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La sélection TV du 8 au 14 février: les sacrifiés de l’IA et les Victoires de la musique
Dans notre sélection TV, des victimes de l’intelligence artificielle, le quotidien des Ukrainiens après l’invasion, les Victoires de la musique 2025 et une série policière espagnole…
Les Sacrifiés de l’IA
Mardi 11 février à 22.40 sur France 2
Documentaire d’Henri Poulain.
3,5/5
Pas plus tard qu’en décembre, on lui faisait les honneurs d’un numéro spécial. L’intelligence artificielle est partout. Tout le temps. Elle a déjà chamboulé nos vies. Parfois piqué notre boulot. Et cela ne va pas aller en s’arrangeant. «C’est comme si on avait découvert un nouveau continent peuplé de cent milliards de personnes qui sont prêtes à travailler pour nous gratuitement», entend-on dans le documentaire d’Henri Poulain. L’IA va continuer à prendre le taf des uns. Et elle en tuera assurément d’autres. Elle peut conduire des voitures. Inventer de nouvelles molécules. On l’utilise déjà au quotidien. Souvent sans le savoir. Mais sera-t-elle ou non une bonne chose pour l’humanité? Un outil révolutionnaire pour combattre le réchauffement climatique? Une bénédiction pour le corps médical? «Elle a le pouvoir de détruire notre civilisation», dit ce taré d’Elon Musk. La question n’est déjà plus de savoir si elle va transformer nos sociétés. Mais de préfigurer comment…
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Plus qu’à jouer avec une boule de cristal, le documentaire d’Henri Poulain invite à découvrir la face cachée et souvent occultée de la production des intelligences artificielles. «On parle de systèmes qui doivent réaliser des tâches sans aide, sans intervention humaine. Mais ce n’est pas vrai. Parce que quand on parle d’IA et de systèmes soi-disant intelligents et autonomes, on parle en réalité d’humains qui travaillent en coulisses. C’est une multitude de tâches, une multitude de ressources et une multitude de travail combinées pour produire un résultat donné.»
Les humains programment les algorithmes. Mais il existe aussi beaucoup de travailleurs invisibles (plusieurs dizaines de millions) qui aux quatre coins du monde bossent sur les datas et nourrissent le système. «Pendant et après notre tournage au Kenya, un géant de l’intelligence artificielle basé en Californie a fait pression sur une grande partie de nos témoins pour qu’ils gardent le silence, précise Poulain. Pour les préserver, nous avons dû trouver d’autres témoins. Et parfois les rendre anonymes.»
Les Sacrifiés de l’IA se promène dans une prison pour femmes en Finlande où les détenues travaillent sur une intelligence artificielle de construction dans le bâtiment. Raconte les contenus traumatisants et fortement toxiques soumis aux travailleurs kenyans pour un salaire de misère. Il questionne aussi l’impact énergétique de l’intelligence artificielle. Un docteur, philosophe et historien, qui depuis dix ans étudie les menaces existentielles envers l’humanité et la civilisation humaine, épingle les dangers du long termisme. «Je ne pense pas qu’il soit possible de développer des technologies sans nuire à la nature et à la planète. Les technologies sont basées sur l’exploitation des ressources naturelles et du travail.» Un documentaire éclairant et édifiant. Même si on a parfois le sentiment de se retrouver dans un épisode de Black Mirror.
Rapa
Jeudi 13 février à 20.55 sur Arte
Série créée par Pepe Coira et Fran Araújo. Avec Javier Cámara, Mónica López, Lucía Veiga. Six épisodes de 52mn. Disponible sur arte.tv à partir du 11/2.
3,5/5
Des cris qui fendent le silence et le brouillard. Une silhouette qui se faufile. Une camionnette qui s’en va. Et surtout une vieille dame retrouvée gravement blessée qui baragouine quelques propos incompréhensibles et ne survivra pas à ses blessures… Tomas, prof de lettres atteint d’une maladie dégénérative rare, a l’habitude des longues marches en pleine nature avant de se rendre à l’école. Mais cette promenade va bousculer sa routine et changer sa vie ennuyeuse. La victime n’est autre qu’Emparo Seoane. La maire historique de Cedeira. Petite ville côtière de Galice aux paysages abruptes et spectaculaires où Rodrigo Sorogoyen avait planté le décor de son As Bestas (avec Marina Foïs).
Qui a bien pu lui ôter la vie? Des partisans de l’important projet minier auquel elle s’opposait? Son fils qui souffre de graves problèmes mentaux? Ou peut-être Paquita, la junkie à qui elle versait de l’argent tous les mois? La politicienne avait beau être appréciée de ses concitoyens, elle n’était pas non plus dépourvue d’ennemis. Le prof de littérature malade joué par Javier Cámara (un habitué des films d’Almodovar) va faire équipe avec une flic en congé (Mónica Lopez) pour tenter de démêler les secrets de famille, les drames enfouis, le népotisme, la corruption et les enjeux sociétaux à l’œuvre dans la région. Les créateurs de la série à succès Hierro forment un nouveau tandem d’enquêteurs aux profils dissemblables avec cette savoureuse série policière à l’exotisme ibérique. Atypique, Rapa n’est pas, avec ses spécificités régionales, sans rappeler (en plus léger) La Trêve ou Ennemi public. Elle avance calmement, à son rythme, sans jamais ennuyer et en chatouillant constamment la curiosité.
L’Invasion
Jeudi 13 février à 23.35 sur Arte
Documentaire de Sergei Loznitsa.
3,5/5
Ca commence par des funérailles. Plus de dix minutes. Quasiment un quart d’heure. Des cercueils se succèdent. Portés par des soldats jusque sur la place Maïdan. On est à Kiev, vous l’avez compris, où le réalisateur Sergei Loznitsa (Maidan, State Funeral…) a entrepris de documenter jour après jour l’ordinaire d’un pays meurtri. Le quotidien, désespérant, désespéré d’un territoire en guerre. Pas de commentaire. Pas d’interview.
Documentaire de peu de mots, L’Invasion est tout sauf hystérique. Il montre le banal. Et l’exceptionnel qui l’est devenu. Les panneaux «Danger mines» sur la plage. Les collectes et les distributions. Une naissance. Un mariage. La vie qui suit son cours. Tant bien que mal. Le film suit l’entraînement de soldats. Le travail des pompiers après une explosion. Des médecins et des infirmières aux urgences. Puis aussi des gosses qui ont cours dans des abris et des amputés qui tentent de se retaper dans une piscine et une salle de sport de rééducation. Le documentaire est également proposé sur arte.tv, sous le titre L’Invasion, chroniques de guerre, dans une version déclinée en 28 épisodes enrichis de séquences inédites. Et ce jusqu’au 19 février.
Les Victoires de la musique 2025
Vendredi 14 février à 21.10 sur France 2
Cérémonie présentée par Léa Salamé et Cyril Féraud.
Cette année organisées le jour de la Saint-Valentin (il sera d’autant plus facile de trouver une table dans un restaurant la veille ou le lendemain si vous voulez vous infliger cette triste célébration du paysage musical français), les Victoires de la musique seront pour leur quarantième édition présidées par Alain Souchon et salueront d’une statuette d’honneur Eddy Mitchell, dont le… quarantième album est sorti en novembre dernier.
Les nominations en disent déjà long sur la soirée. Il n’y aura pas de raz-de-marée belge comme ce fut le cas en 2023 (2xStromae, 2xAngèle et Pierre de Maere). Et comme le soulignait fort à propos Franck Vergeade dans les Inrocks, «elles témoignent de la paresse d’une institution qui peine à mettre à l’honneur la diversité de la scène musicale française.» Reflétant une certaine malhonnêteté intellectuelle sans doute aussi. Comme Justice, Zaho de Sagazan et Clara Luciani, le piètre Aliocha Schneider fait parti des multi nominés. Pas si surprenant quand on sait que le président de l’association Les Victoires de la musique, Vincent Frèrebeau, est partie prenante dans Local, le label du chanteur franco-canadien.
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