Titre - Kaleidoscope
Genre - Thriller
Réalisateur-trice - Une série créée par Eric Garcia
Quand et où - Netflix
Casting - Avec Giancarlo Esposito, Rufus Sewell, Paz Veg
Huit épisodes à visionner dans le désordre composent la série Kaleidoscope. Au-delà d’un dispositif gadget, un honnête show de braquage.
Produite par Ridley Scott, Kaleidoscope flirte avec le gimmick, l’astuce narrative. Lancée par son intro de quelques secondes, Black, la minisérie se déroule en mode “random”, proposant ses épisodes aux titres colorés (Jaune, Vert, Bleu, Orange, Violet, Rouge, Rose, Blanc) dans un ordre aléatoire. Il existe dès lors, potentiellement, des milliers de déroulés différents d’un même événement: un casse vertigineux, ses origines et ses conséquences. Seul le final reste inchangé. Le chemin pour y arriver diffère, un épisode ayant dans un ordre, valeur de prémices, et dans l’autre, celle de flash-back. Toutefois, il est possible de regarder la série dans l’ordre de son choix -ce qui conserve, dans le cadre d’une première vision, un caractère aléatoire.
Librement inspiré d’un braquage survenu à Manhattan en 2012, en pleine tornade Sandy, Kaleidoscope frôle souvent l’exercice de style et recycle les motifs du genre. Depuis les couloirs d’une prison d’état, l’essentiel du crew se forme avec d’autres complices hors les murs. Le cerveau du braquage, Leo (Giancarlo Esposito, le Gus de Breaking Bad) et le trafiquant Stan (Peter Mark Kendall) ont orchestré leur évasion (hilarante) pour retrouver une spécialiste des armes (Paz Vega), une autre des explosifs (Rosaline Elbay), un éventreur de coffres (Jai Courtney), un as du volant (Jordan Mendoza). Face à eux, Roger (Rufus Sewell), ancien complice de Leo reconverti dans la sécurité privée, une agente du FBI coriace et un trio de milliardaires sans scrupules, archétypes du capitalisme cynique. Doubles identités, jeux de masques, entourloupes royalement exécutées sur un rythme qui rappelle les chaloupes du triptyque Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh: la série maîtrise ses codes, propose des backstories riches et complexes et des dialogues ciselés.
Une telle proposition bravache ne pouvait provenir que de Netflix, dont l’interactif Black Mirror: Bandersnatch jouait déjà avec la linéarité des récits. Le dispositif aléatoire de Kaleidoscope ne bonifie pas particulièrement l’histoire, juste son expérience subjective. Le résultat n’en reste pas moins satisfaisant, plein de suspense et de rebondissements malgré certaines intrigues secondaires superflues. Ce qui s’avère ludique de prime abord, flatteur dans sa manière d’obliger à tisser soi-même les liens et les raccords entre les épisodes, peut aussi appauvrir l’expérience promise: les chapitres (vus ici dans l’ordre Jaune, Orange, Rouge, Vert, Rose, Bleu, Violet, Blanc) n’ont fondamentalement pas besoin de se mélanger pour améliorer leur efficacité intrinsèque. À vous de voir.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici