Rentrée culturelle: les séries les plus attendues sur les plateformes
La grève des scénaristes à Hollywood a retardé quelques sorties attendues sur les plateformes. La rentrée ne manquera cependant pas de nouvelles séries ou saisons.
Gen V
À partir du 29/09 sur Prime Video
Eric Kripke, créateur de The Boys, a été clair: sa saison 4 (déjà en boîte) ne sera pas diffusée tant que durera la grève à Hollywood. En revanche, sa spin off Gen V proposera bel et bien son univers gore gorgé de super-héros dopés aux méthodes fascisantes. Au menu, des justiciers en herbe apprennent à maîtriser leurs aptitudes surnaturelles au sein de la Godolkin University School of Crimefighting, gérée par Vought International. Dans cette pépinière, des combats en mode “battle royale” alternent avec des thématiques adolescentes, le tout nappé d’action sanguinolente, au diapason de pouvoirs insolites. De quoi concurrencer la deuxième saison de Loki (06/10) sur Disney+ et la nouvelle recrue Echo, super-héroïne amérindienne atteinte de surdité (29/11), déjà aperçue dans Hawkeye.
Sous contrôle
À partir du 05/10 sur Arte.tv
Léa Drucker est irrésistible en directrice d’ONG humanitaire intraitable, soudainement propulsée ministre des Affaires étrangères. Dans les coulisses de la diplomatie et de la realpolitik, la série primée cette année à Séries Mania égraine des situations critiques qu’elle traite avec un remarquable sens comique. Écrite par le romancier belge Charly Delwart, Sous contrôle est pleine d’aplomb, de rythme, d’impertinence, et bénéficie d’un casting (Laurent Stocker, Samir Guesmi) follement réjouissant.
Lessons in Chemistry
Le 13/10 sur Apple TV+
Brie Larson quitte son costume de Captain Marvel pour celui d’Elizabeth Zott, chimiste en herbe dans les années 60 dont la vocation va être fauchée par la société patriarcale et ses abus en milieu professionnel. Elle se tourne vers la présentation d’une émission de cuisine, qu’elle transformera contre toute attente en tribune à l’attention des femmes et -mais oui- des hommes à déconstruire. Adaptée d’un roman de Bonnie Garmus, la série est conduite par Lee Eisenberg (Wecrashed, The Office).
Sugar
En octobre sur Apple TV+
Apple TV+ aime décidément cultiver le mystère autant que les attentes (la plateforme reste encore très indécise sur la sortie de son blockbuster Spielberg/Hanks Masters of the Air). Très peu d’éléments ont donc filtré sur cette série qui signe le retour de Colin Farrell après sa prestation remarquable dans True Detective. Annoncée comme un renouveau trippant du genre détective privé noyé dans un L.A. pourri jusqu’à l’os, elle est signée par Mark Protosevitch, le scénariste de I Am Legend, Thor et Old Boy.
Reservation Dogs (saison 3)
En octobre sur Disney+
La comédie amérindienne qui restaure l’esprit pionnier du ciné indépendant revient sur Disney+ en Belgique, pour une troisième saison qui a déjà conquis l’Amérique. Entre humour désinvolte, spiritualité en déshérence et lucidité ravageuse, Reservation Dogs poursuit sa mission de transmission. Perdus en Californie, loin de l’Oklahoma, les Rez Dogs enchaînent les galères et les épiphanies passagères, dans une quête poignante et déroutante des origines troubles et des horizons encore beaucoup trop lointains.
Netflix et le bouchon américain
De toutes les plateformes, Netflix est sans doute la plus impactée par la grève des scénaristes, des actrices et des acteurs qui paralyse l’industrie hollywoodienne depuis de longues semaines. Car elle compte beaucoup sur ses blockbusters transatlantiques pour drainer les foules, malgré un marché géographiquement éclaté. Alors que les prochaines livraisons de Stranger Things et Cobrai Kai sont coincées dans les embouteillages d’écriture, de tournage ou de post-production, Netflix se tourne donc vers ses créations européennes, entre autres, pour garnir sa rentrée. Qu’on se console, il y a de quoi se réjouir avec El cuerpo en llamas, série espagnole brûlante menée par Úrsula Corberó (La Casa de Papel). Et surtout, l’arrivée de l’ultime saison de la britannique Sex Education (21/09, photo), dont on espère qu’elle boucle avec autant de dignité que d’irrévérence et de jouissance une relation intime avec son public, tenue en haute estime. Cruels et émouvants seront les adieux avec Otis et Jean Milburn, Maeve, Eric et toute la cohorte d’aficionados de l’éducation sentimentale et sexuelle. Les retrouvailles avec Lupin et Omar Sy pour une troisième saison sont aussi programmées (05/10), dans l’espoir que le scénario sorte un peu de son bourbier, tout en préservant ce qui fait le sel de cette modernisation du personnage au monocle de Maurice Leblanc: une série en forme de croche-pied aux clichés racistes. En parlant de cliché, l’histrion Bernard Tapie, décédé en 2021, fait l’objet d’une série Netflix (13/09) portant son nom, Tapie, avec Laurent Lafitte dans le rôle du sulfureux homme d’affaires. Les premiers épisodes paraissent efficaces, rythmés, plongeant dans les angles morts d’une mythologie pesante à force d’être matraquée ou déconstruite à la hâte (on recommande à ce titre le documentaire Bernard Tapie, le spectacle permanent, bientôt sur France 2).
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