Critique | Télé

Ce mardi soir en télé: le lourd tribut des futurs champions

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L’équipe américaine de gymnastique médaillée d'or par équipe aux J.O. d'Atlanta en 1996. © ARTE France / Cinétévé
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Titre - Futurs champions: le prix de la gloire

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac

Quand et où - Mardi 23 juillet 2024 à 20 h 55 sur Arte

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Depuis leur plus jeune âge, ils aspirent à être les meilleurs. Arte nous emmène dans la fabrique des futurs champions. Et ce n’est pas toujours reluisant.

Charges excessives, brutalités physiques et mentales, privation de nourriture… Ces dernières années, les révélations se sont accumulées aux quatre coins du monde. L’enfance des futurs champions est brisée plus souvent qu’à son tour par les dérives des entraînements d’élite. D’ailleurs, le nombre de blessures augmente chez des patients de plus en plus jeunes. « S’il y avait autant de blessures dans n’importe quel autre domaine de la vie des enfants, il y aurait des commissions d’enquête, note un intervenant. Le gouvernement interviendrait immédiatement.« 

La gymnaste française Coline Weber a payé cher ses confidences (dans le monde du sport, on ne brise pas la loi du silence impunément…). Mais en Angleterre, un rapport national a mis en avant l’ampleur du problème. Châtiments physiques, entraînements malgré des blessures, volets horaires exagérés… 3 500 plaintes avaient été reçues en huit ans.

Gymnastes en échauffement à l’ex Pôle France de Marseille. © ARTE France/Cinétévé

Nourri par les récits d’athlètes, les commentaires de psychiatre et psychologue du sport, le documentaire de Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac raconte une réalité tragique du haut niveau. Le nageur Michael Phelps qui déprimait et ne voulait plus être en vie, la tenniswoman Naomi Osaka qui n’a pas été ménagée par sa fédération lorsqu’elle a voulu prendre soin d’elle… Le problème touche tous les sports. « Depuis ma naissance, je suis en dépression, va jusqu’à avouer Thierry Henry. La première fois que mon père m’a tenu dans ses bras, il a dit: « Ce bébé sera un très grand joueur de football ». La conséquence, c’est que j’ai été programmé pour réussir.« 

Il est aujourd’hui difficile d’imaginer une grand carrière sportive si elle ne commence pas avant l’âge de 4 ou 5 ans. Et les athlètes ont beau avoir des équipes médicales et paramédicales de plus en plus développées, la visée de ces dernières n’est pas tant de les soigner que de les rendre performants. Le sportif étant lui-même un rouage du système. Le Prix de la gloire épingle la course effrénée à la performance et au spectacle et une justice qui semble parfois s’arrêter à la porte des terrains et des salles de sport.

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