Critique | Séries/Télé

Sauve qui peut, sur la Trois: des soignants à l’école de l’empathie

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Dans Sauve qui peut, on suit des soignants dans leur apprentissage de la communication. © Alexe Poukine
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Titre - Sauve qui peut

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Alexe Poukine

Quand et où - Lundi 8 juillet 2024 à 23h10 sur la Trois

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

En Suisse, des ateliers apprennent aux soignants à bien communiquer avec leurs patients. Une école de l’empathie et de l’écoute à découvrir dans le documentaire Sauve qui peut.

« Le rôle du médecin, ce n’est pas de faire plaisir. De dire aux gens qu’ils vont bien. Parce que des fois, il faut leur annoncer des cancers. Des fois, on doit leur annoncer un HIV. Notre rôle c’est d’être empathique. D’accompagner. Mais de dire quand ça ne va pas. » Dans un centre de formation, de vrais soignants et de faux patients simulent des consultations médicales. Des annonces qui mettent en jeu le rapport aux soins et à la mort. Certains sourient au mauvais moment. D’autres ont peur d’interroger une vieille dame sur sa vie sexuelle…

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La situation peut sembler incongrue. On est en Suisse où on recourt au théâtre pour l’écolage et le suivi d’étudiants et de professionnels en médecine. Pour mettre en scène le récit d’Ada, victime de viol, dans son documentaire Sans frapper, Alexe Poukine avait décidé de faire dire à d’autres les mots écrits par la jeune femme pour raconter son histoire. C’est à nouveau un processus de distanciation que la réalisatrice met ici en lumière. À travers ces ateliers pas comme les autres, la cinéaste signe une ode au pouvoir de l’écoute, de la parole et de l’empathie. Dans Sauve qui peut, on ne questionne pas seulement les annonces difficiles et l’investissement auprès des patients. Le rapport aux malades et à leurs familles. On travaille aussi à déconstruire les préjugés susceptibles de nuire à la justesse de l’analyse médicale, à combattre le présumé pour gagner du temps et soigner les gens. Poukine suit ces mises en scène qui confrontent à des situations délicates (un patient dragueur, un collègue avec une tête de lard…) mais dit aussi le désarroi de ceux qui travaillent déjà. La souffrance des professionnels de la santé soumis au libéralisme et à ses exigences. Sauve qui peut se distingue par l’originalité de son sujet alors que se sont succédé ces dernières années (a fortiori depuis la pandémie) les films sur le milieu hospitalier. La communication pour pratiquer son métier avec humanité dans un système oppressant.

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