Critique | Séries

On a vu la saison 3 de Squid Game: une saison bourrée de mauvais choix

456, protagoniste de cette nouvelle saison de Squid Game, est pris dans une intrigue plus barbare que jamais.

Squid Game débarque enfin sur Netflix pour son grand final tant attendu. Mais cette saison, comme la précédente, était-elle vraiment nécessaire?

Squid Game (saison 3)

Disponible sur Netflix

Une série de Hwang Dong-hyuk. Avec Lee Jung-jae, Wi-Ha Joon, Lee Byung-hunMa. 6 épisodes entre 50 et 65 minutes.
La cote de Focus: 2/5


Célébrée pour son inventivité cruelle, son esthétique rose-bonbon à rebours des canons du genre et son nihilisme exacerbé, Squid Game a séduit le monde entier, devenant l’un des emblèmes du N rouge au même titre que Stranger Things. Et comme pour cette dernière, la plateforme de VOD n’a pas hésité à traire la franchise, lui adjoignant une deuxième et une troisième saison –découpage malhonnête, dans la mesure où il s’agit d’une histoire continue fragmentée en deux volées d’épisodes– ainsi qu’une téléréalité basée sur les fameuses épreuves de la série. Une exploitation très ironique pour une œuvre dont le propos originel, certes peu subtil, était tout de même tourné vers l’anticapitalisme. 

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Cette troisième saison démarre donc précisément où la seconde s’était stoppée: la rébellion menée par le joueur 456 a été violemment matée par les soldats, tandis que le policier Hwang Jun-ho écume toujours les mers à la recherche de l’île où se déroule le jeu. Un jeu qui reprend ses droits dès le premier épisode, annonçant la volonté de répéter (encore) la même formule.

La seconde saison avait déjà peu ou prou rejoué le même programme que la première avec des personnages plus extrêmes, mais son ultime épisode basé sur la révolte des joueurs avait néanmoins le mérite de rebattre les cartes. Pour la première fois dans Squid Game, la série semblait voir au-delà de sa misanthropie et dessinait une ébauche d’action collective. Dans ce dernier épisode, le récit ne s’attachait plus à décrire la veulerie, l’avidité, et la médiocrité humaine, mais amenait une certaine idée de l’entraide, certes violente, mais dont la rage était tournée en direction du capitalisme lui-même. Rien de tout ça dans cette saison 3: les épreuves et les participants se révèlent plus barbares que jamais.

Dès l’épisode 2, la série s’enfonce dans des abîmes de sadisme et prend un malin plaisir à faire systématiquement triompher le pire. Sans doute conscients qu’ils sont incapables de faire mieux, les scénaristes décident de faire plus, d’où une saison bourrée de mauvais choix, avançant avec la surenchère comme seul moteur. Tous les moyens sont bons pour garder le spectateur éveillé: faire s’entretuer une famille, inclure un nouveau-né dans les épreuves,  donner de l’ecstasy au personnage le plus timide, etc. Dans cette vaste fanfaronnade sanglante, même les héros se perdent. L’écriture de 456 semble réduite au minimum, tandis que le personnage du policier s’avère coincé dans une sous-intrigue qui fait du sur-place.

Assez détestable, cette conclusion laisse plus que jamais l’impression que les créateurs du show traitent les spectateurs comme ces horribles VIP qui viennent assister au jeu: des êtres avides et voyeuristes, jouissant de ce déluge de sang frais depuis un confortable sofa.

Julien Del Percio

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