De Kathryn Bigelow. Avec Jeremy Renner, Anthony Mackie, Brian Geraghty. 2 h 04. Sortie: 23/09.

Saisissante, à tout le moins, la première scène de The Hurt Locker de Kathryn Bigelow en donne aussi la mesure. Dans un environnement à l’évidence hostile, une poignée de G.I. s’époumonent. Le robot de service vient de débusquer une charge explosive, à charge pour les démineurs d’entrer en action, dans un mélange de tension, de peur et de fureur qui culminera lorsqu’un témoin, triturant son portable, refusera de se plier aux injonctions des militaires. La suite sera aussi soufflante que déstabilisante, à l’image d’un film faisant l’effet d’un uppercut balancé à la face du spectateur.

Regard inédit sur la guerre en Irak, The Hurt Locker adopte le point de vue d’une patrouille de démineurs américains plongés dans un enfer où le danger peut surgir de toutes parts. Avec le décompte des jours les séparant de la relève pour toile de fond, le film suit la compagnie Bravo et son chef, le sergent-chef James (Jeremy Renner), dans une succession d’opérations quotidiennes aussi risquées que dénuées de tout sens perceptible – cette guerre là semble vouée à se perpétuer, en effet, dans une logique échappant à la raison.

Brute, d’un réalisme frisant par moments l’insoutenable, l’expérience viscérale proposée par Bigelow traduit magistralement la confusion régnant en maîtresse absolue sur le terrain, non sans cerner parfaitement les dynamiques à l’£uvre parmi ce petit groupe d’hommes, concentrés, envers et contre tout, sur leur mission. Jusqu’à l’aliénation, d’ailleurs – une scène, sobre et poignante, suffit à la cinéaste pour restituer l’incapacité à réintégrer la vie civile. War Is a Drug, suggérait une inscription liminaire, constat auquel on ajoutera qu’elle apparaît, face à la caméra de Kathryn Bigelow, comme un concentré de folie absurde, au gré de laquelle sont ballotés ces individus. C’est dire si The Hurt Locker est un film aussi urgent qu’inconfortable, le genre dont l’on ressort d’autant plus secoué que la cinéaste, épousant le point de vue exclusif de ses protagonistes, ne fait rien pour dissiper une certaine ambiguïté.

www.thehurtlocker-movie.com

J.F. PL.

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