Critique | Séries

On a vu «Pluribus», la nouvelle série du créateur de «Breaking Bad»

Dans Pluribus, Carol (Rhea Seehorn) est l’une des exclues du nouveau bonheur universel. © Apple TV

Avec Pluribus, Vince Gilligan, le créateur de Breaking Bad, se met à la science-fiction existentielle.

Pluribus

Disponible sur Apple TV

Une série de Vince Gilligan. Avec Rhea Seehorn, Miriam Shor, Karolina Wydra. 9 épisodes entre 45 et 60 minutes.

La cote de Focus: 3,5/5


Alors que le monde entier a les yeux rivés sur Netflix et HBO Max, qui sortent chacune leur grosse cartouche de fin d’année (respectivement le final de Stranger Things et le début de Welcome to Derry), Apple TV délivre avec une apparente discrétion Pluribus. Pourtant, le projet est loin d’être anecdotique: il s’agit de la nouvelle création de Vince Gilligan, à qui l’on doit notamment la série culte Breaking Bad et son merveilleux spin-off Better Call Saul

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L’histoire nous place aux côtés de Carol, écrivaine à succès mais dépressive, réputée pour ses romans de gare teintés de fantasy, qui va soudainement faire face à un événement fantastique à l’impact planétaire: «The Joining». À cause d’une formule chimique d’origine extraterrestre, tous les êtres humains de la planète se retrouvent soudainement liés les uns avec les autres. Ils partagent désormais les mêmes souvenirs, les mêmes expériences et donnent naissance à une unité collective incapable de blesser autrui. Une sorte de société utopique et ultra-empathique… de laquelle Carol est irrémédiablement exclue. En effet, elle, ainsi que douze autres personnes à travers le globe, se révèlent insensibles à la formule, et conservent leur individualité. Avec de telles prémices, il était évident que Pluribus allait creuser un sillage assez existentiel. Si le monde semble désormais plongé dans un bonheur ineffable, sans violence, sans douleur, Carol y voit au contraire la dissolution de la personnalité et de la spécificité de chacun… Ou peut-être sa dépression l’empêche-t-elle d’appréhender ce miracle comme quelque chose de positif? 

La série est à son meilleur lorsqu’elle creuse des thématiques, lorsqu’elle confronte son héroïne à ses doutes, ses idées préconçues et sa vision de la société. Un épisode semble dire que la Terre vit une nouvelle utopie et que Carol s’apprête à la détruire. L’épisode suivant détricote ce constat et donne raison aux craintes de Carol. Bref, Pluribus s’amuse à explorer les possibilités multiples de son concept vertigineux, toujours transcendé par la prestation puissante de Rhea Seehorn, aussi à l’aise dans la comédie –la situation occasionne son lot de moments absurdes truculents– que dans le drame. 

© Apple TV

Cependant, par son foisonnement de réflexions existentielles, voire métaphysiques, il est clair que Pluribus ne connaîtra pas le même triomphe que Breaking Bad. Sûr de sa mise en scène, effectivement virtuose, Gilligan fait parfois traîner son intrigue, qui semble d’ailleurs volontairement pauvre en enjeux dramatiques, l’essentiel se jouant dans l’évolution intérieure de Carol. En tout cas, qu’on l’adore ou qu’on la rejette, il est clair que Pluribus est une nouvelle étape audacieuse pour l’un des showrunners les plus talentueux de son époque.

Julien Del Percio

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