La sélection télé du 26 avril au 2 mai: les Temps modernes selon Chaplin, une Echappée belle à Bruxelles, le Vietnam et la Doyenne

Dans la sélection télé de la semaine, un documentaire sur Les Temps modernes de Charlie Chaplin. Une parabole sur les excès de la modernité.
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

A la télé cette semaine: un documentaire sur Les Temps modernes, un week-end d’escapade dans la capitale, Liège-Bastogne-Liège et l’histoire récente du Vietnam.

Chaplin et Les Temps modernes: la voie du silence

Mercredi 30 avril à 22.25 sur Arte

Documentaire de Gregory Monro.

4/5

En 1936, une décennie après l’avènement du cinéma parlant, Charlie Chaplin continue de lui résister. En décalage avec les nouveaux standards de l’usine à rêves, il sort Les Temps modernes, le dernier film muet tourné à Hollywood. Ce geste artistique fort et désespéré n’est pas qu’un acte de résistance, un ultime hommage à une époque révolue. Le film est une parabole. «La modernité qui force le cinéma à parler est la même que celle qui asservit les ouvriers.» La parole est à la fois un enjeu artistique et politique. Le comique dénonce les excès du capitalisme industriel et questionne le progrès.

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Chaplin le dit lui-même. Son cinéma exploite la personnalité. Son boulot de réalisateur de comédie consiste à mettre les gens dans le pétrin et à les en sortir. Pour le coup, Les Temps modernes plonge Charlot dans le monde impitoyable de l’usine moderne. Raconte les aventures d’un ouvrier qui travaille à la chaîne avec des machines voraces et qui perd la raison jusqu’à basculer dans la folie.

Remettons le film dans le contexte de son époque. En tournée aux quatre coins de la planète, Chaplin capte l’air du temps, celui qui file à tout vitesse au rythme des évolutions technologiques et industrielles. Il croise des hommes politiques, des intellectuels, des scientifiques dans un monde en pleine métamorphose. Une modernité dont il perçoit les dérives.

Les Temps modernes fait directement écho à la grande dépression qui frappe le pays. Le krach boursier de 1929 a plongé les Etats-Unis dans le chaos. Un quart de la population a perdu son emploi sans la moindre indemnité. Chaplin n’a jamais oublié l’enfant pauvre qu’il a été. Il plaide pour la justice sociale, la solidarité et la dignité humaine, défend cette idée que «la machine ne doit pas signifier la tragédie et la mise au chômage», que «les techniques pour réduire le travail n’ont pas été inventées pour le profit mais pour aider l’humanité dans la recherche du bonheur.» 

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La maladresse légendaire de Charlot a toujours été une arme contre les puissants, le pouvoir et l’oppression. Alors qu’il constate le destin brisé de ses anciens camarades du muet, Chaplin a écrit un scénario entièrement dialogué mais il ne sait comment faire sonner la voix de son personnage. Seuls les machines finalement auront la parole et le film se terminera sur une chanson à l’étrange charabia. Ultime apparition de son cher vagabond.

Notamment alimenté par les commentaires de Chaplin, cet intelligent et remarquable documentaire de Gregory Monro (diffusé dans la foulée du film) fait cruellement écho à notre époque et aux grands bouleversements du marché du travail à venir avec l’avènement de l’intelligence artificielle. Wake up call

Echappées belles Bruxelles

Samedi 26 avril à 21.00 sur France 5

Emission présentée par Ismaël Khelifa.

3,5/5

Ismaël Khelifa
© DR

France 5 sait y faire quand il s’agit d’inviter les téléspectateurs au voyage. Que ce soit avec Des Trains pas comme les autres ou avec ses Echappées belles, magazine hebdomadaire qui fêtera, mine de rien, l’an prochain son vingtième anniversaire. A défaut d’emprunter les sentiers du lointain et de la grande aventure, le numéro de ce samedi présenté par Ismaël Khelifa (qui se partage entre autres cette tâche avec Sophie Jovillard, Jérôme Pitorin et Anto Cocagne) se penche sur le cas de Bruxelles, deuxième ville la plus cosmopolite au monde (derrière Dubai) avec 185 nationalités recensées sur son territoire. Bruxelles mais pas que.

Notamment guidé par Eric Boschman, humoriste, homme de télé, de radio et jadis meilleur sommelier de Belgique, Ismaël va manger une gaufre à la Foire du midi, boire un godet au Petit Lion pour cultiver la zwanze et faire un spa au houblon. Mais il pousse aussi une pointe jusque Namur où il assiste à un combat d’échasseurs. Se fait une promenade à vélo en mode Ravel sur le circuit de Spa-Francorchamps et s’en va pêcher la crevette à cheval à Oostduinkerke.

Liège-Bastogne-Liège

Dimanche 27 avril à 13.50 sur La Une

Course cycliste.

Remco Evenepoel  © Getty Images

Le Danois Mattias Skjelmose l’a prouvé dimanche dernier en coiffant Tadej Pogacar et Remco Evenepoel sur la ligne d’arrivée de l’Amstel Gold Race. Aussi insatiables soient-ils, les ogres du peloton peuvent parfois être terrassés sur leurs propres terres. Il faudra cependant se lever tôt et redoubler d’efforts pour battre le Slovène et le Belge sur les routes de Liège-Bastogne-Liège.

C’est bien simple. Ensemble, les deux  champions ont remporté les quatre dernières éditions de La Doyenne. Mieux, Remco qui vient de revenir avec panache à la compétition n’y a connu que la victoire. Deux en autant de participations. Si le combat des chefs s’annonce spectaculaire et explosif, Thomas Pidcock, Ben Healy, Giulio Ciccone, Romain Bardet, Lennert Van Eetvelt ou encore Pello Bilbao vendront chèrement leur peau sur les côtes de la Redoute et autre Roche-aux-faucons. L’épilogue du triptyque ardennais et la fin du printemps des classiques.

Vietnam, la naissance d’une nation

Mardi 29 avril à 21.00 sur Arte

Série documentaire de Lucio Mollica et Philipp Gromov.

4/5

«Quand j’étais jeune, je pensais que la justice triomphait toujours. J’ai perdu mes illusions.» Epinglée au détour de l’opulent documentaire en quatre parties (toutes diffusées ce soir) réalisé par Lucio Mollica et Philipp Gromov, cette phrase résume l’histoire récente d’un peuple sacrifié. Un pays colonisé par la France («la première leçon d’histoire qu’on a eue a commencé par nos ancêtres les gaulois») mais aussi convoité et vassalisé quasiment en même temps par trois superpuissances (la Chine, la Russie et les Etats-Unis).

Victime d’appétits coloniaux comme d’intérêts géostratégiques, le Vietnam s’est retrouvé au cœur de la Guerre froide et il le paya d’une guerre civile dont toutes les plaies n’ont pas encore cicatrisé. Vietnam, la naissance d’une nation retrace son histoire récente, de la période coloniale à aujourd’hui, à travers les témoignages de ceux qui l’ont vécue. Sur des images d’archive incroyables, des combattants des deux camps, une actrice, des historiens, des écrivains et même une descendante de la famille royale racontent leur quotidien et les événements terribles dont ils ont été les victimes. Voyage au bout de l’enfer…

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