Titre - Between the Temples (Carla et moi)
Genre - Comédie dramatique
Réalisateur-trice - Nathan Silver
Quand et où - YouTube
Casting - Jason Schwartzman, Carol Kane, Madeline Weinstein
Durée - 1 h 51
Jason Schwartzman fait des merveilles en veuf déboussolé qui retrouve peu à peu le goût de vivre dans un attachant inédit disponible en VOD.
Inclassable acteur américain abonné aux films de Wes Anderson (Rushmore, The Darjeeling Limited, Moonrise Kingdom, The Grand Budapest Hotel, The French Dispatch, Asteroid City) et à ceux du clan Coppola (Marie Antoinette et A Very Murray Christmas de sa cousine Sofia, CQ de son cousin Roman, Mainstream de sa petite-cousine Gia et Megalopolis de son oncle Francis Ford), le quadragénaire californien Jason Schwartzman tient du génial Droopy aux névroses tragi-comiques. Dans Between the Temples (Carla et moi en français) de Nathan Silver, inédit passé cette année par les festivals de Sundance et Berlin et désormais disponible en VOD sur YouTube, il incarne un homme au bord de la crise de nerfs, Ben, chantre d’une synagogue new-yorkaise qui semble avoir perdu la voix et la foi suite à la disparition de sa femme, romancière alcoolique morte un an plus tôt des suites d’une stupide glissade.
Sujet à une mélancolie profonde, il est retourné vivre chez ses deux mères, qui s’inquiètent pour lui et tentent désespérément de le recaser. Un soir, après s’être fait casser la gueule dans un bar, il retombe par hasard sur son ancienne prof de musique, Carla (irrésistible Carol Kane, vue à l’époque dans le Annie Hall de Woody Allen et plus récemment en logeuse allergique à la gentrification dans la série Unbreakable Kimmy Schmidt). Au contact de celle-ci, Ben va peu à peu retrouver le goût de vivre, tissant avec elle une relation intergénérationnelle peu orthodoxe qui défie les conventions…
Comédie dramatique empreinte d’une fantaisie douce-amère, Between the Temples est un film qui se noue autour des mots, qui dévalent en cascades névrotiques dans des scènes -de repas, notamment- brillamment dialoguées. Tourné en pellicule 16mm avec un budget dérisoire, le neuvième long métrage du très indépendant et prolifique Nathan Silver (Thirst Street, The Great Pretender) explore à travers eux les nombreuses facettes de la judéité et des souvent douloureuses réalités de l’expérience humaine. Granuleuse à souhait, la photo du film, dont la thématique rappelle inévitablement en échos lointains le classique seventies Harold and Maude d’Hal Ashby, est confiée au trublion Sean Price Williams, réalisateur notamment du récent The Sweet East, qui fait pour l’occasion un usage étonnant du zoom et du dézoom. En résulte un objet à la singulière liberté qui refuse les gags et les petites leçons faciles pour tendre vers un anticonformisme humble et réparateur. Jason Schwartzman et Carol Kane y font preuve d’une implication chaleureuse et sincère dans des scènes où le rapport prof-élève s’inverse avec bonheur. L’alchimie qui unit leurs personnages fissurés scelle déjà à elle seule la réussite du film.
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