La sélection TV du 1er au 7 février: Vincent Lindon et la saison 3 d’Hippocrate

Vincent Lindon
© Arte
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Dans notre sélection TV, un portrait de l’écorché Vincent Lindon, des jeunes Hongrois en déshérence, la saison 3 d’Hippocrate, un zoom sur la Belgomania et une série qui se passe En haute mer.

Vincent Lindon: cœur sanglant

Mercredi 5 février à 22.35 sur Arte

Documentaire de Thierry Demaizière et Alban Teurlai.

4/5

«Je ne peux plus me supporter. Je ne peux plus supporter ma tête, mes cheveux, la vieillesse. Je me trouve empoté. Gros. C’est devenu un supplice pour moi. Je ne peux plus me présenter devant la caméra. Elle voit trop de choses que j’essaie de cacher.» Cette tirade, ça n’étonnera probablement personne, est de Vincent Lindon. Un de ces petits films, de ces mémos vocaux qu’il enregistre pour lui ou pour ses proches «ils les passeront à mon enterrement s’ils veulent». Une de ces courtes vidéos dont il a proposé l’accès aux deux réalisateurs de ce plutôt remarquable documentaire.

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Lindon s’est filmé pendant plus de trois ans avec son téléphone. Documentant ses moments de doute, de vide, d’angoisse, d’euphorie et de fureur. Que ce soit dans son étrange quotidien parisien ou sur le tournage de la série D’Argent et de sang. Thierry Demaizière et Alban Teurlai (Rocco, Relève: histoire d’une création, Allons enfants…) ont fait de ce matériel exceptionnel un intelligent et bon usage pour brosser le portrait comme on en voit rarement d’un comédien tourmenté.

Vincent Lindon se décrit comme «quelqu’un de très irritable, qui n’a aucune patience et est incroyablement lucide. Un homme dépourvu d’intérêt et convaincu que sa venue sur terre ne changera absolument rien mais tout en pensant que le monde sans lui ne tournerait pas pareil. Un mec pas très beau mais se débrouillant très très bien avec le physique qu’il a. D’un égoïsme et d’un égocentrisme sans égal. Un type sans aucune perversité, aucun cynisme. Mais d’une fureur sans égale. Avide de pouvoir.»

On est ici bien loin des documentaires hagiographiques et de la brosse à reluire. Plutôt dans le portrait d’un mec qui se fatigue. «J’ai l’impression de faire ce métier pour échapper au monstre tentaculaire que je suis. Et que même moi, je suis soulagé de voir partir de temps en temps. Quand je pars de moi pour aller visiter un autre personnage, ça me fait des vacances.» Un mec qui fait tout vite. Jusqu’à pisser. «Je remballe avec la dernière goutte.» Et qui se demande souvent à quoi il sert.

Lindon parle des personnages (celui du syndicaliste dans En Guerre par exemple) qui l’obligent. Qui l’obligent à ne pas aller à Saint Tropez et à ne pas avoir une Ferrari… Il évoque le décalage entre ce qu’est sa vie et ce qu’imaginent les gens d’une vedette de cinéma. Un mec habité par un désespoir profond. Avec un coeur sanglant. Mais aussi beaucoup d’humour. «Parfois, des gens dans la rue me disent: vous êtes un de mes deux acteurs préférés. Et puis, ils me disent le nom de l’autre. Et là, pffff», avoue-t-il, grimace à la clé. A ne manquer sous aucun prétexte.

Kix! 400 coups à Budapest

Jeudi 6 février à 23.50 sur Arte

Documentaire de David Mikulan et Balint Revesz.

3,5/5

© DR

«A l’école je suis un ange. Mais dans la rue, j’aurais une mauvaise cote en disciplineAu début de Kix! 400 coups à Budapest (François Truffaut aurait apprécié), Sanyi a huit ans. Il traîne sa belle gueule et son sourire malicieux sur le bitume et dans les bois de la capitale hongroise. Use sa planche à roulettes et tagge les murs à la craie quand il n’adresse pas des doigts d’honneur aux navetteurs. Sanyi aime divertir les gens qu’il trouve trop tristes. Mais il n’a pas non plus que des bons plans.

Un peu comme l’avait fait Richard Linklater dans Boyhood qui racontait sur une dizaine d’années le passage de l’enfance à l’âge adulte, mais ici dans le registre du documentaire et non de la fiction, l’artiste skateur David Mikulan et le réalisateur Balint Revesz ont suivi le parcours mouvementé d’un gamin de Budapest vivant dans un milieu défavorisé. Filmé caméra à l’épaule, Kix secoue comme un film des frères Dardenne et finit par basculer dans le drame lorsqu’une de ses conneries lui ouvre les portes de la prison. Une plongée empreinte d’humanité dans le quart monde magyar…

Belgomania, toute la Belgique qu’on aime

Vendredi 7 février à 21.05 sur France 3

Documentaire de Sophie Peyrard et Damien Vercaemer.

3/5

© DR

Chanteurs, chanteuses, acteurs, actrices, dessinateurs, humoristes, entarteurs même… Autant les Français ont aimé se moquer des Belges, autant ils ont adopté, ces dernières années tout particulièrement, la singularité de nos artistes. De Brel à Stromae et Angèle en passant par Arno, Annie Cordy, Maurane et Frédéric François, Benny B,  Yolande Moreau, Benoit Poelvoorde, Cécile de France et Virginie Efira, le documentaire dit par Alex Vizorek de Sophie Peyrard et Damien Vercaemer raconte avec beaucoup d’humour la Belgomania qui s’est emparée de nos chers voisins.

Nourri par un tas de chouettes archives plus ou moins vintage (Benny B à l’Ecole des fans vaut à lui seul le déplacement …) et des intervenants ni vraiment passionnants ni toujours de premier plan (Nawell Madani, Pierre de Maere, Adamo, Axelle Red, Plastic Bertrand, Lio), Toute la Belgique qu’on aime se demande comment on est passé d’incongru à tendance. Cherche les racines d’une guéguerre qui ne date pas du but d’Umtiti. Parle d’autodérision, d’ouverture et de Strip-tease. Cocorico…

Hippocrate (saison 3)

A partir du 3 février sur BE1

Série de Thomas Lilti

Avec Louise Bourgoin, Bouli Lanners, Karim Leklou… 6 épisodes de 52 minutes.

3,5/5

© DR

Deux ans s’étaient écoulés entre la saison 1 et la saison 2. Il aura fallu patienter plus de trois longues années pour avoir le droit à la troisième fournée. Hippocrate, la série qui ausculte le système hospitalier français, remue à nouveau le couteau dans la plaie. Le premier épisode est suffocant. Alyson (Alice Belaïdi), désormais membre de SOS Médecins, tente de sauver la vie d’un jeune homme dans un appartement de cité. Surchargés, les secours ne peuvent pas se déplacer. Le gamin est en train de crever et son entourage de sérieusement la malmener.

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On est au cœur de l’été. Le personnel manque et l’hôpital Poincaré fonctionne au ralenti. Comme tous les services de santé. Face à l’afflux constant de patients et à l’impossibilité de tous les traiter, ulcérés par le traitement qui leur est réservé, l’obligation de les renvoyer chez eux même en danger, quelques soignants décident d’enfreindre les règles

Ancien médecin devenu scénariste et réalisateur (il a renfilé la blouse pendant quelques semaines durant la pandémie), Thomas Lilti avait fait d’Hippocrate un film (2014) avant de développer l’idée en série. Haletants, ces six nouveaux épisodes appuient là où ça fait mal. Ce qui est assez épatant avec Hippocrate, c’est à quel point des situations totalement improbables permettent d’établir un diagnostic réaliste de l’assistance publique, et aussi de refléter ce qui se passe aujourd’hui dans un tas d’autres secteurs. Un personnel sous pression constante. L’impossibilité de faire son travail correctement et humainement. Bouli Lanners et Louise Bourgoin sont, comme tout le reste du casting, impeccables dans cet Urgences à la française qui dresse un constat accablant de la réalité hospitalière. L’un ou l’autre épisode nécessitent un estomac bien accroché.

En haute Mer

Jeudi 6 février à 20.55 sur Arte

Série en quatre épisodes de Denis Rabaglia

Avec Maud Wyler, Michael Neuenschwander, Carlos Bardem. Disponible sur arte.tv.

3/5

© DR

Quelques semaines après avoir laissé filer le jeune tatoueur Florian Bonnel qui devait être entendu suite à la disparition de sa petite amie, la policière Aurélie Mercier apprend qu’il a été arrêté sur un cargo pour le meurtre d’un matelot. Dépêchée au Cap afin de rapatrier le suspect (l’embarcation est sous pavillon suisse), elle découvre que sa dulcinée a voyagé à bord du même navire et se heurte au silence de l’équipage. Ce qui se passe en mer reste en mer…

Librement inspiré d’un roman, En Eau salée, signé par l’écrivain Fabien Feissli, cette mini série franco germano suisse nage dans les eaux troubles de la marine marchande. Quelque part entre une Agnès Jaoui et une Stéphanie Blanchoud, la comédienne Maud Wyler (La Fille de son père, Hors du temps) porte ce thriller aquatique. Ce huis-clos sur l’océan avec pour toile de fond le trafic d’armes, le blanchiment d’argent et le green washing. Un polar naval à l’atmosphère étouffante et au dénouement inattendu.

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