Une nouvelle plongée dans le système hospitalier français avec Hippocrate et The Eastern Gate, un thriller d’espionnage polonais à la réalisation impeccable: voici notre sélection séries.
Hippocrate (saison 3)
Disponible sur BE 1 à partir du 3 février.
De Thomas Lilti. Avec Louise Bourgoin, Bouli Lanners, Karim Leklou. 6 épisodes de 52 minutes.
La cote de Focus Vif: 3,5/5
Deux ans s’étaient écoulés entre la saison 1 et la saison 2. Il aura fallu patienter plus de trois longues années pour avoir le droit à la troisième fournée. Hippocrate, la série qui ausculte le système hospitalier français, remue à nouveau le couteau dans la plaie. Le premier épisode est suffocant. Alyson (Alice Belaïdi), désormais membre de SOS Médecins, tente de sauver la vie d’un jeune homme dans un appartement de cité. Surchargés, les secours ne peuvent pas se déplacer. Le gamin est en train de crever et son entourage de sérieusement la malmener.
On est au cœur de l’été. Le personnel manque et l’hôpital Poincaré fonctionne au ralenti. Comme tous les services de santé. Face à l’afflux constant de patients et à l’impossibilité de tous les traiter, ulcérés par le traitement qui leur est réservé, l’obligation de les renvoyer chez eux même en danger, quelques soignants décident d’enfreindre les règles.
Ancien médecin devenu scénariste et réalisateur (il a renfilé la blouse pendant quelques semaines durant la pandémie), Thomas Lilti avait fait d’Hippocrate un film (2014) avant de développer l’idée en série. Haletants, ces six nouveaux épisodes appuient là où ça fait mal. Ce qui est assez épatant avec Hippocrate, c’est à quel point des situations totalement improbables permettent d’établir un diagnostic réaliste de l’assistance publique, et aussi de refléter ce qui se passe aujourd’hui dans un tas d’autres secteurs. Un personnel sous pression constante. L’impossibilité de faire son travail correctement et humainement. Bouli Lanners et Louise Bourgoin sont, comme tout le reste du casting, impeccables dans cet Urgences à la française qui dresse un constat accablant de la réalité hospitalière. L’un ou l’autre épisode nécessitent un estomac bien accroché.
The Eastern Gate
Disponible sur HBO MAX.
De Wojciech Bockenheim. Avec Lena Gora, Karol Pochec, Leszek Lichota. 6 épisodes de 50 min.
La cote de Focus Vif: 3,5/5
En mission pour les services secrets polonais, Ewa (Lena Gora) se fait démasquer alors qu’elle est en train de mettre en place un dispositif de surveillance chez une spécialiste en recherche nucléaire. Rouée de coups, littéralement passée à tabac, la jeune femme parvient miraculeusement et sauvagement à s’échapper. L’espionne, qui a fait une fausse couche et ne pourra plus jamais avoir d’enfant, part se ressourcer et retrouver ce qui lui reste de famille dans une maison isolée en forêt. Mais elle va rapidement devoir reprendre du service. Son partenaire, lui aussi agent, a été repéré et enlevé. Il avait été envoyé à Minsk après le suicide de la consule de Pologne au Bélarus le jour des 7 ans de sa fille. Qui sont les gentils? Qui sont les méchants? Et surtout qui joue un double jeu? Ewa est chargée d’intégrer l’ambassade et de débusquer la taupe dans un monde où règnent les faux-semblants.
Thriller d’espionnage polonais tourné dans la langue de Lewandowski et dirigé par Jan P. Matuszyński (The Last Family, Varsovie 83, une affaire d’état), The Eastern Gate confirme l’internationalisation des séries télé de qualité. On est ici dans le registre HBO. Réalisation impeccable, acteurs convaincants (des comédiens polonais reconnus), scènes marquantes… Le tout avec une résonance géopolitique très actuelle. Manipulation de l’opinion publique à la clé.
Le titre de la série fait référence au corridor de Suwalki, cette bande de 65 kilomètres de frontières polonaises et lituaniennes située entre Kaliningrad à l’ouest et le Bélarus, favorable au Kremlin, à l’est. La zone revêt un enjeu stratégique majeur dans les relations internationales. Elle constitue la seule voie d’accès terrestre pour l’Union européenne aux pays Baltes et a été identifiée dès 2022 par l’Otan comme une cible potentielle de Poutine. L’an dernier, la région était décrite comme le talon d’Achille de l’Occident et l’un des coins les plus dangereux d’Europe. Toutes les cartes simulent une attaque de la Russie à cet endroit si elle venait à envahir l’est de la Baltique. Une série rythmée et haletante qui fait écho à l’histoire récente.
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