Notre sélection télé de ce soir: un classique du polar et les coulisses brûlantes de Rambo III
En télé ce lundi soir, Arte propose d’abord un classique de Clouzot, Le Corbeau, avant de nous inviter dans les secrets politiques et militaires du tournage de Rambo III.
Le Corbeau ****(*)
Lundi 19 août à 20h55 sur Arte.
« Où est l’ombre, où est la lumière?« Dans la foulée de L’assassin habite au 21, le futur réalisateur de Quai des Orfèvres et des Diaboliques signe, en 1943, sous l’Occupation, ce grand et vénéneux classique du cinéma français. Une petite ville de province y sombre dans la suspicion généralisée quand circulent des lettres anonymes contenant des informations diffamatoires sur un certain nombre de ses citoyens. S’inspirant d’une affaire réelle, survenue à Tulle au tournant des années 1910 et 1920, le film offre une peinture sociale particulièrement noire et grinçante, ce qui valut de graves ennuis à Henri-Georges Clouzot au sortir de la guerre. Attaqué pour son immoralité et l’image peu reluisante qu’il donne des Français, Le Corbeau est en effet interdit à la Libération. Vu par certains comme un acte de collaboration, ce pur chef-d’œuvre est fort heureusement bien vite réhabilité. Il vibre aujourd’hui à la manière d’un réquisitoire au trouble persistant contre la lâcheté et l’hypocrisie. – N.C.
Sous un soleil bleu ***(*)
Lundi 19 août à 00 h 10 sur Arte.
Documentaire de Daniel Mann.
Peu de gens le savent mais Rambo III a été tourné en Israël, dans le désert du Néguev. Alors que la guerre fait toujours rage en Afghanistan, le film met en scène le ralliement du héros, venu sauver un ami de la CIA, au combat des moudjahidines contre les troupes soviétiques. À l’époque, ces terres arides et peu accueillantes dont les Bédouins ont été chassés violemment sont régulièrement proposées à l’industrie américaine du cinéma par l’armée israélienne. Cette dernière offre d’ailleurs en option l’usage de son propre armement. « Au début, on a eu des soldats en service. Mais après, on a dû se contenter de réservistes. L’armée nous a laissés participer à des exercices. » Écrivain et cinéaste israélien résidant à Londres, Daniel Mann a eu vent de toute cette histoire alors qu’il enquêtait sur les différents tournages effectués en terres palestiniennes occupées.
« L’endroit est extrêmement rude. Les températures ont parfois atteint les 55 degrés. Et cette forme de réalisme, on ne pouvait pas l’avoir ailleurs à cause des saisons, explique Sylvester Stallone dans une interview d’époque. Il y avait aussi un contexte assez tendu. Je pense que ressentir l’instabilité m’a aidé d’une certaine façon. Je sentais que cette nervosité, cette tension, rendait tout le monde un peu à vif, en alerte. On ne pouvait pas rentrer à l’hôtel et se sentir en sécurité. Ça pouvait éclater n’importe quand. Et c’est arrivé souvent. » Selon Monsieur Muscle, il y aurait eu 91 actes terroristes quand il y était et seulement cinq d’entre eux auraient fait la une des journaux. « Il y a eu beaucoup d’incidents. Jusqu’à des mines sur les plages où nous étions.«
Dans ce documentaire aux allures d’essai, Mann raconte le tournage à travers un assistant chargé des effets spéciaux sur le film et signe une intéressante métaphore sur la colonisation de la Palestine. Questionnant le rapport entre fiction et réalité. « Cher Sylvester. J’aime vous imaginer rejoindre la lutte. Vous forceriez l’armée à se rendre. Écraseriez la police. Et libéreriez la terre« , lui envoie le réalisateur dans un de ses nombreux courriels restés sans réponse. Étonnant et passionnant. – J.B.
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