La série lettonne Soviet Jeans sur Arte.tv, sur les traces d’un cuisinier du XIXe siècle dans Carême sur Apple tv+ ou le polar Cimetière indien sur Be Series: qu’est-ce qu’on regarde cette semaine côté séries.
Soviet Jeans
Disponible sur Arte.tv
Une série de Stanislavs Tokalovs, Teodora Markova et Waldemar Kalinowski. Avec Karlis Arnolds Avots, Aamu Milonoff, Igors Selegovskis. 8 épisodes de 55 minutes.
La cote de Focus: 4/5
Riga, République socialiste soviétique de Lettonie, 1979. Un jeune mec baratineur échange des jeans Levi’s contre une vieille montre et de la vodka avec des touristes étrangers dans les toilettes d’un musée avant de devoir semer des policiers. Fan de rock’n’roll, Renars est costumier dans un théâtre et traficote à ses heures perdues avec des produits venus de l’Ouest. Il joue sans trop s’inquiéter au chat et à la souris avec Maris, un officier du KGB qui veut l’utiliser comme mouchard. Mais alors qu’il s’éprend de Tina, jeune metteuse en scène finlandaise en ville pour monter Hamlet, le jeune homme se fait enlever et interner en hôpital psychiatrique pour dissidence. Son idée de génie pour être libéré? Fabriquer clandestinement des jeans, marchandise honnie par le régime, pour le compte du directeur de la prison.
Ce n’est pas tous les jours que s’offre au regard une série lettonne. Et c’est regrettable, à en juger par cette plongée savoureuse et vintage à la fois politique et romantique dans un Riga en transition, dans cette société plus ou moins en lutte contre le système, écartelée entre les influences slaves et occidentales.
Sacré meilleur acteur en 2024 au festival Séries Mania dans la catégorie Panorama International (la série y a aussi reçu le prix du public), Karlis Arnolds Avots étincelle dans la peau du jeune rebelle en quête de rock, de liberté et de denim douze ans avant l’indépendance de son pays. Et Aamu Milonoff le lui rend bien… Soviet Jeans a des faux airs de Goodbye Lenin et vaut définitivement le détour tant grâce à l’alchimie de ses comédiens et à son humour suspendu qu’à la tension sous-jacente d’existences sous surveillance. Une série chaudement recommandée qui s’affranchit des codes et n’est pas sans faire écho à l’actualité.
J.B.
Carême
Disponible sur Apple TV+
Une série de Ian Kelly et Davide Serino. Avec Benjamin Voisin, Jérémie Renier, Lyna Khoudri.
8 épisodes d’environ 45 minutes.
La cote de Focus: 2/5
La cuisine a le vent en poupe sur les plateformes: après le succès retentissant de The Bear sur Disney+ et la série japonaise de Kore-Eda Makanai sur Netflix, voici désormais Carême, fresque historique à gros budget mélangeant gastronomie et intrigues politiques dans la France du XIXe siècle. La série raconte ainsi comment un pâtissier de renom, Antonin Carême (Benjamin Voisin), use de son savoir-faire culinaire pour approcher les figures les plus influentes de France, y compris Napoléon lui-même.
Dotée d’un budget très confortable, Carême multiplie les banquets fastueux et les scènes de sexe torrides, traitant Paris comme une Babylone décadente et orgiaque. Malheureusement, la série se complaît dans cette vulgarité constante, et échoue à lier ses deux nœuds dramatiques. Le versant gastronomique s’avère largement sous-exploité, tandis que le récit d’espionnage carbure aux facilités d’écriture. Finalement, Carême n’est pas si loin d’un gâteau industriel: joli en apparence, écœurant en bouche.
J.D.P.
Cimetière indien
Disponible sur Be Series.
Une série créée par Thomas Bidegain et Thibault Vanhulle. Avec Mouna Soualem, Olivier Rabourdin, Denis Eyriey. 8 épisodes de 52 minutes.
La cote de Focus: 3/5
Juin 2024 à Péranne, petite ville fictive des Bouches-du-Rhône, un ancien maire communiste se fait scalper dans une maison de retraite. En 1995, c’est un imam qui avait subi le même sort dans sa mosquée. Le policier qui avait enquêté sur l’affaire a disparu et sa partenaire de l’époque, Lidia Achour, en lice pour la préfecture de police de Paris, décide de retourner sur les lieux.
Après avoir créé avec Fred Grivois la série Machine, grand mélange de genres sur fond de lutte ouvrière et de délocalisation, Thomas Bidegain, connu pour ses collaborations avec Jacques Audiard (Un prophète, De rouille et d’os…) signe en compagnie de Thibault Vanhulle (Fahim, Le Test) un polar en deux temps ayant pour référence revendiquée la première saison de True Detective, marqué par la guerre d’Algérie et le racisme systémique qui souffle sur les communes du Sud de la France (et pas que). Malgré la prestation convaincante de Mouna Soualem et Marina Dol, ses allers-retours incessants entre le passé et le présent, Cimetière indien tire en longueur sans que ça apporte grand-chose à sa narration. Il n’en reste pas moins un thriller intelligent et maitrisé qui interroge le poids de l’histoire.
J.B.