Notre sélection TV de la semaine du 25 au 31 janvier
Cette semaine, on continue de commémorer la libération du camp d’Auschwitz, on se remet en mémoire la personnalité tragi-comique de Jacques Villeret, et on plonge dans la mafia, d’une part, et dans le réveil du Chili, de l’autre.
Auschwitz: des survivants racontent
Dimanche 26 janvier à 20.40 sur La Trois
Série documentaire de Catherine Bernstein
4/5
Auschwitz. Plus qu’un lieu, un symbole. Une petite ville avec un bon réseau ferré et routier, puis aussi des anciennes casernes de l’armée polonaise, devenue synonyme de massacre à une échelle industrielle encore inconnue. Au total plus de 1.100.000 personnes y ont été assassinées. Dont 960.000 hommes, femmes et enfants juifs. Et près de 20.000 hommes, femmes et enfants tziganes. Travail de mémoire. En 2006, l’INA, l’Institut national de l’audiovisuel, et la FMS, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, ont recueilli le témoignage d’anciens déportés juifs à Auschwitz avant qu’ils ne disparaissent. Face caméra, 44 d’entre eux ici racontent. Racontent le cauchemar, la terreur, la douleur. Racontent l’indicible. Racontent leur histoire.
Nés en Belgique, en France, en Pologne, en Allemagne, en Hongrie, en Roumanie…, tous et toutes (la première intervenante n’est autre que Simone Veil) portent un numéro tatoué sur l’avant-bras et sont revenus du camp de concentration et centre de mise à mort. La série documentaire en cinq épisodes écrits et réalisés par la documentariste Catherine Bernstein retrace la déportation à travers leurs horribles et terrifiants récits. Leurs souvenirs d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes dans l’Europe occupée et dans l’horreur décuplée.
Auschwitz: des survivants racontent est découpé par thèmes. La persécution, la déportation, le camp, l’extermination et la vie d’après. Ils commencent par dire celle d’avant. Les premières humiliations et le début des passages à tabac. La Nuit de cristal. L’abandon de tout ce qu’ils possèdent. Le comportement des troupes allemandes. Les tampons juifs sur les cartes d’identité françaises… L’étoile jaune. Le camp de transit de Drancy. Le train vers la mort. Les vieux, les enfants et les faibles gazés à peine arrivés. «Tous numérotés comme des bœufs avant d’être abattus et livrés aux bouchers.» L’odeur de viande grillée qui est celle de leurs familles en train de brûler…
On sait la plupart de ces choses. Mais les entendre dites et les voir racontées par ceux qui les ont vécues exerce un impact bouleversant et durable.
Inscrit depuis 1979 au patrimoine mondial de l’UNESCO, le site d’Auschwitz n’a été que très peu immortalisé en activité.
Les images de la solution finale (en particulier l’usage du gaz) sont moins nombreuses que celle des camps de concentration et les légendes disponibles sont confuses. On dispose de très peu de traces photographiques prises dans l’enceinte du centre de mise à mort. Souvent des dessins de déportés, des photos de chantier prises par des SS ou celles d’alliés à l’issue de la guerre.
Le récit du quotidien, de la vie sociale du camp, du comptage, des travaux forcés, de la construction des chambres à gaz et crématoires, des hommes tués par pendaison ou à coups de fouet est d’une force inouïe. A voir et à montrer pour aider à réaliser…
Villeret drôlement tragique
Mardi 28 janvier à 22.45 sur France 3
Documentaire de Christophe Duchiron
3,5/5
«On joue de tous les atouts qu’on a. Gros ou maigre. J’étais ce qu’on appelle un déconneur. J’avais l’imitation facile. Je ne pensais qu’à une chose. C’était jouer la comédie le plus vite possible.» Petit, grassouillet, dégarni, bonhomme. Une bouille tout en rondeurs, des grands yeux d’enfants… Avec son physique décalé de monsieur tout le monde, Jacques Villeret a marqué de son empreinte inimitable le cinéma français. Fils d’une coiffeuse et d’un agent d’entretien dans un lycée, fan inconditionnel de Jacques Brel (sa référence absolue), Villeret a donné son corps et sa naïveté à François Pignon dans Le Dîner de cons.
Son rôle le plus célèbre. Mais il a aussi à jamais frappé les esprits avec son rôle d’extraterrestre dans la Soupe aux choux et celui du demi frère d’Hitler dans Papy fait de la résistance… Nourri par les commentaires de Patrice Leconte, Claude Lelouch, Thierry Lhermitte, Nathalie Baye, Jean-François Stévenin ou encore de sa soeur Ghislaine, le documentaire de Christophe Duchiron raconte un comique d’exception rongé par les tourments. Bouffé par une histoire familiale compliquée, son divorce, l’alcool et la tristesse. Le petit prince enrobé et malheureux du cinéma français est mort à 53 ans d’une hémorragie interne.
Chasseurs de mafia
Mardi 28 janvier à 20.55 sur Arte
Série documentaire de Veronika Kaserer et Stefano Strocchi
3/5
Toute l’affaire est partie de Belgique après l’interception en Italie d’une conversation téléphonique suspecte entre deux Allemandes et un chef de la Ndrangheta. Le 3 mai 2023, à 4h du matin, des portes sont enfoncées aux quatre coins de l’Europe et un gigantesque coup de filet fait trembler la pieuvre calabraise. La série documentaire en cinq épisodes (nous n’avons eu accès qu’au premier) de Veronika Kaserer et Stefano Strocchi retrace les coulisses de l’Opération Eurêka. La plus vaste opération anti-mafia jamais menée en Europe (elle a mobilisé 2700 policiers).
La Ndrangheta, c’est des milliers de morts, trois guerres de clans, des tonnes de disparitions et d’enlèvements en Calabre. Notamment ceux de personnalités et d’enfants qu’ils retenaient captifs durant les années 70 et 80 dans des cabanes de bergers avant de prendre une dimension internationale avec le trafic de cocaïne à grande échelle. Rythmé par des archives, de nombreuses interviews (des flics, un repenti…) et scènes reconstituées, Chasseurs de mafia raconte la traque et dévoile le fonctionnement de la tentaculaire organisation criminelle.
Mon pays imaginaire
Jeudi 30 janvier à 23.45 sur Arte
Documentaire de Patricio Guzman
3,5/5
«Quand tu voudras filmer un incendie, il faudra être à l’endroit où surgira la première flamme», lui a un jour conseillé le cinéaste Chris Marker dont il fut un adepte, un élève même. Patricio Guzman n’était pas là quand le 18 octobre 2019 une explosion sociale a embrasé le Chili. Quand l’augmentation du prix des tickets de métro a allumé la mèche de la colère. Mais un an plus tard, quand il y débarque avec sa caméra, il a l’impression qu’il y a plu des pierres.
Présenté en sélection officielle au festival de Cannes 2022, Mon pays imaginaire se demande ce qu’il s’est passé pour qu’un pays entier se réveille. Raconte une révolte emmenée par la jeunesse et les femmes sur des terres où les droits humains ont été constamment bafoués. Un mécontentement général. Un ras-le-bol total. Des jeunes qui en ont marre de l’exploitation et de la précarité en quête d’une société plus démocratique et plus juste.
Étudiante masquée, secouriste volontaire, photographe ayant perdu l’usage d’un œil lors des affrontements, journaliste, politologue et membre de collectif féministe témoignent. Un vibrant appel à la démocratie.
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