Critique | Séries/Télé

Martin Scorsese plonge dans l’œuvre des frères de cinéma Powell et Pressburger

4 / 5
Michael Powell (à gauche) et Emeric Pressburger réhabilités par Martin Scorsese © Altitude Films/Mubi
4 / 5

Titre - Made in England: The Films of Powell and Pressburger

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - David Hinton

Quand et où - Sooner

Durée - 2 h 11

Nicolas Bogaerts Journaliste

Sauvée miraculeusement de l’oubli, l’œuvre cinématographique de Michael Powell et Emeric Pressburger est réhabilitée par Martin Scorsese dans un documentaire en forme de plaidoyer érudit.

Martin Scorsese de manque pas d’enthousiasme lorsqu’il parle des films de Michael Powell et Emeric Pressburger. Réalisés dans les années 40 et 50, ils sont considérés comme des chefs-d’œuvre du cinéma britannique.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

A Canterburry Tale, Le Narcisse noir, Les Chaussons rouges ou Les Contes d’Hoffmann comptent parmi les plus emblématiques d’une filmographie qui, à en croire le réalisateur de Raging Bull et Killers of the Flower Moon, a durablement marqué sa rétine et son imaginaire cinématographique. Scorsese entend réhabiliter le duo de réalisateurs à qui leur époque n’a visiblement pas rendu justice. Il est le narrateur d’une histoire enrichie de médaillons d’archives, d’extraits de films aux plans somptueusement composés, féériques, inquiétants, expressionnistes ou subtilement évocateurs, habilement choisis pour nourrir son propos. Son but: nous convertir comme il l’a été lorsqu’il a découvert les films de Powell et Pressburger dans les années 70. Difficile de contrevenir à son injonction qui, orchestrée par le réalisateur David Hinton, se prend la forme d’un plaidoyer immersif, envoûtant, une démonstration patiemment et joyeusement construite.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Powell et Pressburger ont réussi à imposer un style unique dans l’univers cinématographique de l’après-guerre. Des films qui créent un monde visuel singulier, introspectif et poétique, capables de laisser le champ libre à l’ironie, témoins d’une liberté de ton assez surprenante pour l’époque. Même déployée dans les films de propagande des années 40, comme Colonel Blimp (1943), la griffe humaniste des deux cinéastes ne s’est pas émoussée, irritant jusqu’au Premier ministre Winston Churchill.

À partir des années 50, leur créativité débridée donne naissance à une imagerie audacieuse, capable d’onirisme ou, au contraire, de plans serrés sur les visages, trahissant les abysses émotionnels des personnages. La dynamique du tandem est également auscultée dans sa nature fusionnelle, amenant Scorsese à se demander « lequel des deux disait ‘ »coupez »? » Pourtant les différences étaient manifestes: à côté d’un Pressburger plus conceptuel et formaliste, Powell était un homme de conviction, prompt à bouger les lignes des représentations. Il est même devenu persona non grata dans les années 60 suite aux réactions suscitées par son film d’horreur satirique Peeping Tom, réalisé en solo.

Si le documentaire n’explique jamais complètement les raisons de l’oubli, son enthousiasme communicatif dans la réhabilitation est une pure ode au cinéma, à ses imagiers fougueux et intrépides.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content