Titre - The Full Monty
Réalisateur-trice - Une minisérie créée par Simon Beaufoy
Quand et où - Disponible sur Disney + à partir du 14/06.
Casting - Avec Robert Carlyle, Tom Wilkinson, Mark Addy.
Rhabillé en minisérie, The Full Monty lèche les plaies persistantes du déclassement, en alliant exhaustivité et douce humanité.
Vingt-cinq années ont passé depuis qu’une bande de chômeurs de Sheffield se sont réinventés en strip-teasers. En 1997, le film The Full Monty, archétype de comédie sociale britannique d’une décennie qui en était riche, se terminait sur une note d’espoir, de foi dans la solidarité pour contrer l’adversité, sous les vivas et les vapeurs de déconstruction masculine. À l’époque déjà durement frappée par la désindustrialisation et les politiques néolibérales des années 80, Sheffield et sa population prolétaire se sont aujourd’hui encore plus enfoncées dans la litanie des crises économiques. La première image de cette suite déclinée en minisérie en est un parfait symbole: le Millthorpe Working Men’s Club, où se sont produits Gaz (Robert Carlyle) et ses potes est désormais un bâtiment à l’abandon, bouffé par la végétation. Le lieu où des hommes se sont mis à poil littéralement parce que socialement, économiquement, ils étaient à poil, est en décrépitude.
La fragilité (intime, économique, sociale, politique) que les hommes ont tenté de recouvrir avec des lambeaux de fierté est encore plus appuyée dans cette suite portée une nouvelle fois par Simon Beaufoy (déjà scénariste du film). Alice Nutter (ex-musicienne du groupe punk Chumbawamba) s’est jointe à ce dernier pour porter la plume dans des plaies plus béantes, adaptées à la nouvelle génération. Enfants, filles, épouses et ex-épouses sont beaucoup plus présentes dans une série qui égrène les processus de domination laissant les plus faibles à leur sort: personnes souffrant de maladies mentales (dont un artiste graffeur schizophrène à l’imaginaire prodigieux), ados en voie de déscolarisation, services sociaux débordés, mères courage qui se rebiffent, classe ouvrière dispersée. Gaz vit dans une caravane et sa fille semble le suivre sur les chemins de traverse jalonnés de sales coups, de conneries monumentales et d’ennuis divers. Dave est devenu concierge de l’école et prend sous son aile le jeune Twiglet, petit gavroche à uniforme scolaire et lunettes, au grand dam de son épouse Jean qui, elle, a bien mis le pied à l’étrier de l’émancipation. Tous les autres membres du groupe ont vieilli, mentalement, physiquement, alors que la nouvelle génération se porte au devant des mêmes obstacles.
Dans un récit choral qui se concentre sur les défis et les déboires du quotidien, The Full Monty établit patiemment le catalogue des échecs nourris par un monde dérégulé. Les actrices et acteurs sont extrêmement touchants et profonds. Sur un rythme d’une lenteur lancinante, les motifs de résilience arrivent par petites touches, inoffensives d’abord, puis renversantes d’humanité.
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