The Assessment, où une évaluatrice incarnée par Alicia Vikander doit tester des candidats à la procréation, ou un blockbuster de plateforme signé par Guy Ritchie: que voir (ou plutôt pas) en VOD.
The Assessment
Disponible sur PRIME VIDEO
Thriller dystopique de Fleur Fortuné. Avec Elizabeth Olsen, Alicia Vikander, Himesh Patel. 1h54.
La cote de Focus: 3,5/5
Dans un futur plus ou moins lointain, la partie rescapée de l’humanité vit sous un dôme, protégée de l’atmosphère radioactive qui s’est abattue sur l’Ancien Monde, le bas peuple étant relégué à l’extérieur. Mia (Elizabeth Olsen) et Aaryan (Himesh Patel), scientifiques reconnus, mènent une vie faite de luxe, de calme et de volupté dans monde vidé de sa population, où tout est sous contrôle, à commencer par la température… et les naissances. De fait, le couple doit passer une évaluation avant de pouvoir se lancer dans un processus de procréation ex-utero. Une inspectrice (incarnée par Alicia Vikander) s’installe chez eux pour une semaine, afin d’étudier leur vie. Entièrement dévouée à sa tâche, elle compte bien tester sans relâche les limites du jeune couple, incarnant l’enfant qu’ils auront peut-être un jour pour mieux anticiper leur aptitude à la parentalité. Cette épreuve aux confins de l’absurde va pousser Mia et Aaryan dans leurs retranchements, en faisant ressortir les traumas enfouis. Si leur demande était acceptée, que seraient-ils prêts à se pardonner?
Cet élégant thriller psychologique de Fleur Fortuné est sis dans un monde postapocalyptique où l’autoritarisme vire à l’eugénisme. Sans que ce soit au cœur de son dispositif hautement conceptuel, The Assessment pose quelques questions vibrantes sur le prix que l’humanité serait prête à payer pour sa survie: toujours plus d’exclusion, d’inégalités et d’ingérence dans la vie privée. La direction artistique raffinée ajoute au surréalisme d’une situation où le nouvel ordre en place semble avoir poli jusqu’aux sentiments. Mais Mia et Aaryan sont touchés dans leur désir d’enfant, ultime point de fragilité, et la carapace va peu à peu se fissurer, au diapason de celle de leur inspectrice, dangereusement investie dans le jeu de rôle. Une dystopie aussi inquiétante que divertissante.
A.E.
Fountain of Youth
Disponible sur APPLE TV+
Film d’aventure de Guy Ritchie. Avec John Krasinski, Natalie Portman, Domhnall Gleeson. 2h05.
La cote de Focus: 2,5/5
Que reste-t-il du style Guy Ritchie? Auparavant considéré comme un héritier survolté et so british de Quentin Tarantino, avec ses comédies de gangsters violentes et alambiquées comme Arnaques, crimes et botanique et Snatch, le cinéaste a ensuite connu une carrière hollywoodienne en dents de scie, où son style si caractéristique –qu’on l’aime ou pas– s’est dilué dans des projets douteux. Après quelques grosses productions et son lot de déconvenues –dont l’horrible Roi Arthur en 2017– le réalisateur britannique semble avoir revu ses ambitions à la baisse, offrant désormais ses services à des plateformes de VOD pour des films oubliables (Opération Fortune, Le Ministère de la Sale Guerre). Oubliable, voilà un qualificatif qui sied hélas également à ce Fountain of Youth.
Scénarisé par James Vanderbilt (Zodiac mais aussi The Amazing Spider-man et Bienvenue dans la jungle), le film raconte comment Luke Purdue (John Krasinski), cambrioleur et chasseur de trésors, renoue avec sa sœur Charlotte (Natalie Portman), alors qu’il part en quête de la célèbre Fontaine de jouvence, convoitée par un mystérieux milliardaire (Domhnall Gleeson). Un programme résolument old school, qui tente de remettre au goût du jour le flegme des films d’aventure d’antan, avec péripéties aux quatre coins du monde, artefacts mythologiques détenant de grands pouvoirs et résolution d’énigmes. La formule fonctionne un temps, notamment grâce aux séances de ping-pong verbales entre John Krasinski et Natalie Portman, dont l’alchimie est indéniable. Malheureusement, le blockbuster ne s’envole jamais vraiment, condamné à n’être qu’un pâle ersatz de ses glorieuses inspirations. Même si la patte esthétisante de Guy Ritchie réveille quelques scènes, Fountain of Youth n’a ni l’inventivité d’Indiana Jones ni la démesure des jeux vidéo Uncharted et encore moins l’effroi de La Momie. Générique mais jamais antipathique, le film s’impose en réalité comme le parfait blockbuster de plateforme: assez divertissant pour qu’on le regarde jusqu’au bout, pas assez stimulant pour qu’on regrette son absence dans les salles.
J.D.P.