Un trio improbable en mission d’infiltration dans Deep Cover, le retour du Predator ou une comédie romantique à l’anglaise mais française: 3 films à voir en VOD.
Deep Cover
Disponible sur PRIME VIDEO
Comédie policière de Tom Kingsley. Avec Bryce Dallas Howard, Orlando Bloom, Nick Mohammed. 1h49.
La cote de Focus: 3/5
Kat, actrice américaine sur le retour, donne des cours d’impro à Londres. Quand un flic lui propose une improbable mission (infiltrer un gang de revendeurs de cigarettes de contrebande grâce à ses talents d’impro), elle n’hésite pas longtemps et entraîne deux de ses élèves, Marlon, aka le Chevalier Pizza dont la carrière se résume à quelques pubs, et Hugh, employé de banque prêt à tout pour se faire des amis. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Partis acheter un paquet de clopes, ils se retrouvent embringués dans un dangereux trafic de drogues.
Deep Cover est drôle, rythmé, et les comédiens s’en donnent à cœur joie, bien aidés par des personnages savamment caractérisés, la quarantenaire intrépide, l’acteur «Studio» et le gars de l’informatique gentiment dépassé par les événements. Un solide film de plateforme qui sent la franchise à plein nez, et pour une fois ce n’est peut-être pas une si mauvaise nouvelle, tant on voit bien ce trio remettre le couvert pour infiltrer un nouveau nid de guêpes.
A.E.
Predator: Killer of Killers
Disponible sur DISNEY+
Film d’animation de Dan Trachtenberg. Avec Lindsay LaVanchy, Rick Gonzalez, Michael Biehn. 1h24. La cote de Focus: 2,5/5
En 2022 sortait Prey, un «survival» qui relançait astucieusement la machine Predator en situant l’intrigue chez les natifs américains, au XIXe siècle. Avec cette petite réussite, le cinéaste Dan Trachtenberg montrait que le Predator n’était pas mort et qu’il était encore possible d’en tirer quelque chose, à condition d’oser explorer d’autres horizons. Prolongeant dans cette même direction, Predator: Killer of Killers propose trois histoires réparties sur trois époques, le tout réalisé dans une animation 3D qui lorgne clairement du côté des films Spider-verse, la démesure en moins. Puisant dans les possibilités illimitées de l’image animée, Dan Trachtenberg et Josh Wassung proposent un voyage spatio-temporel barbare et stylisé, où le Predator se castagne avec des vikings, des samouraïs, et même des soldats de la Seconde Guerre mondiale. L’occasion de voir la créature dans des situations assez nouvelles et parfois galvanisantes –à ce titre, le segment aérien s’avère plus inspiré, dévoilant un tout nouveau territoire de chasse pour l’alien.
Malheureusement, Killer of Killers n’a pas grand-chose d’autre à offrir qu’un fantasme geek et badass. Répétant schématiquement le même canevas pendant une heure, avant de fermer le rideau lors d’un final raccrochant platement les wagons avec l’univers étendu, le film évoque davantage un jeu vidéo ou un long épisode de Love, Death and Robots qu’un nouvel opus d’une prestigieuse saga. Sans personnages ni vrais enjeux dramatiques, difficile de voir autre chose dans ce projet qu’un «contenu», soigné mais creux, dont l’unique objectif est de donner au public sa ration de Predator avant la sortie en octobre du prochain Badlands. En espérant que Trachtenberg, désormais seul maître à bord de la saga, se montrera plus inspiré.
J.D.P.
Jane Austen a gâché ma vie
Disponible sur PROXIMUS PICKX
Comédie romantique de Laura Piani. Avec Camille Rutherford, Charlie Anson, Pablo Pauly. 1h34.
La cote de Focus: 2/5
Agathe mène une vie comme étouffée par la couche de poussière qu’elle n’arrive pas à épousseter, faite d’un peu de trauma familial, de deuil lancinant, de phobie handicapante, et surtout, d’une sorte d’incompatibilité ontologique avec son époque. Libraire et aspirante romancière, elle vit avec sa sœur et son neveu, et travaille dans le saint des saints de toute aficionado de littérature anglo-saxonne qui se respecte, la délicieusement désuète librairie parisienne Shakespeare & Company. Alors qu’elle semble résignée à se satisfaire d’une vie solitaire plutôt que de s’adonner à la comédie du sexe ubérisé, elle décroche par l’entremise de son collègue et meilleur ami pour lequel elle nourrit des sentiments ambigus une place à la résidence d’auteurs Jane Austen, aux sources même de l’œuvre qui régit sa vie comme son écriture. Une fois propulsée dans ce manoir où plane le fantôme de son idole, et accessoirement le corps bien réel de son arrière-arrière-arrière petit-neveu, Agathe n’aura plus d’autre choix que de solder les comptes de ses héritages familiaux, artistiques et amoureux.
Sur le papier, les intentions de Laura Piani sont limpides et séduisantes: revisiter la comédie romantique à l’anglaise, de Quatre mariages et un enterrement à Bridget Jones, en passant par Coup de foudre à Notting Hill, jusque dans son choix de caster un acteur anglais sosie non officiel de Hugh Grant. Le récit est mené par une héroïne qui résiste vainement à sa sentimentalité, recourant volontiers à l’absurde, ne reculant devant aucun quiproquo, le tout servi par l’intrigante comédienne franco-britannique Camille Rutherford, que l’on rêvait de voir dans un premier rôle. Sur le papier donc on adore, à l’écran malheureusement, on reste circonspect face à une mise en scène assez éteinte et un rythme trop inégal.
A.E.