Une femme en jeu sur Netflix: quand un serial killer s’invitait (vraiment) sur le plateau du Tournez manège américain
Titre - Une femme en jeu
Réalisateur-trice - Anna Kendrick
Quand et où - Netflix
Casting - Anna Kendrick, Daniel Zovatto, Tony Hale
Durée - 1 h 35
Une femme en jeu, le premier film en tant que réalisatrice d’Anna Kendrick est un thriller inspiré de l’histoire vraie d’un serial killer.
Rodney Alcala, serial killer longtemps resté sous le radar de la police en cours des années 70, a laissé des dizaines de victimes dans son sillage, essentiellement des jeunes femmes. Derrière son allure de beau parleur incarnant la coolitude pop de la décennie se dissimulait une machine à tuer.
En 1978, Alcala est allé tester sa chance sur le plateau du Dating Game, jeu télévisé matrimonial ultra populaire (adapté en France sous le titre Tournez manège!). Dissimulé derrière une cloison, trois jeunes célibataires y tentent de séduire une jeune femme. Ce soir-là, c’est Cheryl Bradshaw, à qui Kendrick prête ses traits et sa fausse candeur, qui est engagée par l’émission pour émoustiller les concurrents, déclencher les rires sardoniques du public et, sans le savoir, devenir la prochaine cible potentielle du prédateur.
Kendrick n’épargne aucun détail kitsch dans sa reconstitution de l’émission culte: décor mélange de fleur bleue et de soft flower power, vêtements outrageusement vintage, coupes masculines en perruques choucroutées, sexisme ambiant décontracté et insouciant. Le contraste avec les scènes qui retracent les assassinats perpétrés par le serial killer Alcala, en flash-back, est glaçant, mais déforce le propos d’un film qui se perd dans une contextualisation à outrance et qui esthétise pratiquement la violence faite aux femmes. Certes, derrière la critique de la nostalgie carton-pâte, le film multiplie les points de vue -la belle-sœur de Cheryl, notamment, identifie clairement l’assassin derrière le sourire d’Alcala. Tous appuient l’idée d’une société sourde et aveugle aux violences faites aux femmes: autorités, police, médias, public. La décomposition du récit, qui évite toute linéarité jusqu’à l’arrestation du tueur, est intelligente sur le papier, mais matérialise laborieusement toute l’importance d’un sujet, qui aurait gagné en simplicité et en sobriété.
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