La sélection télé du 17 au 23 mai: le drame du Heysel, Sean Penn, les paris sportifs et l’Eurovision

Heysel 1985, la finale la plus funeste et la soirée la moins glorieuse de l’histoire du foot.
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

A la télé cette semaine: un documentaire sur le drame du Heysel, un portrait de Sean Penn, une enquête sur les paris sportifs et la finale de l’Eurovision.

Heysel 1985: dans l’enfer de la foule

Vendredi 23 mai à 20.20 sur La Une

Documentaire de Christophe Hermans et Boris Tilquin.

3/5

«Je suis là pour moi, pour la famille. On est à dix. Je veux dix places. Absolument. Par tous moyens. Autrement, on va rentrer dans le stade style barbare.» Plus loin, un type a préféré quitté la file. «Je ne vais pas me faire écraser par une meute de gens enragés.»  La vente des derniers tickets pour la rencontre avait déjà suscité un fameux bordel du côté du Heysel. Suivent directement des images de mouvement de foule dans la tribune le jour de la rencontre. La finale la plus funeste et la soirée la moins glorieuse de l’histoire du foot européen. 58.000 spectateurs et 400 millions de gens devant leur télé. La rencontre du 29 mai 1985 entre Liverpool et la Juventus devait être une grande fête du football. Elle a fait 39 morts, plus de 600 blessés. Et n’aurait avec un minimum de décence jamais dû être jouée. Christophe Hermans et Boris Tilquin qui ont cosigné Merckx, portrait documentaire du Cannibale récemment sorti en salles, se penchent sur l’événement sportif le plus dramatique jamais survenu sur le sol de la petite Belgique.

Comment pareille catastrophe a-t-elle pu se produire? C’est le fil rouge d’une enquête à tous les niveaux accablante. «La catastrophe du Heysel c’est une conjonction entre la violence sociale qui s’exprime dans les stades. Une impréparation totale des responsables à la fois du stade, de l’Union belge, de la police, de la gendarmerie. Et une sorte de candeur de la part de ces responsables par rapport à ce qui peut s’y passer», résume Jean-Jacques Jespers qui présentait à l’époque le journal télévisé de la RTBF.

Le grand mérite d’Heysel 1985: dans l’enfer de la foule, c’est de replacer le match dans le contexte politique et social de son époque. D’analyser la violence des supporters anglais. Notamment à travers l’évolution d’une ville comme Liverpool qui a essuyé de plein fouet la crise économique.

«Liverpool avait compté 35.000 dockers et il n’y en avait plus que 2.000 quand on a fait notre reportage, explique le journaliste de RTS Claude Schauli. Dans le club de supporters qui comptait 12.000 membres, la moitié étaient des chômeurs.» Dans le temps, une culture de la drogue est aussi en train de s’installer et le mécontentement face à la politique de Margaret Thatcher va grandissant. L’antagonisme de ces gens face à la police aussi. Comme l’importance du football dans leur vie. Tout ça face à Turin, ville riche et aisée. «En gros la culture de la réussite face au désespoir

Un photographe de l’agence Magnum et des supporters des deux camps se souviennent. Notamment Terry Wilson qui a fait neuf mois de prison. Mais aussi le théâtral et surréaliste commissaire de police Roland Vanreusel et le capitaine de la gendarmerie. Des images de corps inertes transportés sur des barrières nadar faute de brancard et d’autres, jamais diffusées dans leur intégralité, tournées par une équipe de la RTS, montrent l’horreur. Toujours glaçant après 40 ans…

Concours Eurovision de la chanson

Samedi 17 mai à 21.00 sur La Une

© Getty Images

Sandra Kim, vainqueur en 1986 avec l’indémodable J’aime la vie, ne doit pas se faire de mouron. Elle restera encore pendant au moins un an la seule et unique lauréate belge de l’Eurovision. Comme Mustii l’an dernier, l’Ostendais Red Sebastian, pourtant classé cinquième par les bookmakers, n’est pas parvenu à se hisser en finale de la compétition.

C’est sans doute une bonne nouvelle. Tout le monde sur cette terre n’a pas encore perdu le sens de l’audition. Mais il faudra quand même un jour sérieusement s’interroger sur les chansons que la délégation belge envoie au front. Depuis l’instauration de demi-finales en 2004, elle a tout de même déjà loupé à douze reprises la qualification. En attendant, c’est reparti pour un tour de kitsch, de paillettes, de show et de démesure. Organisé à la Halle Saint-Jacques de Bâle, en Suisse, à la suite de la victoire de Nemo en 2024, le concours célébrera sa 69e édition. A vos bouchons…

Paris Perdus, enquête sur les paris sportifs

Jeudi 22 mai à 22.30 sur La Une

Documentaire d’Olivier Bailly, Florian Vallée et Marc De Coster.

3/5

© Getty Images

Ils sont devenus un véritable fléau. Une question de santé publique même. Il n’y a jamais eu autant de propositions de paris sportifs qu’aujourd’hui. Agences et points de vente ont à ce point envahi nos rues que la Belgique en dénombre 1.900 sur son territoire. Trois par commune. Et plus de la moitié des paris se font via des applications. 1,3 millions de Belges ont un compte de paris ouvert sur le net et ils misent environ trois milliards d’euros par an.

C’est bien simple. On peut jouer à tout deviner. Lors de la finale de l’Euro de foot, plus de 300 types de paris étaient possibles. Présenté par Médor, nourri par des joueurs qui racontent leur histoire, un psychologue, un sociologue, un psychiatre, le vice président de la Belgian Association of gaming operators Emmanuel Mewissen ou encore le secrétaire général de l’observatoire des jeux en France, le documentaire d’Olivier Bailly, Florian Vallée et Marc De Coster raconte l’adrénaline et la quête de sensations. La dépendance et le mensonge. Décortique ce que les autorités (et le secteur?) font pour protéger les joueurs mais aussi les blocages (reconnus par les opérateurs) des gagnants récurrents… Zoom sur une industrie nébuleuse qui a modifié notre relation au sport.

Sean Penn, l’enfant terrible de l’Amérique

Dimanche 18 mai à 22.50 sur Arte

Documentaire de France Swimberge.

3,5/5

Il a réalisé ses débuts de comédien à l’occasion d’un épisode de La Petite Maison dans la prairie que réalisait son père. A été présenté comme le nouveau James Dean après sa prestation dans Comme un chien enragé. Et a suspendu un photographe par les pieds du balcon du 9e étage d’un hôtel (ses excès de violence contre les paparazzis l’ont même envoyé derrières les barreaux).

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Belle gueule cassée du cinéma, Sean Penn a embrassé tous les grands combats de la gauche américaine. Enfant de la contre-culture sixties, Penn a toujours joué comme on part en croisade et a incarné à tour de rôles les faces les plus sombres de l’Amérique. Que ce soit le racisme, la loi du plus fort ou la peine de mort. Personnages torturés, au bord de la rupture, martyrisés… Sean Penn porte sur son visage les maux et les défaillances de la démocratie américaine.

L’intelligent portrait brossé par France Swimberge raconte l’acteur, le réalisateur et l’activiste. Un homme tout en ambivalence, marginal et profondément américain, qui surnommait Charles Bukowski papa et n’a jamais hésité à se mettre en danger. Le tout avec clairvoyance et des anecdotes aussi incroyables qu’hilarantes. Citizen Penn…

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