Critique | Séries/Télé

La sélection télé du 12 au 18 juillet: sexploitation britannique, piège nucléaire russe, Tomorrowland et improbable série d’espionnage

Sex & British Comedy - Le cinéma anglais dans tous ses ébats, un documentaire sur les films de sexploitation
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

A la télé cette semaine, un documentaire sur les films de sexploitation, une enquête sur l’énergie atomique au service de Poutine, le coup d’envoi de Tomorrowland et une série sur le ministre espion britannique John Stonehouse.

Sex & British Comedy

Mercredi 16 juillet à 22.20 sur Arte

Documentaire de Simon Sheridan.

La cote de Focus: 4/5

«Vous dites que ces films étaient faits pour la masturbation. C’est une pensée qui m’horripile. Si quelqu’un m’avait dit à l’époque que je réalisais des films destinés à cet effet, j’aurais sûrement tout arrêté. Je vous assure.» Né le 4 juillet 1939 à Brighton, Pete Walker fut pendant quasiment 20 ans l’un des principaux réalisateurs de films de sexploitation au Royaume-Uni. Après la Seconde Guerre mondiale, le cinéma anglais était avant tout synonyme de comédies sentimentales et de films de guerre patriotiques mais à la fin des années 1960, l’industrie du cinéma britannique est en crise. Les salles obscures sont transformées en salles de bingo et reléguées au second plan par la télé.  C’est en visant à hauteur de braguette qu’elles vont se renouveler. Alors que la révolution sexuelle bouscule les codes et change les mœurs, les sex comedies, légères, potaches, peu coûteuses et forcément coquines, leur serviront de porte de salut. «Adventures of a Taxi Driver a fait plus d’argent en 1976 que le Taxi Driver de Scorsese,» se plaît à raconter l’un des nombreux témoins sollicités.

Nourri par des réalisateurs, des profs de cinéma, des comédiens et comédiennes (aujourd’hui de respectables septuagénaires) qui n’ont parfois jamais vu les films dans lesquels elles ont tourné, Sex & British Comedy raconte l’histoire de ces longs métrages olé olé truffés de sous-entendus et d’allusions grivoises. Ces cinéastes intrépides et ces interprètes courageux qui ont chamboulé le cinéma et transformé à jamais notre rapport au sexe à l’écran. Une industrie aussi, avec un fonctionnement qui lui était propre.

Au début, les films qui jouent la carte du dévêtu vantent les vertus du naturisme, s’apparentent à des pseudos documentaires sur les danseuses burlesques du West End londonien et des films d’éducation sexuelle involontairement hilarants approuvés parce que dits pédagogiques. Mais sorti en 1968, School for Sex (72.000 entrées en France d’après son réalisateur Pete Walker) marque la naissance de la sexploitation.

Simon Sheridan explique comment ces films se sont inscrits dans le contexte de l’époque. L’arrivée de la pilule contraceptive et sa démocratisation. Le combat contre la censure. Les stéréotypes qu’ils véhiculaient (infirmière sexy, ménagère frustrée, blonde écervelée, serveuse à forte poitrine). Les versions hot et soft en fonction des marchés auxquels ils étaient destinés… Et les acteurs porno qui débarquaient sur les plateaux pour tourner les scènes destinées aux marchés étrangers. Parfois dans le dos des comédien(ne)s. «Des actrices pouvaient s’entendre dire: je t’ai vue dans un porno alors qu’elles n’en avaient jamais tourné.» Instructif, surréaliste et savoureux.

Nucléaire: le piège de Poutine

Mardi 15 juillet à 23.40 sur Arte

Documentaire de Johannes Bünger, Laura Schmitt et Vivien Pieper.

La cote de Focus: 3/5

«Poutine a depuis longtemps compris qu’avec le nucléaire, il pouvait assujettir des pays beaucoup plus efficacement qu’avec le gaz ou le pétrole.» Puissante agence russe de l’énergie atomique, Rosatom n’est pas que le leader mondial dans la construction de centrales nucléaires et l’enrichissement de l’uranium, c’est aussi une arme économique et géopolitique redoutable dans les mains du président russe. Avec son réseau opaque de filiales, Rosatom rend l’Europe et les pays de l’Otan dangereusement dépendants à l’égard du Kremlin.

Le documentaire de Johannes Bünger, Laura Schmitt et Vivien Pieper mène l’enquête sur trois continents. Il raconte les dessous du marché –des techniciens russes, par exemple, qui bossent dans des installations françaises sur le sol allemand– et se pose une kyrielle de questions. Comment le maître du Kremlin s’attache-t-il de nouvelles dépendances via l’énergie atomique? Qui sont les différents acteurs des accords nucléaires passés avec la Russie? Pourquoi les États de l’Union européenne, notamment la France, continuent de faire des affaires avec Moscou malgré la guerre en Ukraine? Mais aussi comment exclure les risques d’espionnage et de sabotage? Un documentaire assez technique nourri par des experts, des cadres de l’industrie et des opposants russes qui permet de mieux comprendre l’un des plus grands enjeux actuels de la planète.

Tomorrowland

Vendredi 18 juillet à 20.00 sur RTL Plug

Concerts.

C’est l’un des plus grands festivals électro au monde mais il ne sert à rien de se mentir: dégoter des tickets pour y assister tient du véritable exploit. Pas encore réussi à décrocher votre sésame pour Tomorrowland? Qu’à cela ne tienne, vous pourrez toujours vous rattraper sur RTL Plug et RTL Play.

De retour à Boom pour deux week-ends de beats, de fête et de danse (les 18, 19 et 20, puis les 25, 26 et 27 juillet), Tomorrowland  accueille entre autres cette année Martin Garrix, Amelie Lens, Bob Sinclar, Steve Aoki, Armin van Buuren, David Guetta, Charlotte de Witte… Seize scènes. Plus de 600 artistes. Des superstars de l’EDM grand public et des légendes de la techno underground… Il y en aura évidemment pour tout le monde.

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Si chaque édition du festival a son visuel unique, les clubbeurs découvriront cet été Orbyz, un monde souterrain niché sous une gigantesque calotte glaciaire nourri par une énergie rouge incandescente. Des DJ sets seront retransmis en direct les deux week-ends du festival: de 16h à 1h les vendredis et samedis, et de 16h à minuit les dimanches.

Stonehouse: député, amant et espion

Jeudi 17 juillet à 20.55 sur Arte

Une série de John Preston. Avec Matthew Macfadyen, Keeley Hawes, Emer Heatley. 3 épisodes de 50 minutes.

La cote de Focus: 3,5/5

Promu ministre britannique de l’Aviation, John Stonehouse, fils de syndicalistes et lui-même au service de la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale, se fait piéger à la sextape en Tchécoslovaquie et devient espion pour le compte des communistes. Too much? Jumping the shark pour reprendre une expression propre au monde des séries (référence à un épisode d’Happy Days dans lequel Fonzie saute au-dessus d’un requin en faisant du ski nautique)?

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Pas tant que ça puisque cette comédie dramatique rocambolesque est inspirée de faits réels. John Preston retrace sur un ton absurde so british l’histoire abracadabrante d’un espion calamiteux, d’un politicien foireux et d’un entrepreneur désastreux qui se perd dans ses mensonges et dans son infidélité jusqu’à simuler son propre décès. Auréolé d’un Golden Globe en 2024 pour son rôle dans Succession, Matthew Macfadyen emmène avec brio cette minisérie biographique, satirique et loufoque.

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