Les Diables, les J.O. et Remco: l’été très sportif de la RTBF

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Euro, Tour de France, Jeux olympiques… L’été s’annonce chargé et physique sur les antennes de la RTBF. Benoît Delhauteur, chef de sa rédaction sportive, fait le point.

Tous les quatre ans, quand les planètes s’alignent et que les J.O. ont rendez-vous avec l’Euro, les amateurs de sports ne savent plus trop où donner de la tête. Qu’à cela ne tienne. En Belgique, c’est toujours sur les antennes de la RTBF que ça se passe.

© Getty Images

Pourquoi les grands rendez-vous sportifs estivaux sont toujours retransmis sur les chaines de la RTBF?

Benoît Delhauteur: Le public belge francophone est assez chanceux. Un Français qui voudrait avoir accès à notre offre sportive sur l’année 2024 devrait débourser 57 euros par mois. Un abonnement à Canal+, notamment pour la F1 et la Moto GP. Un autre à beIN Sports. Et un troisième à RMC Sport, qui diffuse l’Europa League. Certaines compétitions -ce ne sont pas les mêmes dans tous les pays- figurent sur la liste des événements d’intérêt majeur et à ce titre doivent être diffusées sur des chaînes de télévision linéaires gratuites. Nous avons une liste belge francophone dressée par un arrêté du gouvernement de la Communauté française modifié pour la dernière fois en 2013. Chez nous, tous les matchs de la Coupe du monde par exemple en font partie. Mais en France, il n’y a, je pense, que les rencontres des Bleus, le match d’ouverture, les demi-finales et la finale qui relèvent de cette catégorie. Il y a donc toujours une combinaison de diffuseurs gratuits et payants. À la RTBF, on fait tout pour garder l’offre la plus large possible dans la mesure de nos moyens. On ne peut pas se permettre de folies. On essaie de se battre pour garder un maximum de droits parce qu’on considère que le sport fait partie de nos missions. De Roland-Garros à la fin des Jeux paralympiques le 8 septembre, on va proposer plus de mille heures de direct vidéo. Auvio only compris.

Quelles sont les grandes lignes de votre couverture?

On va diffuser, sur Tipik majoritairement, les 51 matchs de l’Euro. Benjamin Deceuninck, après 20 ans sur les émissions en studio, voulait relever un autre défi et sera sur le commentaire en Allemagne. Jérémie Baise et Anne-Sophie Depauw vont le remplacer à la présentation. On aura deux magazines: Fußballclub aux alentours de 20h15 et Wunder’Bar en deuxième partie de soirée. On veut faire valoir notre expertise RTBF et en même temps rassembler. Toutes les rencontres seront commentées par un journaliste et un ou une consultante. Pour le Tour de France, on y va avec notre dispositif habituel et la particularité qu’une équipe suivra Remco Evenepoel à la trace. C’est son premier Tour. Ce sera l’une des particularités de cette Grande Boucle. Comme le fait de ne pas arriver à Paris et de se terminer sur un contre-la-montre.

Photographie Maylis Rolland / Hans Lucas.

Quid des Jeux olympiques?

Des Jeux olympiques chez nous ou presque. Paris est à 1 h 20 de train. La RTBF veut être au cœur de l’événement. On aura un studio télé et un studio radio au cœur de la Belgium House située dans les Salons Hoche, pas très loin des Champs-Élysées. On mise sur la proximité du public et des athlètes. La chaîne du live, ce sera Tipik. Mais certains grands événements porteurs pourront aussi débarquer sur La Une, où on proposera une émission tous les jours de 18h30 à 19h20. On va suivre les Belges de près. Faire vivre les coulisses. Notre priorité est de montrer un maximum de nos athlètes et de stars internationales. Il n’y a pas plus compliqué à programmer que des J.O. Tout évolue en permanence. Parfois, il faudra faire des choix. Même si Auvio nous offre des possibilités, on ne pourra évidemment pas être exhaustifs. Il faut quand même préciser qu’on n’a pas les droits sur l’intégralité des Jeux. C’est Discovery, le groupe derrière Eurosport, qui les détient pour le continent européen. On a une sous-licence qui nous permet de diffuser 220 heures. Après les J.O., il y aura encore le Tour de France féminin qui arrivera à Liège et les Jeux paralympiques. Pour le coup, on a décidé de doubler la diffusion en direct. On passe de 24 heures à Tokyo à 60 heures avec six envoyés spéciaux. Il est important de raconter les histoires inspirantes de ces parathlètes.

Quel est le rôle du divertissement dans ce traitement?

Comme notre approche à la RTBF est fortement axée sur les publics, on se pose constamment la question. Notre offre étant gratuite, on ne s’adresse pas qu’à des communautés, des niches ou des spécialistes. Il faut donc trouver un équilibre. Lors de la Coupe du monde 2022, on avait La Buvette en fin de soirée. On est très contents de la qualité du produit. On a eu beaucoup de feed-back positifs. Mais les fans de foot, il leur manquait quelque chose. On a donc fait évoluer notre proposition.

On constate une féminisation dans les sports que vous suivez mais aussi dans vos équipes.

En termes de diffusion, on s’engage à du 50-50 sur les Jeux. C’est contraignant. Mais on tient à renouveler cet engagement qu’on avait déjà posé à Tokyo. On tient aussi à mettre en avant le Tour de France féminin, dont c’est la troisième édition. On veut faire grandir les compétitions féminines. On sent qu’il se passe quelque chose. L’autre aspect, c’est la féminisation de nos antennes. Le premier critère sera toujours le talent, l’expertise, la plus-value journalistique. Je donne cours de journalisme du sport à l’UCLouvain. Entre 10 et 20 % des étudiants seulement sont des filles. Il faut susciter des vocations en féminisant nos équipes. C’est comme ça qu’on changera les mentalités.

Avec l’avènement des réseaux sociaux et de la communication directe, l’accès aux athlètes semble se compliquer pour les journalistes.

En effet. De plus en plus de sportifs suivent l’exemple du foot. Je sais ce que c’est de courir pendant trois ans derrière un Diable Rouge pour rien. Et ce modèle est en train de s’étendre. Étant donné la multiplication des médias, les sportifs, les ligues et les clubs se sont refermés peu à peu sur eux-mêmes. Miguel Tasso, qui travaille pour La Dernière Heure, a été manger chez Georges Grün le lendemain de son but qui nous envoie au Mondial en 1985. Aujourd’hui, c’est totalement improbable. Heureusement, avec la plupart des sportifs et sportives belges hors foot, on entretient encore un contact privilégié. Plus les athlètes sont renommés, plus ils vont avoir tendance à se tourner vers les grandes plateformes. Thibaut Courtois vient de sortir un documentaire en collaboration avec Prime Video. À nous de trouver les bonnes histoires auxquelles on a accès. Celles qu’on trouve inspirantes. Je reste persuadé que les médias, pas seulement publics, gardent un rôle à jouer de par leur indépendance pour dépasser la pure com.

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