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La sélection TV du 1er au 7 mars: Simone de Beauvoir, Douglas is cancelled, Het Nieuwsblad et Sandra Hüller
A la télévision cette semaine, un voyage aux Etats-Unis sur les traces de Simone de Beauvoir, une déconcertante série britannique et le coup d’envoi sur RTL des classiques flandriennes.
Le Deuxième Sexe: sur les traces de Simone de Beauvoir
Mercredi 5 mars à 22.35 sur Arte
Documentaire de Nathalie Masduraud et Valérie Urrea.
4/5
C’est l’histoire d’un bouquin qui a exercé un impact retentissant sur la planète. D’un plaidoyer de 1.000 pages pour l’égalité des sexes, l’indépendance des femmes et la libération des mœurs qui a suscité passion et controverses et continue de faire débat. «Il est très difficile de dire aujourd’hui ce que serait le féminisme mondial sans ce livre», note l’historienne Laure Murat.
Bien qu’écrit par une Française ce livre qui s’interroge sur la condition féminine et propose une analyse inédite des mécanismes de domination à l’œuvre dans la société patriarcale trouve ses origines en Amérique. C’est en effet aux Etats-Unis, dans ce pays dévoré par la violence et le racisme, la misère et le machisme, que Simone de Beauvoir a eu l’idée du Deuxième Sexe.
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On est en 1947 quand la romancière et philosophe commence à donner des conférences dans des universités de jeunes filles du pays sur invitation de l’ambassade de France aux Etats-Unis. Durant son expédition de quatre mois qui lui fait visiter 56 villes et arpenter 19 Etats, de Beauvoir qui dévore depuis longtemps la littérature américaine, le jazz et les westerns, va découvrir des femmes aux destins souvent invisibles, une ségrégation raciale violente et un capitalisme prédateur. Avec un œil d’entomologiste, elle observe l’attitude des jeunes filles de bonne famille, s’indigne de la soumission des femmes mariées. Et telle une reporter de guerre, note chaque jour dans son carnet ce qu’elle discerne et ressent.
Le documentaire de Nathalie Masduraud et Valérie Urrea part sur ses traces en essayant de dénicher ce qu’elle a vu, d’apercevoir ce qu’elle a choisi d’ignorer ou a librement anticipé. Rythmé par des extraits de films et des images d’archives idéalement choisies, des interviews d’historiennes, de philosophe, de politologue, de prof en sciences sociales et d’une photographe pas comme les autres, mais aussi par les propos de de Beauvoir elle-même (dits par Noémie Merlant), ce film d’une heure et demie raconte les filles qui tricotent tout en l’écoutant («sans doute une anticipation du mariage et de la maternité»), les vies mises de côté pour être une épouse et une mère de famille idéales, la violence domestique autorisée par l’Etat, les gifles et la fessée présentées comme des moyens de séduction dans le cinéma. Mais s’il décortique la bible du féminisme, ce n’est pas sans épingler sa dimension blanche et bourgeoise. «Elle compare le sort des femmes au sort des noirs. Mais elle ne s’intéresse pas au sort, au destin et à l’aliénation de la femme noire.» Et sans critiquer son chapitre «La Lesbienne» dans lequel elle flirte avec l’homophobie.
Une analyse bienvenue dans l’effrayant climat actuel vu le rétropédalage dont font l’objet les droits des femmes dans de nombreuses sociétés. Dans de nombreux états américains pour commencer…
Douglas is Cancelled
Jeudi 6 mars à 20.55 sur Arte
Série de Steven Moffat
Avec Hugh Bonneville, Karen Gillan, Ben Miles, Alex Kingston. 4 épisodes de 43 minutes.
4/5
Présentateur débonnaire aux allures de bon père de famille, Douglas Bellowes anime l’émission d’information News At Six avec sa partenaire la jeune journaliste Madeline Crow. Un tandem gagnant pour la chaîne. Du moins jusqu’à ce que cette figure culte de la télé britannique se retrouve emportée par une tempête médiatique boostée par les réseaux sociaux. Douglas prétend n’en avoir aucun souvenir mais il a lâché une blague sexiste lors du mariage de son frère et elle n’est pas passée inaperçue. L’un des invités n’a guère apprécié et l’a tweeté.
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Cette vanne apparemment de mauvais goût, personne ne la connaît. Mais les conséquences se font rapidement sentir. Tout le monde d’ailleurs lui tombe sur le dos. Sa femme qui craint les manipulations, sa fille une adolescente féministe militante et évidemment son producteur qui cherche à éteindre au plus vite l’incendie.
Maintes fois récompensé pour son travail sur Doctor Who et Sherlock (il a aussi bossé sur le Tintin de Spielberg), Steven Moffat prend toujours un malin plaisir à jouer avec les intrigues retorses et la crédulité des spectateurs. Et il fait tout sauf s’en priver avec cette mini-série (d)étonnante. Douglas Is Cancelled commence sur le ton de la satire et de l’humour gentiment décalé pour tout doucement glisser sur le terrain du drame psychologique. L’idée de la série dont Moffat est le créateur et scénariste remonte à 2017. A l’époque, il destine l’intrigue à une pièce de théâtre. Mais personne n’en veut. Le mouvement #MeToo vient juste d’exploser et les scandales commencent seulement à être révélés.
Malaisant et aujourd’hui tellement dans l’air du temps, Douglas Is Cancelled questionne la célébrité, l’humour sexiste (ou misogyne c’est selon) et le pouvoir des réseaux sociaux dans un monde où plus personne ne lit les articles. «Les gens leur préfèrent les titres et sont trop occupés sur Twitter à tirer des conclusions hâtives.» Un monde dans lequel plus personne n’a de temps pour la présomption d’innocence. Où le scandale excite et la nuance fatigue. Epatant en célébrité de la vieille école soumise à la vindicte populaire, Hugh Bonneville (Downtown Abbey, Paddington) n’est pas sans rappeler le prince Andrew pris dans les phares de l’affaire Epstein. Là où Karen Gillan (The Mirror, Les Gardiens de la galaxie…) brille de toute sa glaçante ambivalence.
Het Nieuwsblad
Samedi 1er mars à 14.30 sur RTL
Course cycliste.
Si Tadej Pogacar fera encore plus que probablement figure d’épouvantail tout au long de la saison, cette nouvelle année cycliste sera pour les Belges francophones placée sous le signe du changement. Enfin, surtout pour ceux qui regardent le vélo à la télé. La RTBF avait entrepris une action judiciaire pour contester l’attribution des Flanders Classics à RTL. Mais en décembre dernier, les tribunaux ont tranché.
N’en déplaise à Rodrigo Beenkens et à ses aficionados, le Tour des Flandres, Gand-Wevelgem, le Circuit Het Nieuwsblad, la Flèche Brabançonne, le GP de l’Escaut, la Brussels Cycling Classic, le Tour du Limbourg, À Travers la Flandre, le Tour de Suisse et l’Amstel Gold Race seront désormais diffusés sur les antennes de l’opérateur privé. Les épreuves seront présentées en alternance par Vincenzo Ciuro et Gordon de Winter. Philippe Gilbert, Frédéric Amorison, Maxime Monfort, Kevin Van Melsen et Stéphane Thirion officiant en tant que consultants.
Sandra Hüller: anatomie d’une anti-star
Vendredi 7 mars à 23.00 sur Arte
Documentaire d’Antje Harries.
3,5/5
«Le star system requiert des qualités que je n’ai pas forcément», avoue-t-elle sans sourciller. Si Sandra Hüller s’est toujours révélée très discrète, elle se fait encore plus rare depuis qu’elle a été nommée aux Oscars pour sa formidable prestation dans Anatomie d’une chute. La comédienne allemande préfère tourner des films que d’en parler. C’est ce qu’elle fait pourtant et longuement dans le documentaire d’Antje Harries. Raconter son métier, son approche, son rapport aux personnages. Des personnages qu’elle choisit souvent opaques, complexes et provocants. Visage du théâtre allemand contemporain,
Sandra Hüller a joué dans une quarantaine de longs métrages et de films pour la télévision. Elle privilégie les films d’auteur au détriment des productions grand public et le mystère qui l’entoure n’a d’égal que sa soif de liberté. Politiquement engagée, elle avait toujours refusé d’incarner une fasciste avant The Zone of Interest. Et pour jouer Courtney Love dans une pièce, elle a exigé que le metteur en scène ne présente pas la femme en victime. «Quand je sens qu’on me pousse dans une direction qui ne me convient pas, je me sens mal à l’aise et je riposte.» Le portrait somme toute classique d’une comédienne à part.
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