A la télé cette semaine: des documentaires sur Oliver Stone et Jean-Luc Godard, une nouvelle saison de Tu mourras moins bête et Inter-PSG en finale de la Ligue des champions.
Oliver Stone, l’Amérique au vitriol
Dimanche 1er juin à 23.20 sur Arte
Documentaire d’Amine Mestari.
4/5
«J’ai poussé ce pays dans ses retranchements. Je ne suis pas masochiste. Je cherche la vérité. C’est ma nature.» En 20 longs métrages et dix documentaires, Oliver Stone n’a jamais cessé de titiller la bonne conscience de son pays. De remettre en cause les récits officiels. D’interroger les systèmes en place. D’épingler les mensonges des médias et des politiciens. De questionner la manière avec laquelle l’histoire est racontée. Fils d’une Française de Paris et d’un financier de Wall Street, Oliver Stone s’est engagé volontairement dans l’armée à 20 ans. Il a servi au Vietnam. Passé quinze mois sur le front. «On a vécu comme des barbares, explique-t-il dans le documentaire d’Amine Mestari. Ça m’a changé, ça change beaucoup de garçons. Il y avait beaucoup de drogues là-bas. D’ailleurs, on fumait pendant le combat et en dehors.» De son propre aveu, la découverte de l’herbe lui a permis de rester humain. Et de poursuivre… «Au Vietnam, 20% des soldats tués ou blessés l’ont été par des tirs amis. Parfois même ceux de leurs propres unités qui tiraient à l’aveugle. Mais le Pentagone ne veut pas dire aux parents: votre fils a été tué par un autre Américain.»
Cette expérience traumatisante, le réalisateur l’a mise à profit dans son cinéma. Et pas que pour donner vie à Platoon et Né un 4 juillet. S’appuyant sur des extraits de films, les propos du principal intéressé longuement interrogé en 2024 et les interviews de spécialistes et collaborateurs, Amine Mestari (Michael Douglas: le fils prodige, Claude Sautet: Le Calme et la dissonance…) brosse le portrait d’un cinéaste excessif dans sa vie comme dans son écriture. Celui d’un réalisateur qui a eu Scorsese pour professeur (ce dernier se souvient de lui, étudiant, dans une interview d’archives). D’un homme qui connait les discours patriotiques teintés d’arrogance des politiciens. Oliver Stone assume son côté démoniaque et sa part d’ombre. Et il aimerait que ses dirigeants en fassent autant. L’Amérique au vitriol raconte l’écriture de Midnight Express qui lui a fait gagner son premier Oscar (il a aussi signé le scénario de Scarface). Son addiction à la cocaïne en arrivant à Hollywood ou encore sa déconstruction méthodique des mythes américains. De Wall Street, uppercut adressé à la machine capitaliste, à JFK qui a fait de lui un conspirationniste et un paria. Le docu évoque également ses documentaires, Tueurs nés qui a explosé la manière de raconter des histoires et Edward Snowden, le lanceur d’alertes héros de sa dernière fiction. Passionnant, intelligent et bien ficelé.
L’Histoire de Scénario
Jeudi 5 juin à 23.55 sur Arte
Documentaire de Jean-Luc Godard, Jean-Paul Battaggia, Fabrice Aragno et Nicole Brenez.
3/5
Dans la scène finale de L’Histoire de Scénario, documentaire sur un film testamentaire qui reflète sa volonté de maîtriser sa dernière narration, Jean-Luc Godard, assis sur son lit, rédige et commente ses ultimes notes. Ca se passe la veille de son suicide assisté, en Suisse, le 13 septembre 2022, à l’âge de 91 ans. Etrange objet cinématographique, ce docu d’une heure montre le cinéaste de la Nouvelle vague dans la préparation de sa dernière œuvre.
Durant l’été 2018, quelques mois après la sortie du Livre d’image, Godard a proposé à Arte un nouveau projet de film et envoyé à la chaîne franco-allemande des notes et des cahiers illustrés qu’il nomme brochures. Témoins privilégiés de ses fulgurances et de ses doutes, ses collaborateurs de longue date Jean-Paul Battaggia et Fabrice Aragno le filment, toussant plus souvent qu’à son tour, la voix fatiguée, un briquet ou un cigare constamment à la main, raconter page après page son carnet de collages, coupures de presse, peintures, photos, dessins, motifs visuels et autres mots en apesanteur. Le réalisateur n’a pas eu le temps de terminer son projet mais il en a fait un court diptyque hanté par la genèse, le déclin et la mort qui clôt ce documentaire lent, austère et déconcertant.
Inter-PSG
Samedi 31 mai à 21.00 sur RTL
Finale de la Ligue des champions.
Est-ce enfin la bonne? A deux doigts de se faire éliminer dès la phase de mini-championnat qui a entamé la nouvelle formule de la compétition, le Paris Saint-Germain affronte ce samedi 31 mai l’Inter de Milan en finale de la Ligue des champions après avoir sauvé sa tête lors d’une miraculeuse remontada contre Manchester City et successivement effacé les clubs anglais de Liverpool, Aston Villa et Arsenal.
Battu d’un petit but par le Bayern de Munich au même stade de l’épreuve au terme de la saison 2019-2020, le PSG se verrait bien couronner d’un sacre européen une saison exceptionnelle qui l’a déjà vu remporter la Ligue 1 et la Coupe de France. Mais sur la route du Qatar Sports Investments qui possède le club français depuis 2011 et a fait du trophée aux grandes oreilles son rêve ultime se dresse encore une montagne. L’Inter de Simone Inzaghi, Lautaro Martinez et Denzel Dumfries qui vient d’échouer à la deuxième place du Calcio. Show devant…
Lost Boys and Fairies
Jeudi 5 juin à 20.55 sur Arte
Série de Daf James. Avec Sion Daniel Young, Fra Fee, Elizabeth Berrington. 3 épisodes de 58 minutes.
3,5/5
«Vous avez vécu une enfance heureuse? Quand avez-vous découvert que vous étiez homosexuel? Est-ce que vous en avez souffert?» En couple depuis huit ans, Andy, qui exerce comme comptable, et Gabriel qui chante et danse au Neverland, un club queer de Cardiff, ont entrepris les démarches pour adopter une petite fille et sont soumis à l’interrogatoire des services sociaux. Tandis que le premier répond avec beaucoup de sérénité aux questions de Jackie, l’assistante en charge de leur dossier, le deuxième vit mal l’intrusion dans sa vie privée et l’introspection qui lui est imposée. Gabriel n’a d’autre choix que de se confronter au décès soudain de sa mère quand il était gosse et à sa relation compliquée avec son père extrêmement religieux. Mais aussi à la découverte de son homosexualité, aux maltraitances en milieu scolaire et à ses nombreux et divers excès. Lors d’une journée de rencontres avec des enfants adoptables, les deux hommes font la connaissance d’un gamin de sept ans au passé pour le moins compliqué.
Créée par Daf James, un artiste gallois touche-à-tout, et sacré meilleure fiction européenne en 2024 à La Rochelle, Lost Boys and Fairies raconte un parcours semé de doutes, d’espoirs et d’embûches et joue avec les genres (drame, comédie et numéros musicaux) pour questionner avec tact les défis de l’(homo)parentalité. Porté par la prestation époustouflante de Sion Daniel Young (Deceit, Slow Horses), la performance d’Elizabeth Berrington (Stella, The Syndicate) et un casting toujours juste, cette mini série pleine d’empathie détone et oscille en permanence entre le rire et les larmes. Par moments très drôle, que ce soit dans ses dialogues, ses situations ou les images mentales qui traversent ses personnages (comme cette chorégraphie surréaliste de bagarre entre parents), Lost Boys and Fairies vaut assurément le détour.
Tu mourras moins bête (saison 4)
Lundi 2 juin à 20.52 sur Arte
Série d’animation de Hélène Frien et Pierre Volto. D’après le blog et la bande dessinée de Marion Montaigne. 30 épisodes de 3 minutes.
4/5
«Cher prof, pouvez-vous nous expliquer si oui ou non la chauve-souris et le pangolin ont un rapport avec le coronavirus?» «Qui peut faire les tests pour voir si les jeux vidéo rendent violents? Les cobayes sont payés combien?» «Est-ce qu’il existe des solutions pour faire taire les bébés le temps que mon jet privé passe le contrôle technique?» «Pourquoi est-ce que l’enfer c’est encore plus les autres quand on fait les courses?»
Dix ans après son apparition, Tu mourras moins bête, la décapante sériée animée de vulgarisation scientifique basée sur le blog et la B.D. du même nom de Marion Montaigne, est de retour pour une quatrième saison. 30 épisodes inédits de trois minutes montre en main avec le professeur Moustache et son fidèle assistant Nathanael pour mieux comprendre l’homme et le monde. Diffusée quotidiennement en télé à partir du 2 juin (à 20h52), cette nouvelle livraison traite davantage de psychologie que de sexualité. Avec toujours autant d’humour trash et de référence à la pop culture. De King Kong à The Last of Us en passant par Godzilla, Luke Skywalker et Bob l’éponge…