Titre - Cabinet of Curiosities
Quand et où - Disponible sur Netflix
Casting - Une série créée par Guillermo del Toro.
Guillermo del Toro chapeaute une convaincante anthologie horrifique dont la réalisation est confiée à une belle brochette de cinéastes de genre.
Le cabinet de curiosités est un lieu, ou même parfois simplement un meuble, où sont entreposés et exposés des objets rares et singuliers dans un esprit de collection porté sur l’hétéroclisme. C’est sous ce titre prometteur que l’incontournable Guillermo del Toro (Hellboy, Le Labyrinthe de Pan) orchestre aujourd’hui une anthologie Netflix pensée comme une collection d’épisodes horrifiques cruels et sanglants cherchant aussi bien l’inconfort que la sophistication. Le réalisateur mexicain introduit chacun d’entre eux à la façon d’Alfred Hitchcock dans ses célèbres Alfred Hitchcock Presents, puis laisse le soin à des figures aguerries du genre d’y exprimer leur vision spécifique. S’il cosigne deux scénarios, il ne réalise lui-même aucun des huit épisodes, préférant ici se contenter d’endosser le costume de curateur et d’apposer son nom sur cet ensemble très lovecraftien à la manière d’un label de garantie qualitative.
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Résolument tournés vers le passé et les fantômes qui peuvent en émerger, les différents récits brassent large et ténébreux: piège démoniaque se refermant à la manière d’une punition morale dans Lot 36 de Guillermo Navarro (l’ancien directeur photo fétiche de del Toro), charge corrosive contre le culte de l’apparence dans The Outside d’Ana Lily Amirpour (A Girl Walks Home Alone at Night), peintre découvrant l’hideuse corruption de l’existence sous la beauté trompeuse de son art dans Pickman’s Model de Keith Thomas (The Vigil), homme endeuillé obsédé par l’idée de trouver la porte ouvrant sur une autre dimension pour renouer avec le spectre de sa jumelle disparue dans Dreams in the Witch House de Catherine Hardwicke (Twilight)…
Monstres et rongeurs
Comme l’auberge espagnole, le format anthologique est souvent synonyme de résultat d’un intérêt forcément inégal, mais Cabinet of Curiosities tient plutôt bien la route dans son ensemble. Trois épisodes tirent ceci dit particulièrement leur épingle du jeu. Avec The Autopsy, David Prior signe une épatante tranche d’horreur SF à la X-Files. Panos Cosmatos (Mandy) se fend, de son côté, d’un fascinant trip drogué aux allures de véritable cathédrale pop dans The Viewing. Enfin Jennifer Kent, la réalisatrice de l’efficace The Babadook et du clivant The Nightingale, réussit, avec The Murmuring, un déchirant récit de reconstruction autour d’un couple d’ornithologues frappés par la tragédie.
Si chaque épisode existe et fonctionne de manière totalement indépendante, deux figures, omniprésentes, traversent quasiment l’ensemble de la série: celle du monstre, incarnation baveuse et hypertrophiée de la noirceur de l’âme, et celle du rat, créature proliférante sortie des entrailles putrides de la Terre. Double manière assez limpide de dire que ce qui se joue ici sur le rectangle pixélisé de nos écrans tient avant tout aux sombres vérités enfouies sous la surface lissée des êtres et des choses.
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