Titre - Planet Cunk
Genre - Comédie
Réalisateur-trice - Une série créée par Charlie Brooker
Casting - Avec Diane Morgan
Charlie Brooker (Black Mirror) est de retour avec l’hilarante PlanèteCunk. Une série mockumentaire qui doit beaucoup à sa présentatrice.
On ne connaît pas trop Philomena Cunk, par ici. Elle est pourtant un personnage récurrent du P.A.B. (le paysage audiovisuel britannique, pardi), où elle sévit sur la sacro-sainte BBC. Avant de débarquer sur Netflix, Planète Cunk a d’ailleurs d’abord été diffusée sur BBC 2 (sous son nom original, Cunk on Earth). Après l’Histoire de l’Angleterre, la journaliste, que certains n’hésitent pas à qualifier de “débile”, s’attaque cette fois à la planète tout entière, pour retracer ni plus ni moins que l’Histoire de l’humanité! Pour ce faire, elle va parcourir notre vaste monde, et interroger quelques historiens et universitaires de renom. On dit “interroger”, mais Cunk s’autorise régulièrement quelques remarques, suggestions ou théories très personnelles… Ainsi, pour aborder l’Égypte ancienne avec une pointure de la discipline, elle demande pourquoi diable les pyramides sont pointues, et si ce ne serait pas tout bêtement pour éviter que “les sans-abri dorment dessus”. Avec un aplomb saisissant, elle affirme aussi que l’alunissage de Neil Armstrong et consorts fut particulièrement suivi, mais “seulement parce qu’il n’y avait rien d’autre d’intéressant à la télé à ce moment-là”…
Car, Philomena Cunk n’est pas une “vraie” journaliste: sous les ordres de Charlie Brooker, déjà à l’origine de l’illustre série anthologique Black Mirror, c’est la comédienne Diane Morgan, habituée des pastiches télévisés, qui s’y colle avec talent. On pense bien sûr, Angleterre oblige, aux légendaires Monty Python, mais les francophiles se remémoreront peut-être aussi les interviews improbables de Pierre Desproges (comme celle, collector, de Françoise Sagan) ou, plus récemment, celles de Raphaël Mezrahi, qui feignait l’idiotie et l’incompétence au point de parfois passer à deux doigts du poing dans la figure…
Ici, les intervenants restent calmes, ou n’en reviennent pas. Certains finissent par jouer le jeu, comme cet historien d’abord un rien arrogant, qui, pour consoler Philomena, bouleversée d’apprendre que la menace nucléaire est encore bien présente au XXIe siècle, lui confiera le nom de sa chanson préférée d’ABBA (Dancing Queen, si cela vous intéresse de le savoir). La stupidité est totalement assumée, et les running gags déboulent au moment où on s’y attend le moins -et ça marche: on rit beaucoup.
Cela dit, outre le fait que les Romains ont (selon Philomena) inventé, ou a minima “perfectionné”, le blanchiment anal, on apprendra bien sûr peu de choses qu’on ne savait pas déjà. Mais, l’air de rien, entre deux mentions des crises existentielles de sa tante Carol, Cunk parvient malgré tout à glisser en douce des messages pas si innocents, dût-elle développer quelque étonnante théorie sur le patriarcat chez les super-héros. Surtout, aussi absurde et anecdotique soit-elle, sa démarche ne manquera pas d’encore rappeler la furieuse tendance de l’humanité à si peu prendre soin des siens…
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