre, l’admirable Mr. Turner de Mike Leigh et le spectaculaire The Hobbit: The Battle of The Two Armies de Peter Jackson illustrent ces deux tendances, le premier l’approche personnalisée, biographique, et le second, les emprunts (entre autres) à Caspar David Friedrich, aux peintres symbolistes anglais et à Ted Nasmith.

Lumières

Lust For Life (1956),le film consacré à Van Gogh par Vincent Minnelli, avec Kirk Douglas dans le rôle de l’artiste tourmenté, reste un des plus flamboyants exemples de « biopic » sur un peintre. Bien différent, mais encore plus remarquable, fut le Van Gogh de Maurice Pialat (1991) avec Jacques Dutronc. Tim Roth ayant eu lui aussi l’occasion d’incarner le personnage dans Vincent & Theo (1990) de Robert Altman. Seul Rembrandt a suscité plus de films que Van Gogh, étant interprété notamment par le grand Charles Laughton (Rembrandt, Alexandre Korda, 1936), Klaus Maria Brandauer (Rembrandt, Charles Matton, 1999), et Martin « The Hobbit » Freeman (Nightwatching, Peter Greenaway, 2008). D’autres évocations de peintres brillent particulièrement, comme le Pollock de et avec Ed Harris (2000), Basquiat (Julian Schnabel (1996), Love Is The Devil sur Francis Bacon (John Maybury, 1998), Girl Wirh The Pearl Earring sur Vermeer (Peter Webber, 2003) ou Séraphine sur Séraphine Louis (Martin Provost, 2008).

Nettement plus rares sont les oeuvres abordant, hors documentaire, la peinture en elle-même, le geste créateur en soi. Victor Erice signa la plus belle avec Le Songe de la Lumière, en 1992 et avec la complicité du peintre Antonio Lopez Garcia. Innombrables sont, par contre, les films « sous influence » de peintres. Certains de manière sublime comme Paris, Texas de Wenders (Edward Hopper) ou L’Enigme de Kaspar Hauser d’Herzog (Caspar David Friedrich), sans oublier les emprunts faits à de Chirico par Antonioni, à Mantegna ou Millet par Sokourov, ainsi que ceux faits à… son père Auguste par Jean Renoir…

L.D.

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