Les coulisses de la production de The Mandalorian
Le production designer Andrew Jones revient pour Focus sur la conception de The Mandalorian, spin-off vintage de la saga Star Wars et tête de gondole de Disney+.
Près d’un an après son lancement aux États-Unis, The Mandalorian débarque enfin en Belgique, la série, spin-off de la saga Star Wars confié à Jon Favreau (Iron Man, The Jungle Book), constituant l’incontestable tête de gondole de Disney+, accessible depuis quelques jours sous nos latitudes. L’histoire, est-il vraiment besoin de le rappeler avec le buzz ayant précédé sa mise sur orbite, se situe cinq ans après Le Retour du Jedi et 25 ans avant Le Réveil de la Force. Elle met en scène le Mandalorian, un mystérieux chasseur de primes chargé de retrouver une créature de 50 ans, que ses pérégrinations vont conduire aux confins de la galaxie. Non sans avoir dans un premier temps rencontré un bébé Yoda tellement adorable qu’il ferait craquer jusqu’au plus blasé des téléspectateurs.
La découverte des épisodes initiaux est tout ce qu’il y a de plus prometteuse, la série renouant avec l’esprit et l’esthétique de la première trilogie, tout en déployant son imagerie de serial space western dans des décors à couper le souffle. Vintage et dernier cri à la fois, en somme, ce qui relevait de la gageure. « Nous nous inscrivons dans une ligne du temps très précise dont découle une esthétique donnée, explique Andrew Jones, production designer du projet, et responsable de son identité visuelle, que l’on interroge via Zoom. Certains points sont établis dès le départ: l’esthétique du design est très bien définie, de même que certains processus de fabrication que nous respectons. Ainsi, Josh Roth, le chef accessoiriste, quand il fabrique les « props », suit la méthode de son prédécesseur qui, pour les films originaux, combinait un objet préexistant avec d’autres éléments afin de créer une pièce unique. Cette approche permet à chaque chose de sembler à sa place dans l’univers de Star Wars. Alors que si on devait créer une arme dans Star Trek par exemple, on l’imaginerait vraisemblablement au départ de rien. Elle serait sans doute fort réussie, mais sans permettre ces associations. »
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Saut dans l’inconnu
Le procédé ne s’applique d’ailleurs pas seulement aux objets mais aussi à l’environnement général. Si la série déflore de nouvelles planètes et de nouveaux mondes tout au long des huit épisodes de sa première saison, elle revisite aussi des cadres familiers, à charge pour les designers de fondre les uns et les autres en un tout harmonieux. The Mandalorian affiche ainsi une patine à laquelle ne devraient pas rester insensibles les fans de la première heure de la saga. Au rang desquels Andrew Jones lui-même, tombé enfant dans le bain Star Wars, après en avoir vu le premier volet en compagnie de sa mère: « Pour la première fois, j’ai découvert à l’écran une représentation fidèle de ce que j’imaginais en lisant les magazines et les bouquins de science-fiction que je dévorais à l’époque. J’y ai vu toutes les possibilités ouvertes par la science-fiction« , raconte-t-il, avec une pointe d’émotion dans la voix. Avant d’ajouter, s’agissant de la volonté de s’inscrire dans la continuité des films fondateurs: « Elle a conditionné les différents aspects de la production. Le directeur de la photographie a eu pour mission de créer des plans qui soient cohérents avec le langage cinématographique des films originaux. Même dans l’hypothèse de prises virtuelles, nous voulions un résultat qui ait l’air d’avoir été tourné à l’ancienne. La cinématographie, les lumières, les décors, tous les éléments ont été conçus en ce sens, tout en veillant à ne pas donner l’impression de se retrouver dans un musée. Nous avons voulu raconter des histoires de façon à ce que les spectateurs puissent y répondre très fort, sans en être distraits par des mouvements de caméra. Je n’ai rien contre, mais ce n’était pas indiqué dans le cas présent. »
Disposition qui n’a pas empêché The Mandalorian de recourir à une technologie de pointe pour les décors soufflants dans lesquels évoluent ses protagonistes. Ce qui, confesse le production designer, a constitué le principal défi rencontré par les concepteurs de la série: « Jon Favreau y travaille depuis un certain temps déjà, mais nous n’étions pas certains que cela allait fonctionner. Nous disposions d’un plateau, un volume, ceinturé d’un mur circulaire de 6 mètres de haut composé de panneaux led de très haute résolution tout comme le plafond, leds sur lesquels on projette des images des différents environnements, comme dans une light box immersive en quelque sorte. Le rendu est parfaitement photo-réaliste et ce décor évolue en suivant le mouvement de la caméra. On a le parallax, c’est pratiquement de la réalité virtuelle. Mais au départ, nous n’étions pas certains du résultat, ça aurait pu aussi bien partir en vrille, avec un coût très élevé -filmer des gens dans un environnement immersif n’est pas bon marché. Et ça nous aurait contraints de recourir à des écrans verts, avec la perspective d’un cauchemar d’effets spéciaux. Ce saut dans l’inconnu était très risqué, mais s’est révélé fort intéressant. » Ce qui pourrait, du reste, résumer le sentiment laissé par une série-feuilleton trouvant jusque dans sa fidélité à l’imagerie de l’univers original matière à le réinventer…
The Mandalorian, série créée par Jon Favreau, avec Pedro Pascal, Gina Carano, Giancarlo Esposito. Disponible en VOD sur Disney+.
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