La sélection TV du 22 au 28 février: Alien, Nismet et les Magritte du cinéma belge

Un documentaire revient sur l’histoire de la franchise Alien. © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

A la télévision cette semaine, un documentaire sur Alien, une série française bouleversante, les Magritte cantonnés au différé et les bouillons parisiens expliqués.

Alien: terreur sur grand écran

Vendredi 28 février à 22.30 sur Arte

Documentaire d’Anne Cutaia et Sophie Peyrard.

3,5/5

En mai 1979, une vague de terreur submerge les cinémas américains. Des spectateurs quittent les salles. D’autres crient. Se cachent les yeux. S’agrippent à leurs sièges. Certains même vomissent. Voire s’évanouissent. Le responsable, c’est Alien, le huitième passager. Un film qui, entre horreur et science-fiction, a fait le pari de toucher le grand public et y parvient haut la main. Le long métrage de Ridley Scott (fraîchement récompensé à Cannes pour Les Duellistes) a coûté moins de neuf millions de dollars et en a  rapporté dix fois davantage lors de sa première année d’exploitation. Il est devenu un classique du cinéma et a aussi surtout lancé une franchise qui a envahi la pop culture. Marqué à jamais le monde des dessins animés, des jeux vidéos et même de la publicité avec son univers sombre et menaçant, une double mâchoire iconique et une héroïne qui manie le lance-flammes comme personne.

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L’histoire aujourd’hui, tout le monde la connaît. Un vaisseau se pose sur une planète inconnue. Un monstre monte à bord et décime un par un tous les membres de l’équipage. Mais le documentaire d’Anne Cutaia et Sophie Peyrard raconte sa genèse, le contexte de sa naissance et les coulisses de son tournage.

Quelques années auparavant, Les Dents de la mer a fait naître un nouveau type de film: le blockbuster. George Lucas a enfoncé le clou avec La Guerre des étoiles. Beaucoup ont compris que les films d’horreur et de science-fiction peuvent rapporter très gros. Que faire peur et choquer est vendeur.

2001: l’Odyssée de l’espace a redéfini les codes du genre. Kubrick a rendu la SF crédible et fonctionnelle. Ridley Scott fait de la fiction aux allures de documentaire et il va réussir à rendre le futur aussi vraisemblable que le passé et à dynamiter les habitudes narratives.

Nourri par des intervenants (parmi lesquels se glisse Jean-Pierre Jeunet) pas toujours de premier plan, Alien, terreur sur grand écran n’en est pas moins intéressant. Il s’épanche sur le scénariste Dan O’Bannon qui avait bossé sur Dark Star avec John Carpenter, vivait dans le noir et tapissait ses fenêtres de journaux. Fumait cigarette sur cigarette en buvant du Coca-Cola. Et souffrait de la maladie de Crohn (troubles digestifs qui ne sont pas sans lien avec la saga). Puis aussi sur l’artiste plasticien Hans Ruedi Giger qui a imaginé la créature. Et sur Sigourney Weaver qui rompt avec les clichés du genre à une époque où les femmes sont rarement des héroïnes de film. Ce programme n’est pas réservé aux fans.

Les Magritte du cinéma

Lundi 24 février à 23.05 sur TV5

Cérémonie présentée par Charline Vanhoenacker et présidée par Déborah François.

© BELGA

Coup de grisou sur le cinéma belge et son autocélébration. Cette année, la cérémonie des Magritte (qui aura pour la première fois lieu à Flagey) ne sera diffusée sur aucun des trois canaux linéaires de la RTBF. Elle devra se contenter d’auvio, la plateforme de streaming ertébéenne.

Désaffection? Certes, les Magritte n’ont jamais été les Oscars mais en 2024, à peine plus de 19.000 téléspectateurs ont suivi leur 13e retransmission en direct sur La Trois contre 43.000 l’année précédente. Pas de quoi sortir le tambour, les paillettes et les trompettes. Si le service public proposera une programmation spéciale durant la semaine avec l’une ou l’autre émission (Coup de projecteur sur le cinéma belge, Les Belges font leur cinéma) et un tas de films noir jaune rouge à (re)découvrir, c’est sur TV5 qu’il faudra se tourner pour regarder les festivités. Et ça se fera avec deux jours de différé….

Les Bouillons parisiens, une histoire de goût

Mercredi 26 février à 23.05 sur France 3

Documentaire de Jean-Baptiste Dusséaux.

3/5

© DR

Ils semblent d’un autre temps avec leurs nappes en papier, leur brouhaha permanent, leur cuisine de grand-mère et leurs prix rikiki. Détenteurs d’un folklore qui a failli disparaître dans le pays au monde où l’on passe le plus de temps à table, les bouillons parisiens sont revenus sur le devant de la scène depuis une petite dizaine d’années grâce à la reprise d’une brasserie de Pigalle par un grand groupe de restauration misant sur la nostalgie et prêt à remettre au goût du jour une cuisine populaire.

Le documentaire de Jean-Baptiste Dusséaux retrace l’histoire des restaurants (à la base une soupe qui restaure les forces) et des lieux où manger hors de chez soi pour arriver à l’apparition des bouillons (parce que c’est ce qu’on y servait essentiellement au XIXe siècle) et à leur récente renaissance. Un docu à leur image, sans fioriture et sans prétention, qui raconte leur économie, leur organisation et leur esprit. En vous souhaitant un bon appétit… 

Nismet

Jeudi 27 février à 20.55 sur Arte

Série de Philippe Faucon.

Avec Emma Boulanouar, Loubna Abidar, Théo Costa-Marini. Quatre épisodes de 45mn. Aussi disponible sur Arte.TV

4/5

Nismet (Emma Boulanouar) dans la série de Philippe Faucon, épisode 3 © Philippe Leroux

Après s’être distingué avec un film (La Désintégration, 2011) sur la radicalisation des jeunes de banlieue et avoir décroché le César du meilleur film en 2016 avec Fatima, portrait d’une mère isolée qui doit gérer une adolescente en révolte et une deuxième fille qui entame des études de médecine, Philippe Faucon marque à nouveau les esprits avec Nismet.

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Cette série en quatre épisodes raconte l’histoire d’une ado de 16 ans vivant avec sa mère (Najoua) aimante mais dépressive, et Denis, le compagnon abusif de celle-ci, qui lui pique l’argent qu’elle gagne en se prostituant, la cogne et la séquestre mais harcèle aussi physiquement la gamine jusqu’à tenter de la violer un soir où ils sont tous les deux seuls à la maison. Cette histoire tragique, c’est celle belle et bien réelle de Nismet Hrehorchuk (de son nom d’épouse). Nismet a rencontré Philippe Faucon sur le tournage d’Amin, son précédent long métrage. Et elle a demandé elle-même au réalisateur de porter son histoire à l’écran pour rendre justice à sa mère broyée par le système judiciaire et l’indifférence de la société face à sa détresse. Elle a aussi d’ailleurs écrit un livre sur le sujet qui n’a pas encore été publié.

La jeune femme a participé à l’écriture de la mini-série dans laquelle ils ont choisi d’atténuer la réalité… Elle y joue même le rôle de Brigitte, directrice de foyer. Parce qu’au-delà de dépeindre un quotidien abominable et une émancipation adolescente, cette fiction adresse un message d’espoir aux enfants de la DDASS et aux jeunes filles violentées comme elle le fut dès l’enfance.

Sacrée meilleure série au Festival de la fiction de La Rochelle en 2024, Nismet braque les projecteurs sur les violences et la domination encore exercées sur les femmes aujourd’hui mais met aussi surtout en lumière le courage et le combat. La place qu’elle a décidé de se faire dans cette société malade. Emma Boulanouar, découverte dans Ici Tout Commence, est épatante et bouleversante dans la peau de la jeune femme. A l’image de Loubna Abidar (Much Loved, A La Belle Etoile…) qui incarne sa mère et avait été en 2015 victime d’une grave agression à Casablanca pour avoir joué dans un film qui traitait de la prostitution officiellement interdite au Maroc. Elle avait alors accusé les médecins et les policiers de l’avoir envoyée promener…

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