Pourquoi The Girlfriend, la série événement de Robin Wright, ne convainc pas complètement

The Girlfriend, un triangle amoureux chic et paranoïaque.
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Héroïne ambitieuse et manipulatrice de House of Cards révélée dans les années 1980 par Santa Barbara, Robin Wright est de retour aux séries avec The Girlfriend. Un thriller psychologique qui ne tient qu’en partie ses promesses.

The Girlfriendde Gabbie Asher et Naomi Sheldon

PRIME VIDEO
Thriller avec Robin Wright, Olivia Cooke, Laurie Davidson. 6 épisodes de 60 minutes.

La cote de Focus : 3,5/5

Daniel (Laurie Davidson) a beau avoir la vingtaine bien entamée, Laura (Robin Wright, aussi à la réalisation) est extrêmement proche de son fils. Lorsque l’étudiant en médecine lui présente sa nouvelle conquête, Cherry (Olivia Cooke), la mère ultraprotectrice, responsable d’une galerie londonienne huppée, ne le voit pas d’un très bon œil.

Adapté du roman La Petite Amie de Michelle Frances (productrice et scénariste de séries ayant notamment œuvré sur Shameless), The Girlfriend confronte une mère jalouse et soupçonneuse à une belle-fille cachotière et mystérieuse dans un triangle amoureux chic et paranoïaque. Un thriller intense et dérangé qui, de par son dispositif, oppose les points de vue et tient en haleine à défaut de se révéler d’une grande profondeur. Le tout avec de la très bonne musique (Kinks, PJ Harvey, Buzzcocks…) et une partie de jambes en l’air sur le Chaise Longue de Wet Leg. Secrets et mensonges à tous les étages…

Dans Le Congrès d’Ari Folman, long métrage mêlant animation et prises de vues réelles sorti en 2013, Robin Wright interprète… Robin Wright, une comédienne qui tombe peu à peu dans l’oubli et accepte d’être scannée afin que son double soit exploité par un studio de cinéma. Révélée à seulement 18 ans par la série Santa Barbara, la comédienne semble, à pratiquement 60 ans, plus épanouie que jamais. Elle est actuellement à l’affiche d’une série phare de la rentrée: The Girlfriend. Et plutôt deux fois qu’une puisqu’elle en est à la fois la réalisatrice et l’une des principales protagonistes. C’est elle qui a proposé ses services derrière la caméra quand Imaginarium Productions l’a appelée pour lui proposer de jouer dans ce thriller psychologique adapté d’un roman de Michelle Frances. Le combat sans merci de deux femmes pour le cœur d’un beau gosse.

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«C’est une histoire de triangle amoureux, déclarait il y a quelques semaines dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian l’actrice américaine, qui vit au Royaume-Uni depuis la fin du tournage. En d’autres circonstances, Cherry et Laura auraient été les meilleures amies du monde parce qu’elles se ressemblent.» Même si «leur amour pour ce jeune homme relève de deux domaines très différents». L’un est celui d’une petite amie fauchée. L’autre celui d’une mère ultrafriquée, particulièrement possessive et excessivement protectrice. «Qui sera assez bien pour mon enfant? C’est le genre de questionnement inhérent au fait d’être une mère. Est-elle juste paranoïaque à l’égard de cette petite amie? Ou est-ce cette petite amie qu’il ne faut pas croire?» Là réside tout le suspense de The Girlfriend et de son scénario sous tension qui flirte avec l’inceste et le complexe d’Œdipe.

«Qui sera assez bien pour mon enfant? C’est le genre de question inhérente au fait d’être une mère.»

Jusqu’au-boutiste…

Née le 8 avril 1966 à Dallas, fille de Fred Wright (un cadre de l’industrie pharmaceutique) et de Gayle Gaston (directrice commerciale chez Mary Kay, une marque de cosmétiques spécialisée dans les soins de la peau), Robin Wright a grandi à San Diego et a fait ses premiers pas de mannequin à 14 ans après avoir été repérée par un photographe dans une discothèque. Elle a ensuite foulé les podiums japonais et parisiens avant de commencer sa carrière d’actrice dans Santa Barbara.

De 1984 à 1988, elle interprète le rôle de Kelly Capwell, jolie blonde née d’un père milliardaire qui entretient une relation tumultueuse avec un fils d’ouvrier. La série lui permet de faire ses gammes, de trouver son premier mari et d’être nommée à trois reprises aux Emmys. La télévision lui servira de tremplin pour le cinéma. Robin Wright incarne une adolescente transformée par un gangster en junkie prostituée dans Hollywood Vice Squad. Puis celui de Bouton d’or dans Princess Bride, de Rob Reiner. Sur le tournage des Anges de la nuit, elle fait la connaissance de Sean Penn, avec qui elle formera jusqu’en 2010 l’un des couples les plus solides et discrets d’Hollywood.

Devenue Robin Wright Penn, l’actrice est Jenny, la meilleure amie de Tom Hanks dans Forrest Gump (1994), joue dans les deuxième et troisième films de son mari (Crossing Guard, The Pledge) et lui donne la réplique chez Nick Cassavetes (She’s So Lovely). Elle aurait pu enchaîner les projets si elle n’avait fait le choix d’être sélective et de devenir maman à plein temps. Sa première grossesse l’avait d’ailleurs obligée à faire une croix sur le rôle de Marianne dans le Robin des Bois de Kevin Reynolds.

Dans les années 2000, Robin donne le change à Bruce Willis (Incassable), Robert Redford (Le Dernier Château), Jude Law (Par effraction), Robert De Niro (Panique à Hollywood), Keanu Reeves (Les Vies privées de Pippa Lee) ou encore Brad Pitt (Le Stratège)… Mais c’est grâce au petit écran et à David Fincher (qui l’avait déjà dirigée dans Millenium, adaptation ciné des romans de Stieg Larsson) qu’elle effectue son vrai grand retour au premier plan.

En 2013, Robin Wright incarne Claire Underwood, épouse parfaite et sans scrupules d’un politicien manipulateur campé par Kevin Spacey dans le remake américain de la série House of Cards. Elle en deviendra même, lors de la sixième et dernière saison, la seule et unique héroïne.

… et militante

Intelligente, brillante, militante, Robin Wright n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Elle s’est débrouillée, par exemple, pour écrire son personnage avec les scénaristes, histoire de ne pas être que le bras armé de Frank Underwood.

Lorsqu’elle demande à être payée comme son homologue masculin, «on faisait le même travail, mon personnage était devenu aussi populaire que le sien», on lui rétorque que pour cela, il faut avoir gagné un Oscar. Les studios finissent par équilibrer les choses autrement. Ils lui permettent de réaliser quelques épisodes et font d’elle une productrice exécutive. Avec trois chèques à la clé.

Engagée? Après des années passées à militer à Washington contre la guerre au Congo et ses conséquences auprès des femmes qui y vivent, Robin Wright a lancé, avec son amie la designer Karen Fowler, une marque de vêtements de nuit à vocation sociale. Pour les femmes, ce n’est pas qu’une ligne de pyjamas, c’est un moyen détourné d’alerter les consciences, de soutenir les femmes aux quatre coins du monde. En partenariat avec plusieurs œuvres de bienfaisance, elle apprend la couture à celles qui vivent en zone de conflit et, grâce au microfinancement, les aide à démarrer leur propre affaire et à devenir indépendantes. Elle participe également à la construction d’établissements pour éduquer certaines des 130 millions de petites filles qui n’ont pas accès à l’école. Son prochain projet de film, Bingo, raconte l’histoire d’un jeune homme et d’une femme de 70 ans qui veulent se suicider, se rencontrent à l’hôpital et tombent amoureux. Une espèce d’Harold et Maude sans le côté sombre… Logique, dans le fond, pour quelqu’un qui dit «avoir vécu certains des plus beaux moments de sa vie à 50 ans passés».

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