Dans It Must Be Heaven, le réalisateur en exil Elia Suleiman ausculte le monde et ses obsessions.
« Le monde entier boit pour oublier et vous, Palestiniens, êtes les seuls à boire pour vous souvenir. » Empreint de poésie burlesque, le cinéma du Palestinien en exil Elia Suleiman résonne forcément d’une vibration toute particulière dans le contexte actuel. Dans It Must Be Heaven, son dernier film en date, il promène à travers le monde sa silhouette muette et impassible, qui doit autant à Jacques Tati qu’à Buster Keaton, pour mieux questionner ses racines et son identité. Obsessions sécuritaires, fantasmes aseptisés, inégalités sociales, stéréotypes éculés… Dans ce voyage en absurdie, Suleiman use d’une économie absolue de moyens afin d’épingler en une suite de tableaux inspirés, comme autant de saynètes vignettisantes, la marche claudicante de la planète. Fuyant la Palestine à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil, il réalise que son pays d’origine le suit comme une ombre, et qu’une semblable comédie humaine se joue et se rejoue aux quatre coins du globe. Drôle, tendre et cruel à la fois.
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