Critique | Séries/Télé

Ce soir sur Be 1: le dating en tant que passage de l’adolescence à l’âge adulte

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Ida (Gina Bernhoft Gørvell ) est soudainement projetée dans le dating de l’âge adulte. © maipofilm
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Titre - Dates in Real Life

Genre - Série

Réalisateur-trice - Jakob Rørvik

Quand et où - Jeudi 14 novembre à 20 h 30 sur Be 1

Casting - Gina Bernhoft Gørvell, Jacques Colimon, Mathias Luppichini

Nicolas Bogaerts Journaliste

Prix de la meilleure série du Panorama international 2024 lors du dernier festival Series Mania, à Lille, Dates in Real Life est une pépite narrative, visuelle et sonore sur le dating.

Avide consommatrice de jeux et de forums en ligne, geek qui n’en porterait pourtant pas l’étiquette ni l’appellation contrôlée, la jeune Ida, loin d’être dans le dating, fait défiler les heures et les nuits devant son écran d’ordinateur. C’est là, dans l’interstice abyssal et mondial du réseau, qu’elle a rencontré Marvin, un garçon américain, vivant forcément à des milliers de kilomètres. Dans le confort sécurisant de la distance, les deux timides se sont plu. Ils se le sont dit et l’ont declaré à la face du Web. Ils se sont inventé des aventures et des souvenirs dans les espaces virtuels de la réalité augmentée et se sont immergés dans une relation de loin en loin sans que jamais le besoin de se voir IRL ne vienne briser le charme.

Du virtuel à l’IRL. © maipofilm

Jusqu’au jour où Marvin annonce à Ida qu’il a une nouvelle petite amie, une vraie, en chair et en os, dans son existence réelle à lui. Le rideau tombe et l’hideuse réalité d’Ida, sa solitude, son introversion lui sautent à la gorge. En attendant de retrouver Marvin, elle se convainc de rencontrer un homme pour de vrai, à son tour, et entre dans le marché impitoyable du dating. En sept épisodes de 28 minutes, l’épopée d’Ida, de rencontres en déconvenues, raconte énormément de l’époque et de son sens de l’attachement.

Dates in Real Life a beau, de prime abord, avoir la saveur d’un bonbon acidulé, elle n’est pas aussi inoffensive que sa petite musique rétrofuturiste et nostalgique le laisse entendre. Récit d’un passage à l’âge adulte non programmé, la quête d’Ida pour tenter de percer la bulle artificielle de sa persona construite en ligne multiplie les œillades appuyées vers des questions à la fois vieilles comme le langage Basic et tout à fait contemporaines. Résilience, métamorphose, confrontation au réel, au désir au sentiment amoureux, au risque des violences et de la désillusion, mais aussi des expériences joyeuses, de la fragilité et du courage: Dates in Real Life file tout cela dans une proposition formelle qui peut surprendre à tout moment, se déclinant en rhizomes, comme un écho aux metaverses où Ida ancre ses avatars. Gina Bernhoft Gørvell est touchante de sincérité et d’anomalies -qui n’en sont pas vraiment- dans le rôle de cette jeune fille qui fait le long trajet de l’amour et du respect de soi. Derrière le minimalisme apparent et trompeur de la série se révèle une de ces fables grandeur nature dont nous avons besoin.

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