A la télévision cette semaine, une soirée Thomas Mann, le début de Roland-Garros, des naufragés du logement et la finale du Concours Reine Elisabeth.
Thomas Mann et les Buddenbrook
Lundi 26 mai à 00.00 sur Arte
Documentaire d’André Schäfer.
3,5/5
C’est la saga familiale par excellence. En 1901, l’écrivain allemand Thomas Mann publie son premier roman. Inspiré par ses proches, les Buddenbrook conte sur trois générations l’effondrement d’une riche dynastie de négociants installés à Lübeck. L’âge d’or, le déclin et la chute (jusqu’à la fermeture de leur entreprise) d’une famille bourgeoise de commerçants. «Quiconque veut comprendre sa famille doit lire Les Buddenbrook», commente un spécialiste dans le documentaire d’André Schäfer.
Extrêmement riche, reposant sur plus de 400 personnages secondaires, l’ouvrage dépeint avec ironie les bouleversements socio-économiques du XIXe siècle, le capitalisme familial et le délitement des valeurs de la haute bourgeoisie.
Les Buddenbrook, qui a rendu Lübeck mondialement célèbre, a fait scandale à sa parution. A tel point que Mann fut à l’époque banni des salons mondains. Il faut dire que le succès du livre repose sur un malentendu. La bourgeoisie de l’époque l’a célébré comme le sien. Mais c’est son propre échec qu’elle sanctifie alors. Les Buddenbrook est un roman de classe. Celui d’une classe bourgeoise (c’est un classique) qui tend à imiter la noblesse. A l’époque, des listes ont d’ailleurs circulé et tentaient de deviner quels habitants se cachaient derrière tel ou tel personnage. Mais c’est surtout dans sa propre famille que l’auteur a puisé son inspiration.
«C’est surtout dans sa propre famille que l’auteur a puisé son inspiration.»
Au cœur d’une soirée spéciale entamée par une adaptation télé en deux parties du roman (Les Buddenbrook, 20h55) et prolongée par un documentaire fictionné (Thomas Mann et son double, 00h55), André Schäfer raconte l’ouvrage et celui qui en est l’auteur. Ecrivain allemand qui aurait le 6 juin fêté son 150e anniversaire (cette année 2025 marque aussi le 70e anniversaire de sa mort), Thomas Mann a remporté en 1929 le prix Nobel de littérature et a conquis dans la première moitié du XXe siècle une reconnaissance internationale grâce à sa plume moqueuse et acérée.
«L’homosexualité latente de ce père de six enfants, le brouillage des pistes narratives trop simples et la distance ironique qui caractérisent son style n’ont cessé de captiver cinéastes, auteurs et critiques», écrivait Nicolas Weill dans Le Monde. «Depuis les années 2000, Mann est même devenu un sujet de prédilection pour les études queer.» Un city trip dans les rues de Lübeck ponctué par des dessins en noir et blanc, des interviews de connaisseurs (maire de Lübeck, dramaturge, critique littéraire…) et des extraits lus du roman se double d’un portrait de ce mauvais élève qui a quitté l’école avant d’avoir décroché l’équivalent de son bac.
Roland-Garros
Dimanche 25 mai à 11.00 sur Tipik
En remportant la finale du tournoi de Rome en deux sets face à Jannik Sinner, numéro 1 mondial de retour à la compétition après une suspension de trois mois pour dopage (il vient de rencontrer le pape pour se donner du courage), Carlos Alcaraz a envoyé un solide message et un sérieux avertissement juste avant le début de Roland-Garros. Malgré une période délicate notamment marquée par sa défaite contre David Goffin à Miami, l’Espagnol, quadruple vainqueur de Grand Chelem à seulement 21 ans, est sans doute le principal favori à sa propre succession.
Là où, chez les femmes, ce sont la Polonaise Iga Swiatek et la Biélorusse Aryna Sabalenka qui ont les faveurs des bookmakers. Côté belge, c’est loin d’être la fête. Zizou Bergs arrive à Roland en manque de confiance. Il a mis fin à sa collaboration avec son entraîneur Kristof Vliegen, déclaré forfait à Rome et perdu au premier tour à Genève. Tandis que David Goffin, qui s’est battu contre la montre pour être présent porte d’Auteuil, et Raphaël Collignon, blessés, ont tous deux dû renoncer. C’est finalement Elise Mertens qui aborde le tournoi du Grand Chelem parisien avec le plus de sérénité.
Concours Reine Elisabeth
Lundi 26 mai à 20.05 sur La Trois
C’est un rendez-vous incontournable pour les amateurs de musique classique et un moment décisif dans le développement et la carrière de nombreux jeunes artistes. Créé en 1937 pour aider les interprètes de moins de 30 ans à se faire connaître, le Concours Reine Elisabeth, cette année dédié au piano, entre cette semaine dans sa dernière ligne droite. Ils sont encore douze. Douze musiciens, venus des quatre coins du monde, à pouvoir prétendre à la victoire. Et parmi eux le Belge Valère Burnon, né en 1998 à Marche-en-Famenne. Les douze finalistes qui se produiront à Bozar, du lundi 26 au samedi 31 mai avec le Brussels Philharmonic, dirigé par Kazushi Ono, viennent de plancher de façon personnelle sur Music for the Heart, écrite spécialement pour l’épreuve par le compositeur Kris Defoort.
Une semaine de boulot loin du monde, à la Chapelle musicale Reine Elisabeth où les finalistes sont entrés dans l’ordre fixé par le tirage au sort, à raison de deux par jour. Abandonnant tout contact avec le monde extérieur (pas de smartphone donc) pour se consacrer uniquement à la musique et à la préparation de la finale.
Appartement proche Paris, charme atypique
Mercredi 28 mai à 22.25 sur Arte
Documentaire de Marion Angelosanto.
3,5/5
L’enfer, c’est les autres. En ce compris quand il s’agit de se partager un immeuble. Ca a commencé avec des plaques de plâtre qui se détachent, des boursouflures au plafond et des vilaines cloques aux murs. Réalisatrice de documentaires (La Fabrique du soin, Quand Le Vent tourne, Légistes, aux côtés des vivants…), Marion Angelosanto habite dans un bâtiment de cinq étages et 40 logements avec des rats, des fuites et des dettes en Seine Saint-Denis, à Pantin, dans le quartier des Quatre-Chemins.
Taux record de chômage, d’immigration et de pollution de l’air… Mais qu’importe. Elle l’aime bien son appartement, Marion, et elle n’a pas envie de s’en séparer. D’autant que son deux pièces, elle doit le rembourser jusqu’en 2040… Le problème, c’est que la plupart des copropriétaires ont lâché l’affaire depuis belle lurette. La majeure partie d’entre eux n’habite pas sur place. Et le syndic a laissé mourir l’immeuble. Frappé d’un arrêté de péril (c’est le tribunal qui l’a dit), l’endroit coche toutes les cases de l’insalubrité et les proprios n’ont d’autres choix que de rénover. Appartement proche Paris, charme atypique raconte son calvaire dans un 52 minutes bien foutu et teinté d’humour. Des naufragés du mal logement vous avertissent sur les joies de la copropriété…